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32. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

D’autre part, si l’on trouve ici la vérité choquante, c’est que, le plus souvent, lorsque l’on songe à Molière, on ne considère que le grand écrivain et pas du tout l’acteur, quoique la comédie jouée ait tenu autant de place dans son existence que la comédie écrite ; on ne veut voir l’auteur du Misanthrope que sous de nobles traits. […] Les quatre poètes avaient de bonne heure cédé au penchant qui, de tout temps, a porté les écrivains et les artistes à se chercher. […] Avant d’être écrivain de génie, il était, il voulait être comédien excellent. […] J’ai essayé, d’autre part, de retrouver, derrière la statue solennelle du grand écrivain, l’homme lui-même, avec sa trempe morale, ce mélange de bon et de mauvais qui est dans toute créature humaine. […] Cette liberté d’esprit n’engendra, du reste, chez lui, ni l’imprudence, ni le parti-pris, ni les mauvaises manières, ni l’indulgence pour soi-même que l’on rencontre chez les écrivains du XVIe siècle et surtout chez ceux du XVIIIe ; dans une profession et des circonstances également difficiles, ce grand homme fut, en même temps, un brave homme.

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