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Un jour que l’on représentait cette pièce [Les Précieuses ridicules], un vieillard s’écria du milieu du parterre : Courage, courage, Molière ! Voilà la bonne comédie▶ (I).153
(I) On n’aura pas la satisfaction aujourd’hui d’adresser à nos comiques le même éloge. Depuis le fameux drame de Pinto154, jusqu’à l’Abbé de l’Epée, la ◀comédie▶ n’est plus qu’une suite de scènes décousues, sans intérêt, et sans situations comiques. Le citoyen Bouilly, dans son Abbé de l’Epée 155 qui a fait courir tout Paris, semble avoir pris à tâche d’outrager le bon sens, et les premières règles de la ◀comédie▶. Cette pasquinade156 faite pour révolter les bons esprits, n’est qu’un tissu d’invraisemblances, et d’invocations à l’éternel et à la providence ; le citoyen Bouilly a oublié une invocation, c’est celle au sens commun.
Quant au drame de Pinto, on peut lui appliquer ce vers de Virgile.
Monstrum, horrendum, informe, ingens cui lumen ademptum. 157