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16. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Si la nature y manque, c’est l’École des Maris ou l’École des Femmes 522 ; — si la raison, c’est « le beau mariage de la jeune Dorimène, fille du seigneur Alcantor, avec le seigneur Sganarelle, qui n’a que cinquante-trois ans… 0 le beau mariage, qui doit être heureux, car il donne de la joie à tout le monde, et fait rire tous ceux à qui on en parle523 ; » — si l’amour Savez-vous bien qu’on risque un peu plus qu’on ne pense À vouloir sur un cœur user de violence ; Qu’il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net, D’épouser une fille en dépit qu’elle en ait ; Et qu’elle peut aller, en se voyant contraindre, À des ressentiments que le mari doit craindre524 ? […] Mais ce malheur sans doute se pourrait éviter si l’on n’épousait pas comme Sganarelle ; si la nature dans toute sa pureté présidait à cette, union ; si ceux qui s’unissent s’aimaient de. […] « On ne doit point y sacrifier à l’intérêt555, et le bien n’est pas considérable, lorsqu’il est question d’épouser une honnête personne556. » XIII. […] VI, Ce que c’est que les mariages du théâtre : « On commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel ; le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard ; déjà le faible du cœur est attaqué, s’il n’est vaincu ; et l’union conjugale, trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie… Toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer ; on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après (chap. […] Quand Henriette se croit ruinée, et que Clitandre veut l’épouser quand même, elle dit tristement :   Rien n’use tant l’ardeur de ce nœud qui nous lie   Que les fâcheux besoins des choses de la vie ;   Et l’on en vient souvent à s’accuser tous deux   De tous les noirs chagrins qui suivent de tels feux.

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