Dans l’état des choses, tel que l’auteur l’établit, et tel que la décence ne permet pas même de le rapporter ici, cette méprise est impossible. […] Molière n’a pas même négligé de distinguer les trois rôles de Savantes par différentes nuances; Philaminte, par l’humeur altière qui établit le pouvoir absolu qu’elle a sur son mari; Armande, par des idées sur l’amour follement exaltées, et par une fierté à la fois dédaigneuse et jalouse, qu’on est bien aise de voir humiliée par les railleries fines d’Henriette et par la franchise de Clitandre ; Bélise, par la persuasion habituelle où elle est que tous les hommes sont amoureux d’elle, persuasion poussée, il est vrai, jusqu’à un excès qui passe les bornes du ridicule comique, et qui ressemble à la démence complète. […] La distinction entre la vraie piété et la fausse dévotion, si solidement établie par Cléante, est en même temps la morale de la pièce et l’apologie de l’auteur.