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108. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Vous vous faites honneur d’être un franc libertin : Vous tenez votre gloire à tenir bien du vin ; Et lorsque, tout fumant d’une vineuse haleine, Sur vos pieds chancelants vous vous tenez à peine, Sur un théâtre alors vous venez vous montrer : Là, parmi vos pareils on vous voit folâtrer : Vous allez vous baiser comme des demoiselles ; Et, pour vous faire voir, jusques sur les chandelles Poussant l’un, heurtant l’autre, & comptant vos exploits, Plus haut que les acteurs vous élevez la voix ; Et tout Paris, témoin de vos traits de folie, Rit plus cent fois de vous que de la comédie. […] L’autre Ménechme arrive à Paris. […] Des bégueules, fieres d’avoir vu ou cru voir le beau monde de Paris, se donnent gauchement un air d’importance dans leur petite ville & dans leur cercle. […]  Si le Roi m’avoit donné   Paris sa grand’ville,  Et qu’il me fallût quitter   L’amour de ma mie ;  Je dirois au Roi Henri,  Reprenez votre Paris,   J’aime mieux ma mie,    Oh, gai ! […] Nous avons ailleurs blâmé Moliere d’avoir traité trop cruellement Cotin, & jusqu’au point de le faire mourir de chagrin : nous devons cependant dire ici, pour le justifier un peu, que Cotin l’avoit poussé à bout par l’air d’insolence & de supériorité avec lequel il l’avoit traité, à son arrivée à Paris, dans toutes les sociétés où ils s’étoient trouvés ensemble.

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