» A tout prendre, j’aimerais encore mieux le sentiment de Boileau sur notre ancien théâtre, quoique ce sentiment ait été fort vertement réprimandé par la critique novatrice du temps présent, et que Boileau se soit attiré par-là, de la part de nos modernes Aristarques, le dur reproche d’ignorance. […] Écoutons Boileau : Le savoir, à la fin, dissipant l’ignorance, Fit voir de ce projet la dévote imprudence. […] A la vérité, on se trouverait d’accord ainsi avec un ancien critique, qui n’a connu ni « le théâtre » de Hroswitha, ni les Vierges sages et les Vierges folles, ni les Epîtres farcies ; il en coûtera peut-être quelque chose à notre amour-propre d’avoir édité tant de vieux textes, pour n’arriver qu’à répéter avec Boileau, que « le théâtre fut longtemps, chez nos dévots aïeux, un plaisir ignoré. » Toutefois, Messieurs, je n’y vois pas grand mal et, quand les idées reçues ont du bon, je trouve assez sage de s’y tenir. […] Je vous demande, pour ma part, la permission de résister à des assertions audacieuses, de ne pas plus croire à la grandeur littéraire qu’à la civilisation du moyen-âge, de ne pas sacrifier Racine ou Molière à Shakespeare et de préférer l’art poétique de Boileau à la dramaturgie de Lessing. Nous voilà revenus, par un détour que je vous prie d’excuser, à notre point de départ, c’est-à-dire aux vers de Boileau, dont j’ai cherché à maintenir devant vous l’autorité.