/ 173
165. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

J’avoue que pour ma part ce ballet m’a fort amusé ; on y voit les rivières que l’armée a passées ; le Rhin, ce Rhin qui fut à nous, se repose sur son urne, et rappelle la belle description de Despréaux ; des guerriers se battent en dansant un menuet ; les violons jouent comme ils jouaient encore au temps des frères Francœur ; puis tout à coup le roi arrive, le roi vainqueur, La Vallière (je veux dire mademoiselle de La Vallière) court au-devant de son royal amant ; Louis XIV évite ses regards, sa figure est mécontente ; la pauvre femme revient chez elle et s’évanouit cette fois pour tout de bon, ainsi les deux premiers actes finissent par un évanouissement ; mais quelle différence, grand Dieu ! […] Ajoutez que ce Molière parle un patois vif, alerte et vrai ; même il parle tous les genres de patois, comme un digne enfant des Halles : Tout lui va, le patois de la ville et celui du village, le patois des provinces, la vraie langue des franches natures, la langue qu’il nous faut protéger contre Despréaux, ce dédaigneux qui posait l’Art poétique comme la borne qui ne veut pas qu’on aille plus haut, ou plus loin.

/ 173