On a beau abréger au théâtre le long roman qu’ils racontent en dialogue pour expliquer leurs aventures, j’ai toujours vu qu’on n’écoutait même pas le peu qu’on en dit, parce que l’on est d’accord avec l’auteur pour ôter Agnès des mains d’Arnolphe, n’importe comment et la donner au jeune homme qu’elle aime. […] Ainsi; lorsqu’on voit Arnolphe, bien convaincu qu’Agnès aime Horace, faire aux pieds d’une enfant cent extravagances, quand on l’entend la conjurer d’avoir de l’amour pour lui, lui dire : Mon pauvre petit cœur, lu le peux si tu veux. […] Aussi, quand il se trouve la dupe de la bêtise de sa femme, il est avec elle dans le même cas que le jaloux Arnolphe avec Agnès : il ne lui reste pas même le droit de faire des reproches, puisqu’on n’est pas à portée de les comprendre. C’est une des sources du comique de la pièce, que cette ignorance ingénue d’Agnès, qui fait très naïvement des aveux qui mettent Arnolphe au désespoir sans qu’il puisse même se plaindre d’elle; et quanti elle a tout conte, et qu’il lui dit, eu parlant du jeune Horace : Mais pour guérir du mal qu’il dit qui le possède, N’a-t-il pas exigé de vous d’autre remède? […] Tout ce rôle d’Agnès est soutenu d’un bout à l’autre avec la même perfection.