Mais Rousseau élève la voix ; il accuse l’auteur d’avoir fait de Philinte son héros, tandis qu’il ridiculise Alceste : combattre ainsi Molière, c’était presque le comprendre. […] — Est-il vrai qu’il soit autre avec Philinte, autre avec Alceste et Célimène ? […] Aussi, dans les scènes où il est tête à tête avec Philinte, le misantrope redevient-il lui-même ; on est seul avec un ami, et son caractère qui, devant Oronte et Célimène avait quelque peu plié sous les exigences sociales, se redresse alors pour reprendre toute sa raideur primitive. […] Il l’est, en effet, à certains égards, et ce qui démontre que l’intention du poète est bien de le rendre tel, c’est celui de l’ami Philinte qu’il met en opposition avec le sien : ce Philinte est le sage de la pièce…»Sans doute l’auteur a rendu Alceste ridicule, et il le devait sous peine de n’en faire qu’une doublure de Philinte. […] Mais quand il est face à face avec Philinte, avec l’homme à la vertu souple, dont on ne rit jamais, comme il l’écrase de toute sa supériorité !