Mais ce n’est plus Paris souriant et sceptique Qui va fêter Agnès, Alceste ou Scapin. […] On n’a pas, en effet, toute la pensée de Molière, si l’on n’oppose à la pédanterie des unes et à l’afféterie des autres la périlleuse naïveté d’Agnès, et aux théories de Gorgibus et de Chrysale la méprise d’Arnolphe. […] Arnolphe et Agnès sont plus fortement conçus et tracés que Sganarelle et Isabelle ; aussi ont-ils laissé des traces plus profondes dans l’imagination populaire et dans le langage. […] puis, s’adressant à Agnès et implorant celle qui l’abandonne pour le jeune Horace : C’est quelque sort qu’il faut qu’il ait jeté sur toi, Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi. […] Les chaudières bouillantes dont il menace Agnès, la blancheur du lis qu’il promet à son âme en récompense d’une bonne conduite, la noirceur du charbon dont il lui fait peur si elle agit mal ; enfin, ces Maximes du mariage ou Devoirs de la femme mariée avec son exercice quotidien, tout cela ressemblait trop au langage le moins éclairé du catéchisme ou du confessionnal pour que beaucoup de gens n’y vissent point un attentat contre les choses saintes. » « Je ne dirai point que le sermon qu’Arnolphe fait à Agnès, disait de Vizé, et que les Maximes du mariage choquent nos mystères, puisque tout le monde en murmure. » Le prince de Conti, l’ancien protecteur de la troupe de Molière en Languedoc, devenu janséniste et théologien, se montra, dit-on, des plus scandalisés ; et, en effet, dans le traité qu’il écrivit sur La Comédie et les Spectacles selon la tradition de l’Église, et qui parut après sa mort (1667), L’École des femmes est citée comme une œuvre licencieuse et offensant les bonnes mœurs.