Lorsqu’on lit, dans l’Ecole des femmes, ce passage où Arnolphe témoigne avec humeur sa répugnance pour un nom qui cependant est le sien, on cherche vainement dans les commentaires une explication de cette boutade ; et comme toute la pièce est fondée sur le double nom d’Arnolphe et de La Souche, il en résulte qu’on peut accuser Molière d’avoir établi son intrigue sur un changement de nom, sans vraisemblance, parce qu’il est sans motif. […] Dans les Fabliaux du douzième et du treizième siècle, on rencontre souvent des plaisanteries piquantes sur le nom d’Arnolphe ; et toutes ces plaisanteries prouvent que nos aïeux avaient fait de saint Arnolphe, ou Arnoul, le patron des maris trompés : Suis-je mis en la confrérie, Saint Arnoul le seigneur des coux, Dont nul ne peut estre rescous11 . En ce temps on disait d’un mari dont la femme avait un galant, qu’il devait une chandelle à saint Arnolphe. […] Nos pères riaient lorsque Arnolphe s’écrie : La Souche plus qu’Arnolphe à mes oreilles plaît… J’y vois de la raison, j’y trouve des appas ; Et m’appeler de l’autre est ne m’obliger pas ; car ce nom réveillait dans les esprits des idées que nous n’y attachons plus.