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95. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Qu’on juge par ce seul exemple des choses qui doivent nous échapper à la lecture de Plaute et de Térence ! […] Pour entendre Molière, je me plais à le répéter, il faut connaître sa vie, ses habitudes, ses sociétés, et son siècle ; il faut même pénétrer dans son cabinet, examiner ses livres, se mettre, s’il se peut, dans la confidence de ses lectures ; voir si à côté des pièces de Plaute, de Térence, et du théâtre italien et espagnol, on ne trouvera pas les canevas embellis par Scaramouche et Mezzetin, ainsi que les comédies de Bruno Nolano, de l’Aveugle d’Adrie, etc. ; jeter un regard curieux sur une tablette qui doit être chargée de quelques centaines de volumes tout pétillants d’une gaieté un peu grivoise, et auxquels les amateurs donnent le nom de facéties ; se saisir en passant des Quinze joies du mariage, livre qui rappelle quelquefois le naturel et le génie de Molière ; des Serées de Bouchet, et des Baliverneries d’Eutrapel, joyeux recueils de ces bons mots et de ces bons contes qui faisaient rire nos pères ; enfin ne pas oublier le Francion, ouvrage vraiment remarquable, qui parut trente ans avant le Roman comique, et qui a le double mérite d’avoir fourni plus d’un trait à l’auteur du Cocu imaginaire et à celui de Gil Blas. […] « Comment, disait-il, il a tout pris sur Rotrou, et Rotrou sur Plaute. […] Madame Dacier fit une dissertation pour prouver que l’Amphitryon de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais, ayant ouï dire que Molière voulait faire une comédie des femmes savantes, elle supprima sa dissertation. […] Ce fut seulement dix ans après la mort de Molière, en 1683, que madame Dacier publia sa traduction des trois comédies de Plaute, avec une dissertation sur Amphitryon, où elle déclare qu’elle avait résolu d’examiner la pièce de Molière, mais qu’elle croit la chose inutile après l’examen de la comédie latine.

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