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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

D’Annunzio, en transposant tous les rythmes de la représentation artistique dans son esprit éperdument épris de grandiose, et en transposant la vision de la vie toujours un octave ou deux au-dessus de ce qu’il est convenu d’appeler « la réalité », affina le goût de ses compatriotes, et leur inspira le désir tyrannique de « styliser » la vie en l’exagérant continuellement et volontairement dans le sens du profond ou du grandiose esthétique, afin de la représenter en beauté. […] On a exagéré les principes d’exaltation du verbe et le virtuosisme de d’Annunzio, son pathos esthétique, et on n’a pas dépassé ni atteint sa puissance d’émotion et d’évocation lyrique ; il demeure comme le styliste-type de la langue italienne renouvelée. […] Quelques conteurs survivent aux vieilles tendances ; ils content encore avec plus ou moins de bonheur, parfois même d’art, des histoires de pays ou d’individus, et tout se borne au plaisir de les conter, au profit de quelques évocations de vie moderne, qui rarement atteignent la valeur d’une révélation. […] A-t-il vraiment joué dans la vie de d’Annunzio le rôle parfait que le frère idéal joue dans le roman ? […] La maladie est la révélation d’une désharmonie, d’un gouffre qu’il faut combler et d’un tourbillon de malheurs qu’il faut arrêter d’un geste, ce qui forme le suprême orgueil de l’homme en lutte avec la perpétuelle hostilité de la nature.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

J’ai déjà dit que le pathos esthétique de d’Annunzio pèche toujours per excessum. […] La brutalité d’Ajax n’est pas celle de Corrado Brando. […] Au surplus, d’Annunzio s’y révèle comme un commentateur vraiment rare de l’esprit tragique ancien. […] Ce jeune poète, tout en donnant à la littérature de son pays des œuvres originales, sait l’enrichir de ces traductions d’Eschyle, de Nietzsche, de Shakespeare, qui sont de véritables et admirables œuvres de transposition, et même de nouvelle création, plus que de pures et simples traductions. […] Elle publie des collections diverses de philosophie et de science, et c’est dans une de ses collections qu’a paru la traduction de la Physique de l’Amour, de M. 

4. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Cet idéal était celui même des premiers néo-italiens, d’Alfieri, de Foscolo, de Léopardi, de Giordani, de Niccolini, de Guerrazzi. […] Carducci n’a eu donc qu’un disciple, un seul digne de lui, et resté vraiment disciple : d’Annunzio. […] D’Annunzio écrivit aussi des vers barbares. […] Carducci et d’Annunzio, malgré quelques défauts per excessum, résument à eux seuls les plus fiers mouvements de la littérature italienne contemporaine. […] Ce caractère est le pathos historique, analogue au pathos esthétique, qui anime, et meut, en beauté et en désordre l’œuvre de d’Annunzio.

5. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

La sensualité dont tout l’œuvre de d’Annunzio et presque tout l’œuvre de Maupassant sont empreints n’est donc pas un simple jeu de poète ou d’artiste. […] Maupassant jette le premier cri d’angoisse que répète après lui d’Annunzio : « Oh ! […] La mer est tout d’abord le thème fertile sur lequel se sont exercées l’imagination de G. de Maupassant et celle de d’Annunzio. […] Naturellement on ne s’est pas privé, surtout en Italie, de rechercher toutes les sources de d’Annunzio : on en a trouvé beaucoup, et sans doute il y en a d’autres encore : c’est un jeu facile, quelquefois amusant, que de découper dans la prose extraordinairement abondante et riche de l’auteur du Feu des morceaux de Nietzsche, de Péladan, de Dostoïevsky, de Swinburne, voire d’A.  […] Les Poètes comme d’Annunzio, Pascoli, de Bosis, poursuivent un rêve de beauté et de synthèse esthétique tout vibrant d’hellénisme.

6. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Elle est encore une incarnation de la « femme fatale » chère à d’Annunzio. […] » Chez d’Annunzio cela est angoisse, est tourment, et fatalité implacable de la mort. […] D’Annunzio a presque réalisé la tragédie catholique. […] La Fille de Jorio ne diffère qu’en apparence des autres pièces de d’Annunzio ; au moindre prétexte, d’Annunzio prête à ses héros des paroles mystérieuses, et qui, souvent, restent obscures. […] D’Annunzio sait éteindre une lampe avec beaucoup d’adresse.

7. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Une dizaine d’écrivains, de ceux qui ont suivi de très près la génération de d’Annunzio, ont les qualités de puissance et d’harmonie qui devraient plus activement influencer les courants littéraires plus jeunes. […] Mais que de faiseurs, dans ce monde officiel d’où, très volontairement, très arbitrairement aussi, j’exclus les « isolés » d’Annunzio et Pascoli ! […] Jusqu’ici, aucun d’entre eux ne laisse prévoir une force créatrice égale à celle de d’Annunzio. […] Le « pathos esthétique » de d’Annunzio est constant dans son œuvre et dans sa vie. […] Zilliacus a parfaitement compris le sens de la poésie de Pascoli, si diverse de celle de d’Annunzio et aussi puissante.

8. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

De certains jeunes d’aujourd’hui, les plus connus, il serait assez malaisé de suivre la déjà longue évolution : plus d’un maître a été adoré et nié en peu d’années, de d’Annunzio à Benedetto Croce. […] J’ai essayé d’interroger un de ces détracteurs, non pas sur la participation de d’Annunzio à la guerre, mais sur ses qualités de romancier et l’influence qu’elles peuvent avoir sur l’avenir littéraire de l’Italie. […] La lecture d’un roman de d’Annunzio est pour moi une douloureuse épreuve. […] Il y a trop de couleur dans le langage de d’Annunzio. […] Mais c’est encore là que je chicanerais d’Annunzio.

9. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Tandis que d’Annunzio voit autre chose. […] Le théâtre de d’Annunzio reste isolé. […] Les « jeunes » affectent un éloignement de plus en plus marqué pour l’œuvre de d’Annunzio. […] Mais le lyrisme mythique de d’Annunzio dérive aujourd’hui de celui de Pascoli, en est complété et le complète. […] En haine de d’Annunzio, triomphateur éclatant, on aime Pascoli, triomphateur discret.

10. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

D’Annunzio est de nature païenne, car le paganisme a imprégné assez longtemps les origines de son milieu pour que son génie soit fonction, non de la civilisation, mais de la terre italienne elle-même. […] Goethe est un païen par éducation, d’Annunzio l’est de naissance et tend à devenir le chrétien que Goethe a cessé d’être. […] Faust devient amoureux d’Hélène après un épisode dont nous retrouverons l’équivalent mystique et matériel dans d’Annunzio. […] Mais la présence ou l’absence de E. de Amicis, de Fogazzaro, de Carducci, de Rapisardi, de Pascoli, de Mathilde Sérao, de Grazia Deledda, de d’Annunzio lui-même, ne semblent pas devoir exercer une notable influence sur les toutes dernières générations littéraires d’Outre-Monts. […] Elle ne servit qu’à la cause prosodique de Carducci, d’d’Annunzio — nourri, au surplus, et très nourri, de littérature française parnassienne, symboliste et enfin vers-libriste — a pris l’élan de son lyrisme.

11. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Pica nous donne de Poictevin ou de Huysmans et même de France et de Barrès. […] La chronique littéraire italienne retentit ce mois de l’écho des batailles inattendues dont les œuvres dramatiques de d’Annunzio ont été saluées. […] Et la première c’est que l’art dramatique de d’Annunzio n’est qu’une conception de son cerveau. […] Nous voyons avec les yeux de ces fantômes, qui, à leur tour, voient avec les yeux de d’Annunzio ; impression de troisième degré, impression nulle. […] Il était si facile, au contraire, d’accepter la morale, ou mieux le manque absolu de morale dans la tragédie de d’Annunzio, et de combattre celle-ci sur le terrain de l’art dramatique !

12. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Les Novelle della Pescara, de d’Annunzio, les nouvelles siciliennes de Giovanni Verga et de Luigi Capuana, du Romagnol Beltramelli ou de la Sarde Deledda, voire même de la Napolitaine Sérao, composent peut-être la meilleure partie de la production italienne contemporaine. […] Dans la phalange des « jeunes » on ne peut pas encore remarquer celui qui s’élèvera à la hauteur, à l’ampleur réelle d’un Pascoli ou d’un d’Annunzio. […] Ce réveil poétique est vaste, après le vague sommeil de la génération contemporaine de d’Annunzio. […] Il évoque l’Hellade, à la manière de Goethe imité par Carducci, ou de Carducci imité par d’Annunzio. […] Elles sont remplies de marchands, d’étrangers, de soldats et de femmes.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Après l’exaltation presque exclusivement politique de l’œuvre de Carducci, où la conscience nationale, dans la platitude générale, retrouvait quelques rythmes de fierté et une langue renouvelée ; après les affirmations tour à tour parnassiennes et symbolistes de l’art de d’Annunzio, où la langue devenait précieuse et incomparable œuvre de virtuose ; après les douceurs lunaires et potagères de la poésie de Pascoli, souvent toutefois très belles, les jeunes demandent à l’art d’autres émotions, d’autres réalisations, d’autres fécondations. […] D’Annunzio demeure isolé, enfermé dans ses grands rêves tragiques ; l’esprit littéraire italien, fatigué de l’antique domination du poète froid des élégances, ne comprend pas encore que celui-ci a atteint le plus pur sommet de sa force avec ses tragédies. […] Il y en a qui font de l’impressionnisme plein d’émotion et d’ironie souriante. […] Le sentiment central de l’œuvre de M.  […] Ce jeune homme, plein de talent et d’activité féconde, était le fils de M. 

14. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

On était déjà fatigué de la luxueuse marqueterie de d’Annunzio et on était dans la recherche et l’attente de quelque chose de nouveau. […] Les mêmes critiques dont j’ai parlé tout à l’heure ont voulu reconnaître dans son œuvre les influences de D’Annunzio et de Pascoli. […] D’Annunzio ne peut pas être médiocre. […] C’est d’Annunzio qui prend une chose quelconque et qui l’écrit. […] Serra relève, dans « l’intérêt du snobisme », « une des causes de la fortune de d’Annunzio ».

15. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Chez d’Annunzio cette complication dramatique du paysage représente l’effort maximum pour renoncer aux illusions de ses romans, où il semble croire à la volonté et à la liberté d’action dans l’individu considéré en lui-même et seul, telle une monade globale de sentiments et d’émotivité qui effleurent à peine les convulsions de la collectivité environnante et enveloppante. Tout d’abord le théâtre de d’Annunzio se confina tout simplement dans les domaines du rêve. […] Plein de ce sentiment presque parfait de ce qui était « l’esprit tragique », d’Annunzio s’est approché de Wagner, et il a écrit Francesca da Rimini, pour aboutir ensuite à cette intéressante conception d’une Tétralogie des Abruzzes, qui commence avec la Fille de Jorio. […] Domenico Milelli, de ce vieux, mort de misère, et de M.  […] Malheureusement, ce qui manque encore à d’Annunzio c’est une grande puissance intérieure qui puisse grouper les esprits, non autour d’une formule pathétique, mais autour d’une idée, synthétique et nouvelle, d’une idée de race et non d’une formule, d’une idée tragique.

16. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Il y a un an à peine il exultait d’admiration pour l’œuvre toute plastique de d’Annunzio, et aujourd’hui le Marzocco prêche un art au fond moral et universel, avec un but et une leçon de vie. […] Il est notoire qu’en bon imitateur de Frédéric Nietzsche M. d’Annunzio prêche dans ses livres et ses discours la religion de la joie. […] Je veux signaler les Odes civiles de d’Annunzio et de Giovanni Pascoli. […] , l’Ode aux marins morts en Chine ; trois merveilles d’harmonie, d’images, de pensées, de mouvement, qui nous rappellent le d’Annunzio des beaux jours, lorsqu’il n’était que poète et artiste et que la politique ne l’avait pas encore empoisonné. […] Les Odes de d’Annunzio et de Pascoli devraient logiquement paraître dans cette grande Revue, et elles y paraissent, au contraire, en seconde édition, ou n’y paraissent pas du tout.

17. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Souvent, le lyrisme de d’Annunzio, comme toujours, est fatigant et vain à force de « littérature », par l’exagération de ce « pathos esthétique » qui enlève, depuis plus de vingt ans, tant de beauté, d’éternité, à l’œuvre du poète des Laudes. […] C’est à cela que le génie réel, incomparable, de d’Annunzio doit ses tares et ses faiblesses. […] D’Annunzio, se rajeunissant miraculeusement, écrivit ses premiers chants nationaux, sa Chanson de Garibaldi et le début de ses Laudes du Ciel et de la Terre, de la Mer et des Héros, et Pascoli songea aux Chansons du Roi Enzo. […] Mais tandis que d’Annunzio avait été le poète d’une génération de transition, et d’une courte époque de dilettantisme effréné, Pascoli avait chanté presque dans l’ombre toute sa joie de vivre et de souffrir en douceur, toute la bonté des promesses et des souvenirs, de la vie merveilleuse et de la mort immanente, telles que les choses humbles et solennelles, les campagnes, les hommes et les traditions des campagnes, les révèlent à tout instant. […] Si l’on écarte de l’œuvre de M. 

18. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Revue de la littérature française de Belgique depuis 1870. […] Butti élaguée de tous ses détails et de bon nombre de personnages. […] De là un air d’ennui et de lassitude qui se communique peu à peu au lecteur. […] Il y en a de toutes sortes, d’ineptes et de charmantes, de grossières et de délicates, de longues et de brèves. […] Il y avait d’Annunzio, Fogazzaro et plusieurs aujourd’hui oubliés déjà, mais on attendait les traductions françaises des romans de d’Annunzio pour s’apercevoir de son existence chez nous.

19. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

Si le récit de si peu d’événements emplit près de quatre cents pages, c’est que l’auteur avait à dire, en même temps, tout ce que lui suggérait d’idées adventices cette brève tragédie. […] Peut-être a-t-il été fâcheusement influencé par la fluidique faconde du Tolstoï de la dernière heure, de l’insupportable prédicant de la Sonate à Kreuzer ; cette influence, du moins, ne s’est pas étendue au style, qui ne manque ni d’art ni de charme dans sa simplicité un peu rigoureuse. […] Les œuvres de cet artiste sont fort rares : le Louvre ne possédait de lui que quelques dessins. Ce portrait semble représenter l’une des deux femmes de Lionel d’Este, duc de Ferrare, une pâle tête aux cheveux blonds relevés qui se profile sur un fond de ciel et de fleurs, œillets et ancolies ; tout autour, des vols de papillons. […] On ne peut pas dire, cependant, que l’influence de Baudelaire ait été bien appréciable en Italie, car, mis à part un Carducci ou un d’Annunzio, les baudelairiens italiens furent, sont et probablement seront d’une grande médiocrité.

20. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

de M.  […] Après le scandale Butti, nous avons eu le scandale d’Annunzio, car les hommes n’ont pas encore appris que le seul moyen de tuer un écrivain ou une idée c’est le silence. […] Cette vision profonde de l’univers, de ses avatars, de la vie et de la mort, est digne de Shelley. […] Ce n’est qu’une vache, mais toute dessinée au trait et avec combien d’amour… Les voici à l’œuvre les mains et les yeux humbles dont parle d’Annunzio à propos de Segantini. […] Toute cette série d’œuvres de douleur épuisée, Segantini veut se rajeunir en une qui soit un resplendissement de jeunesse, de lumière et d’ivresse printanières, un coup de théâtre de clarté, d’amour et d’enchantement.

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Domenico Gnoli, sous le nom de Giulio Orsini, a cessé d’être un poète de second ordre. […] Mario Rapisardi, et de l’art épique de M.  […] Elle résume nettement la pensée de Guyau sur les conceptions de temps et d’espace, et surtout sur la précédence de l’idée de l’espace à celle du temps. […] L’étude de M.  […] La maison Laterza, de Bari, fondée bien après celle de Hoepli, de Milan, de Bocca, de Turin, et de Sandron, de Palerme, est arrivée en peu d’années à s’affirmer digne de la plus grande reconnaissance de la part des intellectuels italiens aussi bien qu’étrangers.

22. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

De l’Authenticité des Annales et des Histoires de Tacite, par P.  […] Enfin il y a l’autorité de M.  […] L’idée seule de ce Don Chisciottino, comme celle d’un roman antérieur, Monsieur Moi, montre un écrivain moins préoccupé de larmes et de rires productifs que de larges et curieuses synthèses. […] Robiati, de Stendhal et de De Sade. […] Roux), roman, un peu à la Verga, où il y a de réelles promesses de talent.

23. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

De là, aussi, la concordance des citations : presque tous les interrogés citent les noms de d’Annunzio, Fogazzaro, pour la littérature, de Segantini, Michetti, Sartorio, pour l’art, de Verdi, Puccini, pour la musique. […] ou de la Cérémonie du Champ de Mai ? […] Ojetti n’a pas su encore s’arracher à une certaine imitation formelle et phonique de son ami d’Annunzio ; peu de chose, sans doute, mais un lecteur attentif ne s’y trompe pas. […] Je pense aussi que la langue dont l’auteur se sert a beaucoup gagné, en oubliant complètement et définitivement les exemples de d’Annunzio, tout en se conservant riche, flexible, cristalline. […] Un grand nombre de portraits, de reproductions de monuments en augmentent l’attrait.

24. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

au tréfonds d’elle-même, quelque chose de pervers et de maladif. […] Cette idée provient d’une remarque de métier. […] Sa synthèse de l’œuvre de M.  […] Regardez la Ca d’Oro, maison d’aubépine. […] Sa langue, son style, ne dérivent d’aucun des deux poètes « majeurs » vivants : d’Annunzio ou Pascoli.

25. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Van Rysselberghe, d’Annunzio par Mme Romaine Brooks. […] Mais d’Annunzio était déjà connu à l’étranger et on s’est plu à imaginer le Barde qui revenait exprès de l’exil pour conduire son peuple à la victoire. […] D’Annunzio avait beaucoup perdu de son ancienne popularité (qui n’a jamais été cordiale) et il a accompli son geste pour conquérir sa place de « poète national » qu’il ambitionne depuis longtemps. […] D’Annunzio a parlé avec lyrisme du « printemps d’Italie, printemps de bonheur et de sang ». […] Tout dépend de l’entrée en jeu des troupes de secours franco-anglaises, de leur mode d’action, de leur nombre, de leurs masses.

26. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Il est plus aisé de peindre des Ogres et des Géants que des Héros et d’outrer la nature que de la suivre. […] On me vole toujours un tome de l’Arioste, on ne m’a jamais volé un Dante… Ceux qui ont quelque étincelle de bon sens doivent rougir de cet étrange assemblage, en enfer, du Dante, de Virgile, de saint Pierre, et de Madona Beatrice. […] L’Italie est fatiguée de se nourrir de littérature française, et de servir par là aux intérêts des écrivains d’en deçà des Alpes. […] À côté de d’Annunzio, quelques dramaturges italiens continuent leurs œuvres de pensée ou de sentiment, et contribuent à la « nationalisation » de leur théâtre. […] Sfinge aussi crée un type de parfaite volonté de liberté.

27. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Ce roman intéressant, quoique écrit avec une redondance quelquefois fatigante, met l’auteur hors de pair : ou commence à citer son nom en même temps que ceux de Fogazzaro et de d’Annunzio. […] On sent, en Italie, le défaut non seulement d’un grand centre littéraire, mais aussi même de cénacles et même de coteries ; pas d’écoles, partant pas de querelles, pas d’émulation, pas de critique des idées, pas de souci de continuer ou de violer la tradition. […] Il fallait dire quelque chose de l’homme, de sa vie, de ses œuvres. […] Ojetti vous a donné une heure de distraction, il s’est montré homme d’esprit et de goût. […] J’ai dit d’avance que ce travail de M. 

28. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Rapisardi, a publié une contrepartie de l’ode de Carducci, intitulée All’Utopia et qui contient de belles strophes. […] Celega ; une étude de M.  […] De son vivant, cette espèce de Marquis de la Seiglière de la critique littéraire faisait plaisir. […] Le plaisir de les contempler les consolait de leurs maux. […] Ruisselantes d’yatagans et d’étendards, les hordes de l’Islam s’avançaient.

29. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Un des plus distingués historiens d’art d’Italie, M.  […] Ils apportèrent de faux ordres de repli. […] La correspondance de Boïto met en relief les qualités de cœur et d’intelligence de ce bel artiste. […] Notre Rome exultante, enivrée de la passion de l’héroïsme de la justice, de la gloire ! […] Guido Monacorda, de l’Université de Catane, puis de Naples.

30. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Wundt, de l’Université de Leipzig. […] Lodge, de l’Université de Birmingham, et de l’Allemand G. von Below, de l’Université de Fribourg-en-Brisgau. […] Collins, de l’Université de Londres, et de l’Allemand E. Mejer, de l’Université de Berlin. […] Il y eut de ci dede fausses manœuvres.

31. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

» De la compréhension de la Forme naît la connaissance de l’harmonie, seule manifestation de la Beauté ; et c’est aller aux confins de l’Esprit humain que de la saisir dans toute sa pureté, comme l’ont fait les génies de la Grèce. […] Medardo tient de cette bonne race et s’annonce par de belles promesses physiques d’attaque et de résistance sur le terrain de lutte ou il s’est placé. […] Rosso vend une épreuve de chacune de ses études. […] S’agit-il donc de polychromie ou de patine ? […] Ermini de se transporter en l’une ou l’autre de ces illustres cités et de méditer longuement.

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

Le moment où il se sépara de cette jolie créature, dont la destinée énigmatique avait pimenté l’agrément de leur liaison, compta certainement parmi les heures les plus cruelles de sa vie, qui ne s’embarrasse pourtant pas, d’ordinaire, de regrets inutiles, de remords, ni de vaines tristesses. […] Pendant toute la suite de l’entretien, il n’aura d’autre préoccupation que de se tenir sur la défensive, et de ne plus donner prise aux saillies de son interlocuteur. […] Les réponses de Casanova sont telles qu’on pouvait les prévoir, étant donné qu’il s’agit d’un Vénitien, et d’un Vénitien qui s’est mêlé comme lui d’écrire et de plaire. […] On pouvait lui associer les idées d’empire, de souveraineté, de domination monarchique dont il est difficile de se déprendre à ce moment de l’histoire de Rome. […] Et, de fait, toute l’œuvre d’Auguste, à Rome, relève d’un point de vue purement conservateur.

33. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

De nombreux commentaires ont été faits, par des régents qui ne virent qu’un art poétique, une sorte de philologie mêlée de prosodie dans ce traité de cryptographie ou de stéganographie. […] Parmi les virils il y en a de sylvestres, d’urbains, de peignés, de coulants, de hérissés, de boursouflés, ceux-là qui résonnent inutilement. […] La grammaire de Dante, cette inaltérable conformité de manière, doit s’entendre de penser autant que de parler. […] Pour trois raisons, une de convenance, l’autre de libéralité et la troisième d’amour. […] L’idéal d’un Michel-Ange ou d’un Véronèse, dès qu’une fois il s’est fixé, rien ne l’empêche plus de se développer librement et de répandre au cœur de l’artiste l’orgueilleuse joie de la création.

34. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Il se sépara de la Religion et devint une chose de luxe. […] Inutile de raconter à ce propos toutes les histoires que tout le monde sait, de Marc-Aurèle, de Jules Romain, etc. […] De la pièce de M.  […] La dernière partie de l’article de M.  […] Ce n’est que très tard, après la conquête de la Grèce, qu’ils commencèrent à se préoccuper de la beauté ; ils transportèrent d’abord les statues et les peintures de Syracuse, de Capoue, de Corinthe, de Carthage.

35. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Guido Bosio, qui (Gazetta Letteraria) rédige sur Wagner des phrases à résumer ainsi : « Wagner était un dégénéré supérieur, atteint de délire des persécutions et des grandeurs, de folie mystique, de folie anarchique, de graphomanie, d’incohérence, d’émotivité exagérée, de psychopathie sexuelle et de fanatisme religieux. […] Le volume de M.  […] Cet aveuglement a produit ce qu’on sait de pires balivernes, de poncifs vides et laids, de rondeurs sans signifiance. […] Qu’aurait fait Raphaël de Gall et de Lavater, de Desbarolles ou de Charcot ? […] N’avons-nous pas assez de concierges, de cireurs de bottes qui se mettent du « métier de la Peinture » ?

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Auprès d’eux, une jeune personne, accompagnée d’une duègne, contemplait avec tristesse une paire de boucles d’oreilles en strass dont le prix semblait trop élevé pour sa bourse. […] Vint le jour de l’échéance. […] C’est vers la fin de septembre 1763 que je fis la connaissance de la Charpillon, et c’est de ce jour que j’ai commencé à mourir. […] À ce titre, tout ce qui a le caractère d’une confession, d’une autobiographie, d’un journal intime, que ce soit les Dialogues de Lucien ou les Mémoires de Casanova, l’intéresse particulièrement. […] C’est le même principe de décoration, oiseaux affrontés, qu’ils soient paons ou faisans, qui dicte le thème de ces chapiteaux et celui des médaillons de mosaïques de la Ziza et de la chambre dite du roi Roger, au Palais Royal.

37. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

Ce qu’il nous donne est d’ailleurs considérable, cette Venise du xviiie  siècle, étudiée, ou plutôt racontée, décrite (car rien de plus descriptif que ce livre) dans cette nuance d’âme qui fut la sienne, singulière, mais heureuse en sa légèreté harmonieuse ; dans cette nuance, composée, en sa claire unité, de légèreté, de festivité, de sensualité fine, de galanterie ingénieuse, de tendresse, d’esprit, de sens du comique et du menu, avec la largeur de son amour de la mélodie et de l’éclat de son amour de la couleur. […] Sans doute élève lui-même de Gentile da Fabriano dont il fit un portrait de profil aujourd’hui perdu, il fut à Ferrare le concurrent heureux de Pisanello lui-même, pour obtenir la charge de portraitiste de Lionel d’Este. […] Les deux peintres, qui pendant un certain temps eurent tant d’affinité d’esprit, furent rivaux à la cour de Ferrare, et ils se distinguèrent de leurs contemporains par leur caractère de précurseurs. […] S’il subit dans ses premières œuvres, dont les madones de Vérone et de la collection de Stuers à Paris sont le type, l’influence d’Antonio de Negroponte et peut-être aussi celle de Gregorio Schiavone, l’élève du Squarcione, dès son départ de Venise, sa personnalité se développa en toute indépendance et le perfectionnement de sa technique ne subit guère d’arrêt. […] L’hiératisme de ses vierges, la fidélité de ses représentations de fruits, de fleurs et d’oiseaux, le bel équilibre décoratif de sa composition, la richesse de son coloris nous séduisent infiniment.

38. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Je n’eus pas de sursauts et de frissons à la vue d’un cher visage, au son d’une voix chère. […] J’avais le désir de l’amour, mais non le pouvoir d’aimer. […] C’était un doublon d’Espagne de 1662. […] Aucun jet d’eau ne s’élançait plus de son sein. […] Tu comprends mon envie de savoir et d’écouter.

39. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

Mais la gravité même et la violence de la crise religieuse et son universalité montrent qu’il y a là une période de recherche anxieuse d’un nouvel équilibre entre la religion et la vie, et non de dissolution de celle-là. […] La démocratie devient ainsi, dans son intime substance, un fait de caractère religieux de création et de formation des consciences, prises dans la totalité de leur vie. […] Ainsi il ne s’est jamais plaint de son séjour à la prison, ni de ses punitions de cachot, ni de la perspective de la perpétuité de son internement : il a même à ce sujet une certaine philosophie et dit : « La vie est brève. […] Si l’œuvre a un grand air décoratif elle manque complètement, ainsi que je l’ai déjà à plusieurs reprises fait remarquer, de plénitude de formes, de franchise de modèle, de caractère. […] Autant le portrait de compositeur est d’un saisissant relief, autant la Muse idéale est d’une plate convention.

40. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Les grands et profonds sentiments humains de douleur comme de joie, d’attraction comme de répulsion, ont toujours en eux quelque chose de religieux ; et l’individu qui les éprouve est attiré irrésistiblement à la dévotion ou à l’admiration envers l’Être qui lui apporte la réalisation de son rêve ou l’apaisement de ses douleurs. […] De fait, il n’y a rien ici qui ressemble à ce que nous concevons d’habitude comme un livre de voyage, soit le récit plus ou moins pittoresque d’une traversée et de ses incidents, avec des aperçus généraux ou des descriptions. […] Les pierres sont de l’âme figée, et sous les arbres d’Italie, oliviers, chênes-verts ou pins-parasols, tous plus épais de souvenirs que de frondaisons, on est envoûté à la fois d’ombre et de passé. […] Grâce au catalogue détaillé qu’ils donnent des 646 tableaux de la collection, accompagné des indications de lieu de destination, de date d’envoi, de reproductions, etc., et grâce au classement par musée avec renvoi aux nos du catalogue, il sera désormais possible de savoir immédiatement où a passé telle œuvre. […] C’est pourquoi l’âme immortelle d’Hellas n’a cessé de vibrer au cœur de ses poètes, comme au cœur des grands Italiens qui firent l’unité nationale s’exalte l’âme de leur patrie.

41. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Il paraît rationnel de croire que les moteurs du ciel de la lune sont les Anges, que ceux de Mercure sont les Archanges, et ceux de Vénus, les Trônes. […] Chacune de ces vertus a deux ennemis collatéraux, deux vices, l’un d’excès, l’autre d’insuffisance. […] Le pers, mélange de pourpre et de noir, ressemble à la vertu, mélange de noblesse et de passion. […] La bonté de l’âme dépend de la nature du germe, de la disposition du semeur et de celle des cieux. […] Quelle destinée pour une doctrine que d’échapper à la codification, aux commentateurs et d’exploser, d’époque en époque, comme un tonnerre de beauté !

42. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Il eut au plus haut degré tous les attributs d’orgueilleuse perversité, de suprême sagesse, indifférente à tous les détails de la vie et de la mort du bétail humain, d’amour de la vie et de volonté à tout moment plus forte que le sort, que Machiavel invoqua pour le parfait Prince. […] Il fut ensuite l’ami et l’ennemi de Charles VIII, et l’ennemi de Louis XII. Sans souffrir aucune contrainte à son formidable besoin d’empire, il accepta d’avance tous les dangers qu’il se créait par chacun de ses actes, et avec les armes redoutables de sa force et de sa ruse, il chercha à triompher d’eux, jusqu’au jour où il fut le vaincu. […] La dévotion de Ludovic, après la mort de Béatrice d’Este, hanta pour quelque temps le cœur et l’art de Léonard. […] Il faut que ce comité ne réponde pas à de vagues aspirations, mais qu’il comprenne la beauté, la perfection de sa mission qui doit le pousser à chercher à Amboise les restes de Léonard, et dans la collégiale du château de Loches, ceux de Ludovic.

43. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 236, 15 avril 1907 »

Le débat religieux prend plus de netteté et de vigueur. […] Clermont est l’auteur des deux premières parties de l’ouvrage, relatives à l’expédition de Rome et à la Convention de 1864. […] Émile Bourgeois s’est réservé de conclure, en étudiant de son côté l’essai de triple alliance de l’Empire finissant. Dans son histoire de l’expédition de Rome, M.  […] L’illusion de ce modus vivendi se retrouve cependant au fond de la Convention de 1864.

44. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 229, 1er janvier 1907 »

Il comprend les événements qui se succèdent depuis la fin de la guerre de Pérouse jusqu’à la chute d’Alexandrie. […] Ferrero nous montrait celui-ci méditant la mise à exécution de la dernière grande pensée de César : la conquête de la Perse. […] L’historien continue presque exclusivement de ce point de vue l’étude du rôle d’Antoine. […] Du traité de Brindes jusqu’à l’accord de Tarente, période remplie par les premières phases de la lutte entre Octave et Antoine, celui-ci, constate M.  […] Car on ne peut expliquer que par les effets d’une passion dégénérée l’acceptation d’un plan de retraite qui, dans la situation nullement désespérée, avantageuse même, de l’armée d’Antoine sur le promontoire d’Actium, était une pure absurdité.

45. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

Le bouddhisme apparaît bientôt tel qu’un amas d’absurdités qui ne le cède en rien au catholicisme, la mentalité d’un lama étant toute voisine de celle d’un capucin. […] Quelques-uns cumulent, et, non contents de parler de l’immortalité de l’âme, en cherchent la preuve dans la danse des tables et dans les jongleries d’Eusapia Paladino. […] tout cela vient peut-être de Nietzsche et de son surhomme ! […] Ces livres, il est oiseux de le dire, ont disparu depuis longtemps de la vitrine de M.  […] C’est une figure de jeune femme enveloppée d’un ample chiton qui tombe de son épaule droite et d’une draperie plus mince qui laisse transparaître les formes d’un corps admirable ; le bras droit manque, la main gauche tient un large disque brisé sur lequel on voit les restes d’une couronne d’olivier et d’un écrin qui devait être supporté par de petites griffes.

46. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 246, 15 septembre 1907 »

Cependant elle souffrait de la détresse financière de l’Académie ; en 1756, Cochin sollicite de Marigny l’ordre de faire partir pour l’Italie les cinq élèves protégés qui doivent remplir les places vacantes à l’école de Rome. […] Cela prouvé, j’ay l’honneur de vous supplier de fixer le séjour des architectes à Rome aux trois années, qui leur sont suffisantes, de l’aveu de tous les architectes consommés. […] Et dans le cas où il ne se rencontrerait pas de ces vocations qui cependant sont assez fréquentes, vous seriez à portée de gratifier de prolongation les pensionnaires de qui vous recevriez des témoignages favorables. […] Vous pourriez accorder à son fils une place de pensionnaire qui serait composée en partie de ces quatrièmes années. […] Hofmiller, éveilla chez lui l’idée de sagacité et de saleté.

47. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

À mon avis, il serait également absurde d’admettre la dissolution du sentiment de l’amour. […] La Religion est l’Art de la Foi. […] Le Poème est son acte de foi. […] Le mouvement est en synthèse. — Il y a aussi réaction contre un formulaire imbécile et dépourvu de valeur, et une renaissance idéaliste : nous demandons, de par la conscience moderne, la décadence d’une institution qui nous répugne, incapable de satisfaire au besoin de certitude et de repos qui nous angoisse. […] Vendeurs, commissaires-priseurs, experts ont juré de provoquer une épidémie de méningite !

48. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 233, 1er mars 1907 »

Une bonne partie de son œuvre se compose de poésies politiques, et de politique nationaliste. […] Il ne faut pas à la fois admirer le patriotisme de Carducci et mépriser celui de M.  […] Nous serions bien naïfs de les admirer, d’autant plus qu’elles ne sont pas admirables. […] Son nom est acclamé comme celui d’un « père de la poésie ». […] Palmarini, ne craint pas de déclarer dans les colonnes d’un grand quotidien que le gouvernement a le devoir de penser à la fortune des poètes.

49. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 241, 1er juillet 1907 »

D’où venons-nous ? […] Le premier consiste essentiellement dans le sentiment d’unité et de subordination du Moi au Tout. […] » Je réponds qu’ici n’est pas de mise l’aut, aut de la logique. […] La véritable religion, qui persiste au milieu des conflits théoriques, dogmatiques, liturgiques et ecclésiastiques, est celle de la charité, de la bienfaisance, de la justice et de la sainteté, fondée par Jésus de Nazareth. […] Ce sera encore l’avenir de la religion chrétienne, pendant des siècles dont il n’est pas facile de prévoir le nombre.

50. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXII »

Peut-être est-ce le propre d’une âme, source de grandes choses, de n’être pas gracieuse dans le moment de l’action où elle cherche de toutes ses forces. On se moquera de l’épithète de « grandes » donnée à mes actions d’hier. […] Tableaux négligés de Jordaens (de Naples). […] Elle me montra une lettre de Cimbal avec complaisance, mais seulement une ligne de celle de Turenne. […] Sur le mot « grand », comparaison d’Ulysse dans un antre formé de bloc de rochers sans cric et d’un maçon avec cette machine.

51. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXIX »

C. citadelle ; travaux considérables auxquels on dépense, dit-on, 12 000 écus par jour ; B. arc de triomphe bien conservé de… à six pieds de la mer ; C. fanal au bout du môle ; D. porte de France ; F. petite jetée en simples blocs de pierre. […] Son père vit avec une servante de la maison, ce qui fait le malheur de L. […] La comparaison de Mme de Palfy et de Mlle Mimi de Bé… et de… me montre clairement qu’un des effets de l’ennui est de plonger dans une inactivité apathique qui augmente l’ennui, et qu’un moyen presque sûr d’éviter ce gouffre affreux est de se livrer, comme lady Gaybut Grabu, à une activité extrême. […] J’ai écrit la portée de sa voix pour lui envoyer de la musique de Mozart. J’ai tiré de son maître la confirmation entière d’une idée à moi.

52. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Introduction] »

Casimir Stryienski, avec une préface de M. de Nion. […] Le Journal de Stendhal, relatant les événements de son adolescence, et, en quelque sorte, son éclosion intellectuelle et sentimentale, est un document de premier ordre. Quoique diversement accueillie par la presse, cette autobiographie a permis à de nombreux critiques de renouveler l’exégèse stendhalienne. […] Stryienski, et provenant de la collection de M. Auguste Cordier, à qui nous laissons la parole : « Le texte est de la main d’un copiste, très incorrect, avec notes, annexes et corrections de la main de Stendhal.

53. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXX »

Bar. et Lam. m’ont paru manquer d’esprit. […] Voir les notes de Monti dans ses traductions de Perse. […] C’est un de ses titres pour plaire à une certaine classe de niais. […] (Le 20 septembre, j’ai eu deux marques de naturel, franges de schals, pistolet de… arrêté dans la forêt de Wothenbuttel et, sur-le-champ, deux manques de succès. […] Aisance et naturel de Milanese.

54. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

Milanese avait peur d’être assassiné en venant de Lodi. […] [Hier, 23, croyant suivre les conseils d’une politique sage et plein d’un transport d’amour qui agitait mon âme et me laissait la froideur et le coulant d’un homme qui veut parvenir à une chose difficile, je suis parti de Milan à 2 h. 1/2 pour Varèse. […] Après 2 milles, on aperçoit le lac de Varèse et un mille plus haut celui d’Arona, le lac Majeur. Le soleil se levait environné de vapeurs. […] Je craignais toujours d’oublier quelque chose.

55. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIII »

Je désirais être maître de sortir et de rentrer pendant la nuit. […] Je n’ai pas eu besoin de commettre cette imprudence. Ang. en a commis une qui fait bien comprendre la différence de l’amour italien et de l’amour français. […] Cette malheureuse portantine n’était point élégante du tout ; elle était formée de quelques bâtons, d’un carreau, d’un morceau de toile jeté sur les bâtons et d’un parapluie de toile cirée, passé entre les bâtons supérieurs et dont j’avais le manche contre la joue. […] Il eût été mieux de s’assurer de la position de mon logement.

56. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIX »

J’ai été mécontent sous tous les rapports : 1° du coloris ; 2° de l’expression. 1° le coloris est l’opposé de celui de Vinci. […] Sans sortir de la nature, la figure de M.  […] Une tête de Christ, de Guido Reni, que j’ai trouvée dans l’atelier de Rafaelli, a été pour moi une terrible critique du tableau de M.  […] La gravure de Morghen me fait beaucoup plus de plaisir. […] Relief d’un profil du Titien.

57. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXII »

Je lui dois d’excellents traits de caractère sur les Calabrais. […] Il y avait à Naples, avant la dynastie de Napoléon, des nobles de deux classes. Ceux de la première jouissaient de beaucoup de distinctions. […] Il ne tiendrait qu’aux pédants de Naples de se réjouir de ce qu’il n’y a presque pas de filles ; mais c’est qu’elles ne feraient pas leurs frais, vu la grande concurrence (L.). […] Cependant il est facile de distinguer un Napolitain d’un Français.

58. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXV »

Je comptais commencer ce journal par la copie d’une lettre d’amant malheureux que je viens d’écrire à la comtesse Simonetta. […] Le ciel m’est témoin que j’ai écrit hier à A. une lettre d’amant malheureux pleine de délicatesse et d’un style ferme. […] dans les mémoires du comte de ***. […] Je n’ai pas eu le temps d’être naturel et par conséquent de jouir. […] Elle m’a parlé de tout quitter et de me suivre en France.

59. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907 »

Historiquement à la suite des impressionnistes français, les impressionnistes italiens ne négligent aucun moyen de se distinguer de leurs devanciers : d’où cette étiquette, « divisionnistes », qui n’est pas heureuse. « Impressionnisme » a le grand avantage de ne rien signifier : quoi de mieux qu’une « mesure verbale pour rien » qui permet, dans ce demi-silence, à tous les esprits de s’entendre, à toutes les compréhensions de se rencontrer ? […] Est-ce le moment de me souvenir que j’ai des premiers défendu cet artiste, alors qu’on lui résistait ? La joie nous suffise de la cause gagnée, du triomphe mérité ; récompense, où puiser de nouvelles forces d’espérer et de vouloir d’autres actes de justice. […] Dispersion de la collection Rodolphe Kann [extraits] […] On aurait peut-être pu retenir quelqu’un des merveilleux Rembrandt qu’étaient le Portrait de Titus, le Portrait d’un savant, le Christ et la Samaritaine, ou le suave profil de Giovanna Tornabuoni par Ghirlandajo, ou l’Escarpolette de Fragonard, sans doute le chef-d’œuvre de ce peintre. […] — Parmi les primitifs italiens et flamands, outre le Ghirlandajo mentionné plus haut, on admirait, présentés dans un cadre exquis, des fresques de Luini, des tableaux de Benozzo Gozzoli, Andrea del Castagno, Giovanni Bellini, Dirk Bouts, Rogier van der Weyden, Memling, Gérard David, etc […] Pierpont-Morgan a acquis plus d’un million le Portrait de Giovanna Tornabuoni. […]

60. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXIII »

L’hiver, ils ajoutent à leur vêtement un morceau de gros drap de laine dont ils se font une espèce de manteau. Ces gens, comme on le voit, n’ont pas de besoins. […] De là vient la misère de presque toutes les veuves d’artisans et de leurs enfants. […] Il est autorisé de la sorte. […] Ils aimaient beaucoup le roi Ferdinand, qui parlait leur langue qui est pleine de vivacité, de comique et de gestes indécents.

61. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LVIII »

La plus belle vue du monde, probablement, est celle dont on jouit de la maison de l’hermite. […] Les noms de Mme de Staël et de Schlegel. […] C’est cela et non pas un goût de muscat. […] (Elle me coûte 40 frs. de Naples à Terracine : on m’attrape de 4 à 5 fr.) […] De Naples, on ne l’aperçoit que de profil.

62. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVI »

On se sert de caisses recouvertes de velours brodé en or. […] Les frères se rendent tour à tour le service de s’enterrer. […] À Naples, comme à Paris, quand la cour prenait le deuil, tout le monde, jusques aux artisans, se trouvait de la Cour et se mettait en noir. — Naples a un grand nombre de boutiques de glaces et de cafés. […] Les Napolitains sont très soumis au gouvernement ; mais ils veulent parler de tout, décider de tout et ils le font en criant, à tue-tête. […] Il y a loin de là au salon de Mme du Deffand.

63. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LVII »

Nous descendons dans le théâtre d’Herculanum, impression d’un masque. […] Façade excellente, pleine de chaleur. […] Celle de Balbus, fondateur du théâtre d’Herculanum, à cheval. […] Si j’eusse eu ici une société comme celle de Mme Simonetta à Milan, ou de M. Lamberti, par exemple, la vue des lieux, mêlée d’observations sur les mœurs, m’eût donné beaucoup plus de plaisir ; au contraire, j’étais excédé du manque d’esprit et du mauvais ton de M. 

64. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXV »

Leur amour pour tout ce qui est spectacle perce de tous les côtés. Le peuple se sert beaucoup de tambours, de castagnettes et d’autres instruments qu’on dit d’origine grecque. […] Aussi la religion est-elle une superstition pleine de vivacité. Les jours de fête, les églises sont changées en une espèce de théâtre, décoré d’étoffes et de musique, et toutes les chaises sont tournées vers l’orchestre et non du côté de l’autel. […] On en trouve dans chaque maison et quelques-uns méritent l’attention d’un homme de goût.

65. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LIX. Musique à Naples »

Je vais extraire ce qu’il dit de la musique et qui est assez court. Page 289 de l’original in-8°, mais je n’ai pas le temps de rien observer par moi-même. […] Il est naturel de distinguer les chefs d’école de ceux qui n’ont été qu’imitateurs. […] Il était de Messine et mourut vers 1725. […] L’air Misero pargoletto de Dunofonte est un chef-d’œuvre d’expression.

66. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVII »

Le bas peuple n’a aucune espèce d’éducation. Ce sont les hommes de la nature. […] Le peuple va armé de couteaux. On lui trouve un air frappant de vilité et de bassesse. […] Les divers quartiers ont des dialectes, comme il est naturel de l’attendre d’un peuple plein de vie, pour lequel la religion n’est pas un frein, mais une passion, qui n’est presque gêné par aucune loi et qui est plein de naturel.

67. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXVI »

» Tout cela pour la lettre de Fx qui m’a appris la prolongation d’un mois. […] Il n’a pas autant de superlatifs que je le craignais. […] Pour ne pas tomber dans l’erreur de cet homme extraordinaire, je viens d’écrire 4 pages de phrases plates. […] Je répète que je jouis de la meilleure santé. […] J’ai trouvé le froid à Parme en revenant d’Anconi avec M. 

68. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXIV »

Ils observent de grandes formalités dans les plaisirs de la table. […] Les employés sont payés d’avance de leurs mois, dans toutes ces occasions. […] Alors tout est profusion ; le matin les rues sont encombrées de masses énormes de comestibles, et tout est consommé en un jour. […] (Mensonge infâme, pour tout ce qui n’est pas repas d’ostentation. On sait que les 3/4 des maisons vivent de minestra verde et de macaronni et tiranno la carozza codenti.

69. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LX »

Il mourut en 1732, à la fleur de l’âge, et, à ce qu’on dit, par l’effet du poison. […] Il beugle en 1803 sur la décadence de l’art. […] Il eut plus d’art que son élève qui passa pour avoir eu plus de génie. Le caractère de Sachini est une facilité aimable. […] (Il ne parle pas de Cimarosa !

70. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 230, 15 janvier 1907 »

On sait que l’Autriche dispute à l’Italie la gloire d’avoir donné naissance au grand peintre des Alpes. […] Et tandis que l’Autriche honore de son mieux la mémoire de Segantini, l’Italie s’en désintéresse complètement, et n’a jamais voulu acheter le célèbre Triptyque qui est la dernière œuvre et le chef-d’œuvre du grand maître impressionniste. […] Le triptyque de Segantini, que quelques artistes italiens espéraient faire entrer en Italie, vient d’être mutilé et dispersé. […] Trois autres tableaux de Segantini ont été vendus à des étrangers, qui les emporteront à Budapest et à Vienne. En Italie il ne reste presque plus rien d’important de Segantini, sans conteste le seul peintre italien moderne vraiment digne de sa gloire.

71. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIV »

Je mourais de sommeil : je n’avais pas songé à dormir dans la journée. Ne pas oublier cela ; autrement j’aurais pu m’endormir dans le lieu du péril et ne me réveiller qu’au jour, ou bien, accablé de fatigue, je n’aurais goûté qu’imparfaitement le bonheur dont deux religieuses, arrivées hier a posto, m’ont privé. Ces deux religieuses sont-elles des êtres réels ou des fantômes fils de la crainte ? Pendant toute la nuit, les âmes des héros ont gémi au fort de la tempête et ces âmes tristes gémissent encore beaucoup ce matin. […] Si j’eusse été heureux cette nuit, j’avais le projet de proposer de passer incognito ici la journée d’aujourd’hui et de ne partir que lundi matin.

72. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXVIII »

Pendant son absence du 2 au 15 novembre, j’aurai le temps d’aller à Venise et à Gênes. […] Est-il sage d’user le plaisir que peut me donner Venise, en la voyant quand je n’en ai pas soif, le tout pour pouvoir dire : « J’ai tout vu. » Elle voudrait, à cause de la prudence, que j’allasse à Venise. […] Je ne sais comment elle a été amenée à me dire avec ce naturel qui la distingue, et sans vanité, que quelques-uns de ses amis lui avaient dit qu’elle faisait peur. […] On eût dit un être supérieur, qui avait pris la beauté parce que ce déguisement lui convenait mieux qu’un autre, et qui, avec ses yeux pénétrants, lisait au fond de notre âme. […] Je l’ai attendue dans un café : au bout d’un quart d’heure, elle a repassé : nous sommes allés prendre du café et enfin, après deux heures de promenade, je l’ai quittée près de l’Arcade de la place des Marchands, toujours avec le bel Antonio.

73. (1890) Articles du Mercure de France, année 1890

[…] À côté d’un Crépuscule pastichant Millet, et de Mai, une exquise aquarelle, M.  […] J’ai tâché d’en donner une transcription en formes humaines. Un chant de chair, de matériel amour, de jeune vie et de suprême harmonie, ce maître tableau que semble avoir inspiré l’âme du Vinci.

74. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXVII »

Alle ore sei di questa sira, io passaro davante al cafe del Sanguirico ni vicinanza della mia nuova, la bothega del quale fa angolo alla Contrada del Bochetto… Il y a une erreur de sa part. […] Je crois avoir ma liberté pendant le mois de novembre. […] J’ai payé au bon Milanais 131 fr. pour la moitié des frais de poste de Foligno à Milan, seul, j’aurais dépensé le quadruple. […] Je trouvai de l’intérêt à une peinture de Giotto et à un tableau d’André Manteigne, because I have a stravagant, which cost me gia f. 104.

75. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXI »

Chapitre LXI Naples a aussi produit d’excellents chanteurs. […] On sait que ce dernier devint ministre de Philippe V, roi d’Espagne, et Duclos raconte qu’il fut modeste au milieu d’une fortune si inespérée. […] Le premier est celui de Saint-Charles, connu de tout le monde ; les autres sont les théâtres del Fondo, des Florentins, le théâtre Nuovo, le théâtre de Pontenovo ; enfin, à côté de mon auberge, on jouait la comédie dans un souterrain. Tout le monde pense que la musique est actuellement, à Naples, dans un état de décadence.

76. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVIII »

Chapitre LXVIII Retour de Naples à Rome, second séjour à Rome et route jusqu’à Ancône. Je partis (écrit le 20 mars 1813) de Naples le 11 octobre 1811, faisant au devoir le sacrifice de l’éruption qu’on prévoyait pour le lendemain. C’est le plus grand sacrifice que je puisse faire et je fus un sot de le faire. Dans le zèle, il entre toujours les 3/4 de bêtise, dit M. de Talleyrand.

77. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXX »

Chapitre LXXX Après cela, je fus trop heureux et trop occupé par les jalousies de ces MM. pour avoir le temps d’écrire. Je partis de Milan le 13 novembre, arrivai à Paris le 27 novembre à 5 1/2. […] H. de B. âgé de 38 ans, qui vivra peut-être en 1821, par son très humble serviteur, plus gai que lui. […] B. de 1811.

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