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132. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Mais il ne faut pas que je die, Le reste de la comédie, Car bientôt Paris la verra, On n’ira pas, on y courra, Et chacun prêtant les oreilles, À tant de charmantes merveilles, Y prendra plaisir à gogo, Et rira tout son saoul ; ergo, Pour ne faire aux acteurs outrage, Je n’en dirai pas davantage, Sinon qu’au gré des curieux, Un ballet entendu des mieuxa… Qui par intervalle succède, Sert à la pièce d’intermède, Lequel ballet fut composé, Par Beauchamp danseur fort prisé, Et dansé de la belle sorte, Par les messieurs de son escorte ; Et même où le sieur d’Olivet, (Digne d’avoir quelque brevet,) Et fameux en cette contrée, A fait mainte agréable entrée : Après la danse, et le récit, Ou des mieux chacun réussit, Après ce plaisir de théâtre, Dont la Cour fut presque idolâtre, Et qui lui sembla durer peu, Tout le monde courut au feu, C’est-à-dire au feu d’artifice, Élevé sur maint édifice, Et qui sur l’onde, et dans les airs, Donna mille plaisirs divers ; Sans mentir toutes les fusées, Soit directes, ou soit croisées, Fixent d’admirables effets, Et tout ce que j’en vis jamais, (Et j’ai vu cent feux ce me semble) Quand ils seraient tous joints ensemble, Pour entrer en comparaison, Ne pourraient pas avec raison, Égaler celui dont je parle ; Et certes sans faire le Charles, Le flatteur, l’exagérateur, Foi d’homme de bien, et d’auteur, Tous ceux qui comme moi le virent, Même, ou pareille chose dirent.

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