On sait à Paris qu’une partie de la Suisse parle la langue française ; mais les mots ont-ils le même sens, les mêmes expressions rendent-elles les mêmes idées des deux côtés du Jura ? […] Tel homme (il nommait Vinet) parle assurément le français aussi purement qu’on puisse le parler en France ; il y a mieux : il donne assez ordinairement aux mots le sens que, dans leur mobilité, ils revêtent à Paris, à l’heure où il parle ; et cependant ses expressions, comme ses idées, ont un point de départ et un rayonnement différent de celui qu’ils ont sur terre française. […] Je me suis pris parfois, disait-il en terminant, à croire qu’il y avait autre chose qu’une plaisanterie dans ce que soutenait Sainte-Beuve lorsqu’il nous disait qu’il fallait chercher l’indépendance littéraire, non pas à Paris, mais aux frontières de la France.» […] Paris, 1861.