(1801) Moliérana « [Anecdotes] — [31, p. 59-61] »
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(1801) Moliérana « [Anecdotes] — [31, p. 59-61] »

[31, p. 59-61]

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 559

Tout le monde sait que le Misanthrope fut d’abord mal reçu, et qu’il ne se soutint au théâtre qu’à la faveur du Médecin malgré lui. On rapporte un fait singulier, qui peut avoir contribué à la disgrâce de la meilleure comédie qui ait jamais été faite. À la première représentation, après la lecture du sonnet d’Oronte, ainsi conçu :

L’espoir, il est vrai, nous soulage,
Et nous berce un temps notre ennemi,
Mais, Philis, le triste avantage,
Lorsque rien ne marche après lui !

Vous eûtes de la complaisance ;
Mais vous en deviez moins avoir,
Et ne vous pas mettre en dépense,
Pour ne me donner que l’espoir.

S’il faut qu’une190 attente éternelle,
Pousse à bout l’ardeur de mon zèle,
Le trépas sera mon recours.

Vos soins ne peuvent m’en distraire ;
Belle Philis on désespère,
Alors qu’on191 espère toujours192. 193

le parterre applaudit : Alceste démontra, dans la suite de la scène, que les pensées et les vers de ce sonnet étaient,

De ces colifichets dont le bon sens murmure.194

Le public, confus d’avoir pris le change, s’indisposa contre la pièce.