Molière, dans l’avertissement mis en tête de la première édition de ses Fâcheux, assure que cette comédie a été conçue, faite, apprise et représentée en quinze jours, et il rejette adroitement les fautes qui peuvent s’y trouver sur le peu de temps qu’on lui accorda pour cette composition, la pièce ayant été commandée par le roi à l’occasion des fêtes que le surintendant Fouquet donna, à la veille de sa disgrâce, dans son château de Vaux, au superbe Louis XIV. […] Montfleury, dans sa propre pièce de la Femme Juge et Partie, fournit la preuve que la bienséance est quelquefois violée par la comédie ; mais tous les bons esprits accordent à la comédie certaines licences qui sont légitimées par sa vieille devise : Castigat ridendo mores. […] Oui, cette passion, de toutes la plus belle, Traîne dans un esprit cent vertus après elle… C’était ainsi que Molière reconnaissait la protection que le roi lui accordait contre ses ennemis. […] Il avait toute l’imagination désirable pour attacher les esprits mobiles des Grecs ; mais cette haute raison, cette science du cœur, cet ordre heureux qui consacrent les productions de Molière, il ne les avait pas au même degré, et ces qualités s’accordent merveilleusement avec le génie de notre nation.