Ce qui distingue encore plus particuliérement l’école des femmes, & dont l’antiquité ni les théatres modernes n’ont donné aucun modéle, c’est que tout paroît récit & tout est en action ; chaque récit, par sa proximité avec l’incident qui y a donné lieu, le retrace si vivement, que le spectateur croit en être le témoin ; & par un avantage singulier que le récit a sur l’action dans cette piéce, en apprenant le fait, on jouit en même tems de l’effet qu’il produit, parce que la personne qui a intérêt d’être instruite, apprend tout de celle qui a le plus d’intérêt à le lui cacher. […] On fut forcé de convenir qu’une prose élégante pouvoit peindre vivement les actions des hommes dans la vie civile ; & que la contrainte de la versification, qui ajoûte quelquefois aux idées, par les tours heureux qu’elle donne occasion d’employer, pouvoit quelquefois aussi faire perdre une partie de cette chaleur & de cette vie, qui naît de la liberté du stile ordinaire. […] C’est à cet esprit de réfléxion, prêt à s’exercer sur tout ce qui se passoit sous ses yeux, c’est à l’attention extrême qu’il apportoit à examiner les hommes, & au discernement exquis avec lequel il sçavoit démêler les principes de leurs actions, que ce grand homme a dû la connoissance parfaite du cœur humain.