Mais avec un peu de réflexion, l’on verra que le héros de la pièce italienne, en passant en France, a pris cette grâce, cette amabilité, cette galanterie si naturelles à sa nouvelle patrie. […] Jamais sujet ne fut traité plus à propos ; la manie du bel esprit régnait en France ; les femmes, devenues les protectrices ou les rivales, et surtout les juges des écrivains, donnaient le ton aux nouveautés. […] Le caractère principal. — Molière a le mérite d’avoir choisi pour son premier rôle un caractère de tous les temps et de tous les pays, mais n’en a-t-il pas rétréci l’effet, en ne lui donnant que des nuances propres à n’être senties qu’en France seulement ? […] Les noms de la plupart des acteurs, nouvellement de retour des extrémités de la France, ou des portes de l’autre monde, étaient sur l’affiche, en très gros caractères, ainsi que ces mots : spectacle demandé, les billets gratis, les entrées de faveur ; généralement suspendus. […] La scélératesse de l’hypocrisie peut faire bien plus de mal que les ridicules prétentions de l’esprit ; ajoutons qu’il est de faux dévots chez tous les peuples, au lieu que la France seule a vu et voit encore des femmes sacrifier les plaisirs purs, le tranquille bonheur que les soins domestiques peuvent leur procurer, à la futile gloire d’avoir recueilli, avec beaucoup de peine, des mots scientifiques et quelques notions superficielles des plus hautes sciences76 ; mais nous remarquerons, dans la fable des Femmes savantes, encore plus d’art que dans celle du Tartuffe, puisque, à la rigueur, comme nous l’avons déjà dit, la scène de dépit entre les amants pourrait en être retranchée sans faire tort à l’action.