[83, p. 127-128278]
Les grands génies, comme les grands talents, sont toujours modestes. Molière devait lire une traduction de Lucrèce* en vers français, chez un ami, où étaient Boileau▶ et plusieurs autres personnes de mérite. En attendant le dîner, on pria ◀Despréaux▶ de réciter la satire adressée à Molière ; mais après ce récit, Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges que ◀Boileau▶ venait de recevoir. Il se contenta de lire le premier acte du Misanthrope, auquel il travaillait en ce temps-là, disant : qu’on ne devait pas s’attendre à des vers aussi parfaits et aussi achevés que ceux de ◀Despréaux▶* ; parce qu’il lui faudrait un temps infini, s’il voulait travailler ses ouvrages comme lui.