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119. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Vous vous faites honneur d’être un franc libertin : Vous tenez votre gloire à tenir bien du vin ; Et lorsque, tout fumant d’une vineuse haleine, Sur vos pieds chancelants vous vous tenez à peine, Sur un théâtre alors vous venez vous montrer : Là, parmi vos pareils on vous voit folâtrer : Vous allez vous baiser comme des demoiselles ; Et, pour vous faire voir, jusques sur les chandelles Poussant l’un, heurtant l’autre, & comptant vos exploits, Plus haut que les acteurs vous élevez la voix ; Et tout Paris, témoin de vos traits de folie, Rit plus cent fois de vous que de la comédie. […] Je dis que nous devons les traiter lestement, & résister nous-mêmes à la mode aussi facile que ridicule de faire de ces pieces remplies de portraits & vuides d’action, dans lesquelles on peint jusqu’à la coeffure de chaque actrice, & jusqu’aux couleurs qui nuancent les fleurs de sa robe. […] Les mauvais acteurs enrageroient, les bons y gagneroient ; & le public, moins corrompu, seroit en état de rendre aux uns & aux autres la justice qu’ils méritent. […] L’infidélité de l’actrice donna lieu à ces quatre vers : A la plus tendre ardeur elle fut consacrée, Qui prit assez long-temps racine dans son cœur :  Mais, par un grand malheur, Le tonnerre est venu, qui l’a déracinée.

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