[76, p. 115-117263]
Penaut, frère de Despréaux, ayant essayé de tourner en épigramme un mot assez malin qu’il avait dit à Pradon264, n’avait pu faire que ces deux vers :
Hélas ! Pour mes péchés je n’ai su que trop lireDepuis que tu fais imprimer.
Ce fut à son frère et à Racine et Molière qu’il trouva rassemblés, qu’il demanda deux autres vers pour rimer aux siens, et voici ceux qu’ils lui donnèrent :
Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire,De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ?Hélas ! &c.
Ce qu’il y a de particulier dans ce fait, c’est que Racine et Molière eurent une petite querelle sur le premier hémistiche du second vers. Le poète tragique voulait qu’on écrivit :
De mon peu de lecture oses tu me blâmer ?
Pour éviter sans doute la consonance de la rime de satire avec le mot lire qui termine cet hémistiche ; mais Molière soutint qu’il fallait s’en tenir à la première expression, et que la raison et l’art▶ même demandaient et autorisaient souvent le sacrifice d’une plus grande perfection du vers à une plus grande justesse. Despréaux n’oublia pas cette décision de Molière, et en fit un précepte dans son ◀art▶ poétique, chant 4e.
Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux