C’est un détail curieux dans sa vie, en ce qu’il explique un des cotés joyeux de son talent et nous apprend comment cet homme, que la délicatesse de sa santé réduisit pendant longtemps au régime du laitage, put toutefois mettre tant de verve dans le rôle de Sganarelle, l’ivrogne fagottier, et surtout dans la chanson qu’il lui fait chanter : Qu’ils sont doux ! […] Il n’est ici désigné, ni par le sobriquet de Mascarille, ni par celui de Sganarelle, qui furent ses deux noms de farce, comme on sait ; il ne porte ni la mandille de l’un, ni le large pourpoint de l’autre ; il est nommé Molière, et il est vêtu comme il devait l’être à la ville, au temps de sa jeunesse. […] De zanni, il fit le joli diminutif zannarello, qui, prononcé à la française, devint Sganarelle. […] Jusqu’alors il ne s’était, pour ainsi dire, pas dégagé du comique d’imbroglio, qui anime L’Etourdi et le Dépit amoureux, ni de celui de la farce, qui met si gaiement son entrain dans les Précieuses et dans Sganarelle. […] Ayant à écrire en un acte sa bouffonnerie de Sganarelle, il la mit bravement en alexandrins.