C’est l’Allemagne moderne qui a élevé à Molière le monument le plus digne de lui. […] Un murmure d’indignation s’est élevé : Jeter du fromage ! […] Au reste, Cotin, à l’époque où parurent Les Femmes savantes, était un vieillard réputé pour sa science, qui n’avait donné que comme des plaisanteries les deux pièces débitées par Trissotin sur la scène, qui, pour me servir des expressions de l’abbé d’Olivet, « avait traduit certains passages de Lucrèce en vers assez beaux pour faire honneur à un poète qui n’aurait été que poète ; dont la prose a je ne sais quoi d’aisé, de naïf et de noble qui sent son Parisien élevé avec soin, et qui, en somme, méritait d’avoir eu le sort tranquille de tant d’autres écrivains qui ne valent pas mieux que lui, et qui peut-être valent moins. » Molière, et c’est un tort grave, avait donc fait allusion à Cotin ; mais il ne l’avait pas personnellement traduit sur la scène. […] L’autre est tout l’opposé ; il a été élevé dans une petite ville : il en a l’honnêteté compacte, les manières brusques, le parler brutal.