Dans ce registre, où, depuis l’établissement du théâtre, sont inscrits, jour par jour, les ouvrages représentés, ainsi que leur produit, il n’est fait aucune mention de L’Avare, avant le 9 septembre 1668 ; à cette époque seulement, il figure sous le titre de pièce nouvelle ; et, après neuf représentations qui ne furent pas tout à fait consécutives, il disparaît pour ne se remontrer que plus de deux mois après, et obtenir onze représentations, à la faveur de je ne sais quelle farce nouvelle. […] Mais Tartuffe ne peut appartenir qu’à certaines époques, à certains états de la société ; mais dom Juan est un être monstrueux, presque idéal, que sa perversité complète place hors de la sphère commune. […] Il est vrai qu’à l’époque où écrivait Molière, cette susceptibilité morale que blesse l’expression de certains sentiments contraires aux affections fondées sur le sang, était beaucoup moins délicate qu’aujourd’hui, puisque sans cesse le théâtre montrait à des spectateurs qui ne s’en scandalisaient pas, des jeunes gens prodigues et avides de jouir, s’affligeant trop peu de la mort de leurs parents ou même la hâtant de leurs vœux. […] Sous Louis XIV, plus qu’à aucune autre époque de la monarchie, la noblesse parut être un objet d’envie et de convoitise. […] Depuis l’époque où Voltaire écrivait ces lignes, on a osé toucher à L’Avare, c’est-à-dire le mettre en vers.