On a lu dans vingt écrits, entre autres dans ceux de Voltaire, que Molière, recevant la défense au moment même où allait commencer la seconde représentation, dit aux nombreux spectateurs qu’elle avait attirés : Messieurs, nous allions vous donner Le Tartuffe ; mais monsieur le premier président ne veut pas qu’on le joue. […] Voltaire rapporte, en deux endroits de ses œuvres, une aventure tirée des livres sacrés des Brames, laquelle ressemble parfaitement à celle du général thébain. […] Les auteurs si exacts de l’Histoire du Théâtre-Français n’osent l’assurer ; mais Voltaire l’affirme, et il prétend même que La Critique du Tartuffe était donnée, sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, à la suite de La Femme juge et partie, comédie de Montfleury, dont le succès, dit-il, balançait celui du Tartuffe. Dans tous ces petits détails d’histoire littéraire, Voltaire est, en général, d’une grande inexactitude ; et ici même il en donne la preuve, en qualifiant de prologue de La Critique du Tartuffe, une simple épître en vers adressée à l’auteur de cette satire ; l’épître, sans être bonne, est moins méprisable que la Critique ; et l’on serait tenté d’y reconnaître la main qui rima le fameux sonnet contre la Phèdre de Racine. […] Voltaire a dit, et l’on a souvent répété d’après lui, que madame Dacier avait fait une dissertation pour prouver que l’Amphitryon de Plaute était fort au-dessus de celui de Molière, mais qu’ayant entendu dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.