Et Agnès ? […] Que de nuances délicates entre l’innocente et spirituelle Isabelle, la simple Agnès, l’aimable Éliante, l’intéressante Marianne, la modeste et piquante Henriette, la malheureuse fille de L’Avare, et la fille vertueuse du Malade imaginaire ? […] Parmi les rôles de ce dernier genre, on cite celui d’Agnès de L’École des Femmes, qu’elle rendait avec une telle supériorité, que quelques années avant sa retraite du théâtre, ses camarades l’ayant engagée à céder son rôle d’Agnès à mademoiselle du Croisy, et cette dernière s’étant présentée pour le jouer, tout le parterre demanda si hautement mademoiselle de Brie, qu’on fut forcé de l’aller chercher chez elle. […] On peut juger des acclamations qu’elle reçut ; et ainsi elle garda le rôle d’Agnès jusqu’à ce qu’elle quittât le théâtre. […] Si mademoiselle de Brie avait soixante-cinq ans lors de sa retraite, qui eut lien en 1685, elle était donc née en 1620, et elle se serait engagée avec Molière à trente-huit ans (en 1658) : L’École des femmes a été jouée en 1662, ce serait donc à une actrice de quarante-deux ans que Molière aurait confié le rôle d’Agnès ?