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36. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Répétera-t-on, pour continuer la gageure, qu’Alceste et Célimène nous offrent encore la contre-épreuve de Molière et d’Armande ? […] Si, avant d’être la Célimène du Misanthrope, Armande fut l’Agnès de L’École des femmes, Molière aussi fut Arnolphe, avant d’être Alceste, et il le fut, avec la conscience qu’il l’était. […] Les unes avaient été mises en musique par quelque musicien de l’époque ; les autres avaient été faites sur quelques-uns de ces airs populaires, dont il aimait tant la franchise ; on le sait par ce que dit Alceste de la chanson du roi Henri. […] Malheureusement pour les plaies de son âme, il ne pouvait recourir à ce palliatif Pyrrhonien, que lui aurait envié son Métaphraste ; il se sentait souffrir et ne pouvait se dire : « Je ne souffre pas. » Voilà pourquoi Argant rit toujours, quand Alceste ne rit jamais. […] Son crédit pourtant n’alla pas jusque là, et l’on voit, à ce que disent Alceste et Philinte, le secret triomphe que dut en ressentir Molière.

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