[36, p. 64-67]
Molière n’aimait pas Cotin ; et le ressentiment qu’il avait contre lui, provenait de ce que cet abbé avait cherché à le desservir auprès du duc de Montausier*, en insinuant à celui-ci que c’était lui que Molière avait voulu jouer dans le Misanthrope. Aussi l’abbé Cotin, décrié par Boileau comme prédicateur et comme poète, fut joué sur le théâtre, par Molière, comme un mauvais poète, comme un pédant, et ce qui ne peut être jamais permis, à moins que la personne ne soit infâme, comme un mal honnête homme, du moins comme un homme sans délicatesse, et même sans principes.
…. Ce sonnet qui chez une princesse.A passé pour avoir quelque délicatesse.201
Ce sonnet sur la fièvre qui tient la princesse Uranie, était véritablement de Cotin, et la princesse Uranie était la duchesse de Nemours202, sœur du duc de Beaufort203. Le voici :
Sonnet à la princesse Uranie,
sur la fièvre.204Votre prudence est endormieDe traiter magnifiquement,Et de loger superbementVotre plus cruelle ennemie.
Faites-la sortir, quoiqu’on die,De votre riche appartement,Où cette ingrate insolemmentAttaque votre belle vie.
Quoi ! Sans respecter votre rangElle se prend à votre sang !Et nuit et jour vous fait outrage ?
Si vous la conduisez aux bains,Sans la marchander davantage,Noyez-la de vos propres mains.
La querelle entre Trissotin et Vadius, au sujet de ce sonnet, eut réellement lieu entre l’abbé Cotin et Ménage, chez Mademoiselle où Cotin venait réciter son sonnet, lorsque Ménage entra, et en dit du mal de la manière exactement dont le fait est représenté dans les Femmes savantes. Ménage lui-même reconnaît dans une de ses lettres qu’il est le Vadius de cette pièce, et quant à Cotin, il était difficile de le désigner mieux que par un de ses ouvrages.