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201. (1910) Rousseau contre Molière

Il le voit, dans la pièce qu’il rêve, non seulement avec des maximes de fripon, mais avec un caractère et la conduite d’un pleutre : « Au risque de faire rire aussi le public à mes dépens, j’ose accuser l’auteur d’avoir manqué de très grandes convenances, une très grande vérité et peut-être de nouvelles beautés de situation ; c’était de faire un tel changement à son plan que Philinte entrât comme acteur nécessaire dans le nœud de la pièce, en sorte qu’on pût mettre les actions de Philinte et d’Alceste dans une apparente opposition avec leurs principes et dans une conformité parfaite avec leurs caractères. […] Le mort, s’étant avisé de renaître, au grand déplaisir de son cher neveu et ne voulant pas ratifier ce qui a été fait en son nom, on trouve le moyen d’arracher son consentement de force, et tout se termine au gré des acteurs et des spectateurs, qui, s’intéressant malgré eux à ces misérables, sortent de la pièce avec cet édifiant souvenir d’avoir été dans le fond de leur cœur complices des crimes qu’ils ont vu commettre. […] « Entre tant de moyens qu’il y a de provoquer le rire, si Molière savait trop bien son triple métier d’auteur, d’acteur et de directeur pour en avoir dédaigné aucun sans en excepter les plus vulgaires, il y en a pourtant un qu’il préfère, et, ce moyen, c’est celui qui consiste à nous égayer aux dépens des conventions et des préjugés vaincus par la toute-puissance de la nature. » Où voit-on cela ?

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