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34. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Cet âge était précisément celui qu’avait Molière lui-même à cette époque ; et ce qui ajoute à la singularité de ce rapport qui n’est sûrement pas fortuit, c’est qu’amoureux et jaloux presque autant qu’Arnolphe, il venait d’épouser la Béjart, qui était presque aussi jeune qu’Agnès, mais, à la vérité, n’était pas aussi ingénue. […] À cette époque, on ne connaissait pas la méthode de combattre la bête fauve à coups de fusil comme une bécassine : on l’attaquait corps à corps ; il y avait un peu plus de mérite et de courage. […] Cette actrice était belle, avait beaucoup de grâces, et possédait le talent de la danse, bien plus rare à cette époque qu’il ne l’est aujourd’hui. […] C’était, à cette époque même, être injuste envers Boursault, que de ne le pas croire capable d’une si faible production ; aujourd’hui on ne doute pas qu’elle ne fût de lui ; mais on en est fâché pour l’auteur du Mercure galant et des deux Ésope. […] J’ajouterai qu’à cette époque les bienséances n’avaient pas interdit aux poètes comiques, aussi rigoureusement qu’elles l’ont fait depuis, la liberté de nommer des personnages vivants ; et que sûrement Louis XIV n’aurait autorisé ni de sa présence, ni de son approbation, le procédé de Molière, si ces mêmes bienséances, dont il était un arbitre sévère, en eussent été aussi offensées que nous nous le figurons d’après nos idées actuelles.

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