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142. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

[56, p. 89-93] L’abbé Batteux235, dans ses principes de littérature, s’exprime ainsi sur Molière : « Molière tâcha de réunir les caractères de Térence* et de Plaute*, et il y a réussi en beaucoup d’endroits. […] Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier. […] Molière a fait rire les plus austères : il instruit tout le monde, ne fâche personne. […] Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ?

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