La lettre de Rousseau à d’Alembert sur le même sujet, comparée à la lettre du P. […] Grands moralistes tous les deux, Molière et Rousseau, ils ont vu tous les deux le cœur humain, sous un aspect bien différent. […] Rousseau n’a fait la guerre qu’aux vices de l’homme, il a laissé de côté ses ridicules, comme indignes de sa colère. […] Au moins, Rousseau, lorsqu’il donnait cet éloquent et éclatant démenti à Molière, était-il dans le droit de son sophisme et de sa colère ; mais Fabre d’Églantine, en s’emparant, pour les dégrader, d’Alceste et de Philinte, que faisait-il autre chose, sinon mettre en scène le Misanthrope de Jean-Jacques Rousseau et son Philinte, c’est-à-dire le Misanthrope déclamateur, colère, furibond, emporté, impitoyable, le Misanthrope comme le comprenait Rousseau quand il descendait en lui-même ; en même temps qu’il nous montrait, à notre immense étonnement, le Philinte égoïste, honnête homme du grand monde, fourbe jusqu’au crime, indulgent jusqu’à la perversité, comme ne l’avait jamais compris Molière.