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57. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Après ce voyage, qui dura près d’un an, la plupart des biographes laissent une lacune de trois années, trois années, sans doute, d’isolement et d’études, durant lesquelles, suivant les mieux informés, le jeune Poquelin alla faire son droit à Orléans. […] Non pas qu’il n’ait observé toute sa vie, avec une extrême attention, la comédie qui se joue sur la terre entre les hommes ; mais c’est moins dans cette étude qu’il s’instruisit que par une longue et douloureuse contemplation de ses propres infirmités. […] Ce qui fit l’importance de la pièce et excita les cris, c’est que ce n’était plus seulement une étude profonde du cœur humain, mais une protestation contre les charlatans religieux, contre tous les esprits de ténèbres et d’hypocrisie. […] Ne pourrait-on pas aussi supposer que, mari déjà vieilli d’une femme jeune, coquette et dépensière; qu’ayant à gouverner économiquement une troupe de comédiens, pour la plupart, peut-être, un peu gaspilleurs, il se trouva tout naturellement porté sur cette pente, dans son étude du cœur humain ? […] Qu’ont-elles à demander à l’étude, elles à qui la nature a tout donné ?

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