[37205, p. 67-68]
Un bon bourgeois de Paris, vivant bien noblement, s’imagina que Molière l’avait pris pour l’original de son Cocu imaginaire▶. Il crut devoir en être offensé, et en marqua son ressentiment à un de ses amis. Comment, lui dit-il, un petit comédien aura l’audace de mettre impunément sur le théâtre un homme de ma sorte ! je me plaindrai, ajouta-t-il ; en bonne police, on doit réprimer l’insolence de ces gens-là : ce sont les pestes d’une ville ; ils observent tout pour le tourner en ridicule. L’ami, qui était homme de bons sens, lui dit : Eh ! Monsieur, si Molière a eu intention sur vous en faisant son Cocu ◀imaginaire▶, de quoi vous plaignez vous ? Il vous a pris du bon côté, et vous seriez bien heureux d’en être quitte pour l’◀imaginaire▶. Le bourgeois, quoique peu satisfait de la réponse de son ami, ne laissa pas d’y faire quelques réflexions, et ne retourna plus au Cocu ◀imaginaire.