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78. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Cette morale, fondée sur la seule considération de l’utilité humaine, il osa l’enseigner, de la scène, à ce parterre dont les applaudissements soutenaient l’auteur de L’École des femmes contre les dédains des petits marquis. […] Non, certes ; et pour être convaincus qu’en définitive, l’auteur des Femmes savantes n’a nullement admis … Qu’une femme en sait toujours assez Quand la capacité de son esprit se hausse À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse, il nous suffira d’entendre un instant ce ridicule et presque odieux Arnolphe, de L’École des femmes, auquel Molière fera si durement expier son égoïsme : Je ne veux point, dit-il, d’un esprit qui soit haut ; El femme qui compose en sait plus qu’il ne faut. […] S’agit-il des lois de l’art dramatique, Dorante niera d’abord qu’il existe d’autre règle que celle de plaire, qu’il n’a cure des écrits d’Aristote et d’Horace, que L’École des femmes, de Molière, est une bonne comédie parce que le public l’a bien accueillie ; puis, ayant ainsi fait acte d’indépendance, il soutiendra qu’en reste la pièce ne pèche contre aucune des règles dont parle M. […] Mais, comme il se heurtait, en soutenant cette thèse, à des préjugés tout-puissants, l’auteur de L’École des femmes dut, pour en mieux triompher, employer des moyens extrêmes. […] Ceux qui se sont efforcés systématiquement de représenter Molière comme le défenseur immoral de l’instinct contre la vertu semblent oublier cette scène touchante de L’École des maris où la jeune fille exprime sa tendresse pour un vieillard.

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