L’indulgent Philinte qui, sans aimer ni censurer les hommes, souffre leurs défauts, uniquement par la nécessité de vivre avec eux, et par l’impossibilité de les rendre meilleurs, forme un contraste heureux avec le sévère Alceste qui, ne voulant point le prêter à la faiblesse de ces mêmes hommes, les hait et les censure, parce qu’ils sont vicieux. L’intrigue n’est pas vive, mais il ne fallait que réunir avec vraisemblance quelques personnages qui, par leurs caractères opposés, ou comparés à celui d’Alceste, pussent mettre en jeu, d’une façon plus ou moins étendue, la médisance, la coquetterie, la vanité, la jalousie, et presque tous les ridicules des hommes. […] Molière, en exposant l’humeur bizarre d’Alceste, n’a point eu dessein de discréditer ce qui en était la source et le principe ; c’est sur la rudesse de la vertu peu sociable, et peu compatissante aux faiblesses humaines, qu’il fait tomber le ridicule du défaut dont il a voulu corriger son siècle. […] Alceste démontre, dans la suite de la scène, que les pensées et les vers de ce sonnet étaient, De ces colifichets, dont le bon sens murmure. […] Il crut devoir rappeler les spectateurs par quelque ouvrage moins bon, mais plus amusant, dans l’espérance que le public se laisserait insensiblement éclairer sur le bon, et parviendrait peut-être à en connaître tout le prix… Alceste passa à la faveur de Sganarelle ; il supprima la dernière pièce quand il crut que le mérite de la première avait été reconnu.