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12. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Il comprend que la simplicité de la parure, comme celle de l’esprit, est un charme qui n’appartient qu’aux âmes élevées par nature ou formées par une éducation supérieure ; il le dit et le montre, sans pouvoir, hélas ! […] Comme la vertu est aimable par soi, lui donner un aspect austère qui effraie les âmes délicates, c’est la trahir. […] Quel homme de cœur peut assister sans émotion au spectacle de cette jeune âme emprisonnée, qui conserve toujours et reconquiert enfin sa dignité libre, sous toutes les chaînes d’un despotisme absurde, sous tous les voiles d’une savante erreur, comme sous la glace immobile on entend l’eau irritée qui au premier printemps roulera dans la mer sa prison vaincue ? […] Et n’est-ce pas sans doute un crime punissable, De gâter méchamment ce fond d’âme admirable, D’avoir, dans l’ignorance et la stupidité, Voulu de cet esprit étouffer la clarté335 ? […] Ce sont, dans l’une et l’autre École ; d’honnêtes amants qui enlèvent et épousent Isabelle et Agnès ; mais qui ne sent que la leçon va plus loin, et que, dans la vie, qui n’est point une comédie, c’est à la perte et au déshonneur qu’aboutit presque toujours cette contrainte coupable imposée à la personne et à l’âme ?

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