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40. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il ne cessera de soutenir cette thèse, laquelle, devenue la loi du théâtre, tantôt se traduira par les espiègleries d’Isabelle et d’Agnès, tantôt par le bon sens de ses servantes, et recevra enfin sa sanction de la noble conduite d’Elmire, la femme d’Orgon. […] Au reste, tout le clergé cria au scandale, bien que Tartufe ne soit pas un abbé, puisqu’Orgon veut lui donner sa fille en mariage ; mais on n’ignorait pas l’intention première de Molière; lui-même a pris soin, comme il le dit assez naïvement au roi dans un placet, de déguiser le personnage sous l’ajustement d’un homme du monde. […] Le seul reproche qu’on puisse faire à ce dénouement, c’est d’être compliqué d’une certaine cassette dont il n’a été que fort peu question, et qui donne matière à Tartufe d’accuser Orgon près du roi. […] Quand Elmire est poussée à bout par Tartufe qui veut des réalités pour convaincre son âme, alors qu’Orgon, stupéfait, ne se presse pas de sortir de la cache où il est, elle tousse à plusieurs reprises pour avertir son mari de ne pas laisser aller plus loin l’affaire, et répond à Tartufe, qui lui demande si elle souffre. […] Forcée de se marier avec un niais du genre d’Orgon, elle serait aussi noble, aussi chaste qu’Elmire, elle se résignerait à son sort ; mais épousant celui qu’elle a choisi entre tous, et qui est si bien fait pour l’apprécier, elle semble destinée à mettre en relief ce qu’il peut y avoir de bonheur sur la terre dans une union assortie par l’amour et par la sympathie.

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