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123. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Auguste Comte écrit, à la fin de son Discours sur l’ensemble du positivisme : « La vie privée pouvait seule fournir au mouvement moderne une suffisante manifestation de son caractère critique et de sa tendance organique. […] « La médecine », écrivait-il dans la préface du Tartuffe, « est un art profitable, et chacun le révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons ». […] Et comme Aristophane jadis chassait les Athéniennes babillardes de la place publique, Molière dit aux Françaises :                                        « Vous devriez vraiment Ne point aller chercher ce qu’on fait dans la lune Et vous mêler un peu de ce qu’on fait chez vous. » Le naturel et l’art d’écrire En littérature aussi, Molière semblerait au premier abord un réaliste intransigeant. […] S’agit-il des lois de l’art dramatique, Dorante niera d’abord qu’il existe d’autre règle que celle de plaire, qu’il n’a cure des écrits d’Aristote et d’Horace, que L’École des femmes, de Molière, est une bonne comédie parce que le public l’a bien accueillie ; puis, ayant ainsi fait acte d’indépendance, il soutiendra qu’en reste la pièce ne pèche contre aucune des règles dont parle M. […] Il savait bien que la pure vertu n’est pas de ce monde, le poète qui, dans la préface du Tartuffe, écrivit : « Je ne sais s’il n’est pas mieux de travailler à rectifier et à adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entièrement. » Molière souffrait de cette nécessité d’accommoder avec la médiocrité humaine cette pensée pure qui se trouve chez les meilleurs d’entre nous et les emporte vers le juste, le beau, le vrai.

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