/ 112
60. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Ce n’est pas, comme dans Sganarelle, un amas d’incidents arrangés sans vraisemblance pour produire des méprises sans effet; c’est une pièce parfaitement intriguée, où le jaloux est dupé sans être un sot, où la finesse réussit parce qu’elle ressemble à la bonne foi, et où celui qu’on trompe n’est jamais plus heureux que lorsqu’il est trompé. […] Il est vrai que ses louanges n’étaient pas toujours flatteuses, par exemple, lorsqu’en disant beaucoup de bien de l’École des Maris, il la place après les Visionnaires de Desmarets, et lorsqu’il regarde Sganarelle comme la meilleure des pièces de Molière. […] Le principal rôle est un Sganarelle, nom qui désignait, dans les anciennes farces, un personnage imbécile ou grotesque. […] La fureur de Pancrace à propos de la forme du chapeau n’était point un tableau chargé, clans un temps où l’on rendait encore des arrêts en faveur d’Aristote ; et quand Sganarelle donne des coups de bâton au pyrrhonien Marphurius, en lui représentant que, selon sa doctrine, il ne doit pas être sûr que ce soient des coups de bâton, il se sert d’un argument proportionné à la folie de cette doctrine. […] Il donna la farce du Fagotier, et, à la faveur de Sganarelle, on eut la complaisance d’écouter le Misanthrope, dont le succès alla toujours en croissant, à mesure que les spectateurs, en s’instruisant, devenaient plus dignes de l’ouvrage.

/ 112