« Chapelle, aux études de qui l’on avait associé Bernier, avait pour précepteur le célèbre Gassendi, qui voulut bien admettre Pocquelin à ses leçons, comme dans la suite il y admit Cyrano*. […] Son père, devenu infirme, ne pouvant suivre la Cour, il y alla remplir les fonctions de sa charge, qu’il a depuis exercée jusqu’à sa mort ; mais à son retour à Paris, cette passion pour le théâtre qui l’avait porté à faire ses études se réveilla plus vivement que jamais. […] « Ce qui était cause de cette inégalité dans ses ouvrages, dont quelques-uns semblent négligés en comparaison des autres, c’est qu’il était obligé d’assujettir son génie à des sujets qu’on lui prescrivait, et de travailler avec une très grande précipitation, soit par les ordres du roi, soit par la nécessité des affaires de sa troupe, sans que son travail le détournât de l’extrême application et des études particulières qu’il faisait sur tous les grands rôles qu’il se donnait dans ses pièces ; jamais homme n’a si bien entré que lui dans ce qui fait le jeu naïf du théâtre. […] Les Français rougiront un jour, De leur peu de reconnaissance ; Il leur fallait un comédien, Qui mit à les polir, son art et son étude ; Mais Molière à ta gloire il ne manquerait rien, Si parmi leurs défauts, que tu peignis si bien, Tu les avais repris de leur ingratitude. […] Molière avocat, mais ce fait m’avait absolument été contesté par des personnes que je devais supposer en savoir mieux la vérité que le public… Cependant sa famille m’a si fortement assuré du contraire que je me crois obligé de dire que Molière fit son droit avec un de ses camarades d’étude, que dans le temps qu’il se fit recevoir avocat, ce camarade se fit comédien, et que l’un et l’autre eurent du succès chacun dans sa profession, et qu’enfin, lorsqu’il prit fantaisie à Molière de quitter le barreau pour monter sur le théâtre, son camarade de comédien se fit avocat.