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40. (1802) Études sur Molière pp. -355

. — Molière n’ayant pas donné à son Alceste des couleurs assez fortes, pour qu’il pût être l’unique objet d’une pièce en cinq actes, le met en opposition avec une prude, un bel esprit, quelques petits maîtres de cour, l’indulgent Philinte ; et surtout avec la coquette Célimène ; et ces divers caractères lui donnent occasion de développer le sien. Le dénouement. — Celui d’une pièce à caractère pour être bon, doit, comme celui d’une pièce d’intrigue, être amené et fait par le principal personnage ; regarde-t-on comme la catastrophe de cette comédie, le moment où Célimène et Alceste se quittent ? […] Si, d’un autre côté, je substitue la gentillesse, la fadeur, à la loyale et franche galanterie qui fait la beauté de mon rôle, et si je prends un ton mielleux en disant à Célimène : Oui, je voudrais qu’aucun ne vous trouvât aimable, Que vous fussiez réduite en un sort misérable ; Que le ciel, en naissant, ne vous eût donné rien, Que vous n’eussiez, ni rang, ni naissance, ni bien, etc. […] Si je jouais le rôle d’Arsinoé, je me garderais de rendre ma scène avec Alceste, comme celle que je viens d’avoir avec Célimène ; dans celle-ci, je ne suis que prude et jalouse ; dans l’autre, plus difficile à rendre avec bienséance, je dois être aux yeux du public tout ce que Célimène m’a reproché, et je le prouve, puisque je fais des avances à son amant ; avances qui paraissent révoltantes quand l’actrice, vêtue en vieille dame de paroisse, s’est avisée d’être constamment, non prude, mais dévote. […] je demande si la bonne Laforêt n’aurait pas senti tout le piquant des conseils dont Célimène paie ceux d’Arsinoé ?

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