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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Et il représentait le souvenir collectif, l’âme vigilante de l’histoire. […] Mais en réalité l’âme hellénique lui demeure étrangère. […] Or, il faut remarquer, enfin, que ce réveil correspond à celui de toute l’âme méditerranéenne. […] Il se plie sous le choc de deux amours qui à un moment de sa vie tumultueuse et complexe tourmentaient son âme profondément analytique. […] Papini étudie des états d’âme assez divers, choisis dans l’humanité.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Jusqu’alors j’étais resté pur même de corps, et j’avais cherché de toute mon âme cette affection puissante et terrible dont tous les hommes sont saisis au moins une fois. […] Je possédai le corps de femmes innombrables, et sentit battre sur ma poitrine d’innombrables cœurs d’amantes, et pas même une heure je ne fus capable de mêler mon âme à l’âme de qui m’aimait. […] Tu avais laissé la partie la plus subtile de ton âme dans l’eau de ce bassin, et c’est de cette âme que j’ai vécu jusqu’à ce jour. […] Après le moi présent un autre se développera qui méprisera mon âme d’aujourd’hui comme je méprise aujourd’hui celle d’hier. […] Le son des mots qui évoquait en moi toute une scène, les associations d’idées d’un parfum, d’un nom, d’un bruit ne disaient rien à son âme.

4. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Mais les données de son âme l’entraînèrent ailleurs. Le moyen-âge catholique demeurait fermé à son âme hellénique. […] — On n’enchaîne pas l’âme ! […] Il a l’âme du troubadour et il joue au naturel Don Quichotte. […] L’âme des personnages est toujours la même.

5. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

C’est pourquoi, si l’on croit que l’humanité peut devenir irréligieuse, si l’on a l’illusion d’avoir débarrassé son âme de toute trace de mysticisme, c’est que l’on a atrophié en soi les plus nobles facultés de l’esprit, ou bien détourné les élans de son cœur vers un nouvel objet de désir. […] Parmi les premiers chrétiens de la Palestine qui vivaient encore en plein hébraïsme, lequel eût pu se représenter une évolution aussi radicale de la religiosité et apercevoir la nouveauté du message évangélique, auquel son âme s’était ouverte ? […] Les pierres sont de l’âme figée, et sous les arbres d’Italie, oliviers, chênes-verts ou pins-parasols, tous plus épais de souvenirs que de frondaisons, on est envoûté à la fois d’ombre et de passé. Comme dans l’âme romaine où les traditions s’amalgament, il n’y a souvent qu’une Rome dans le bloc de briques ou de pierres où chaque âge a maçonné ses vestiges. » Parler de la Ville Éternelle n’est donc plus un lieu commun. […] C’est pourquoi l’âme immortelle d’Hellas n’a cessé de vibrer au cœur de ses poètes, comme au cœur des grands Italiens qui firent l’unité nationale s’exalte l’âme de leur patrie.

6. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Or, la nécessité de la vengeance est l’âme de l’Histoire ; et elle est aussi l’âme de la Tragédie. […] Il n’exprime que des vérités d’âmes en elles-mêmes, en dehors de toute contradiction sociale. […] Le Destin tragique revient s’appesantir sur les âmes imprudentes. […] Alors le théâtre ne se bornera pas à répéter des faits de corps et de combinaisons et de chocs de corps, où l’âme est lointaine ; il reproduira des faits d’âmes et des états d’âmes ; il sera général et profond. […] L’âme française tout entière, l’âme délicieusement fautive de ce bon vieux temps sourit et gronde dans ces pages, écrites, comme l’auteur même le dit, avec « grande amore ».

7. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Léonard admire tellement le corps humain qu’il s’indigne que de vilaines âmes puissent l’habiter. […] Pense au respect que tu dois à l’âme qui habite une telle architecture et qu’elle est, cette âme, chose divine. […] Sous les ordres de Moreau, Desaix avait été l’âme de l’armée de Rhin-et-Moselle. […] De Amicis, évocateur de l’âme militaire, de l’âme des enfants, et de l’âme des pays qu’il visita (la Hollande, le Maroc, Constantinople), se contenta de représenter dans une langue simple la simplicité touchante de ses sentiments. […] Saül est une âme en déroute, un organisme royal qui se désagrège dans une royale folie.

8. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Seul, à cause de cela, il ouvre et suscita toute une ère d’évolution féconde, et l’art de ce revenant émeut encore notre âme actuelle. […] Il jouissait d’une âme ardente, d’un caractère impétueux et d’une indomptable volonté qui ne reculait nullement devant les manifestations brutales. […] Sa langue est pure et riche, son âme est tranquille, sa vision est grossièrement pathétique, mais pleine de justesse et d’harmonie. […] Quel mal enserre dans ses violences l’âme du Poète ? […] Dans sa langue parfaite, dans son style tour à tour nerveux, sec, sanglotant et ondoyant, M. de Bosis exprime donc l’âme de son temps.

9. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Et il ne chante pas la gloire ancienne, mais l’âme ancienne. […] La ville avait une âme unique de laquelle tous participaient. […] L’idée du péché ne pèse plus constamment sur les âmes. […] On s’est adressé à l’érudition de chacun plus qu’à son âme. […] les âmes glacées !

10. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Le paysage pierreux et sauvage est pénétré dans l’âme de l’auteur de façon à la former à son image. […] La somme des douleurs possibles pour chaque âme est proportionnelle à son degré de perfection !  […] — Et alors, — dit-il, — pourquoi ne m’as-tu pas donné toute ton âme ? […] — C’est vrai, mon âme n’a jamais été entièrement avec toi. […] Pourvu que tu me caresses aux bonnes heures où le corps s’alanguit et où l’âme se sent trop seule.

11. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Ferrero nous la baille belle en opposant l’âme pacifique de l’Allemagne à l’esprit chauvin de la France, en découvrant que la guerre de 1870 porta un grand coup au militarisme européen (nous qui pensions, âmes naïves, que c’était juste le contraire !) […] Il se plut à exalter jusqu’à l’angoisse les craintes qui hantaient l’âme du peuple. […] Savonarole, devenu prieur du couvent des dominicains de Saint-Marc, fut, pendant quelques années, maître de l’âme de Florence. […] Ils ne voulaient point consentir à ce que Fra Domenico entrât dans le feu avec le Saint-Sacrement, alléguant que si l’hostie brûlait, le doute et la confusion entreraient dans l’âme des simples. […] Villari aime vraiment Savonarole, il l’a compris, il est entré dans son âme même.

12. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Tu parles ; et cédant à la molle brise de ta voix L’âme s’abandonne Sur les ondes caressantes de ton parler Et vogue vers d’étranges plages. […] Quel est le but de l’art, sinon d’exprimer un mouvement d’âme, une noble aspiration, une parcelle d’harmonie avant la lettre, l’harmonie absolue ne nous devant être révélée qu’au-delà de la vie d’ici ? […] En un mot — et c’est pourquoi il fut condamné — il était trop haut ; il ne pouvait satisfaire l’analyse d’hommes qui descendaient de ces pions, de ces chrétiens à l’âme affaiblie préparant sa destruction dans sa chute même. […] L’art tient à l’âme. […] Enfin le quatrième acte tout entier est un chef-d’œuvre ; le monologue de Desdémone, l’Ave Maria, la scène d’Othello, portent l’empreinte d’un grand musicien qui a su créer une atmosphère sonore d’une sombre et douloureuse mélancolie à l’entour d’âmes destinées par la Volupté à la Mort.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

Un de ces trois livres est dû à un écrivain plus très jeune, et dont la production, restreinte mais très noble d’aspiration et de ton, a éclairé jusqu’ici quelques âmes d’élite. […] Angelo Conti, est un livre où frémit un véritable printemps des aspirations lyriques d’une race, et qui semble écrit par un enfant phénoménal dont la jeunesse serait égale à une extraordinaire expérience de l’art et de l’âme humaine. […] Angelo Conti, remplit les pages nombreuses, en étend la signification, leur donne une valeur d’enseignement que dépasse celle d’un simple document d’âme. […] Il parle des pays et de l’âme des pays qui ont frappé son esprit, et l’ont fait étinceler en images. […] Il a dû se renouveler complètement au point de vue psychique, il doit pouvoir considérer sa vie en deux phases bien distinctes, dont la première doit jeter dans son âme une ombre noire, et une lumière trouble sur la suivante ; il a dû réunir dans la première étape de sa vie toutes ses faiblesses, pour mieux les haïr, et grouper dans l’étape présente toutes ses qualités, ou tout au moins toutes ses aspirations, afin de mieux s’aimer ; pour que dans ce livre M. 

14. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Le rythme global, l’âme du milieu, est profondément diverse. […] Elle n’existe plus, si l’on pense que l’inflexible Ajax se jette sur son épée, parce que sa fière âme solitaire est condamnée par une loi de sa race, une loi irrésistible, animatrice véritable de toute l’action héroïque, ordonnatrice irréductible de ces fleuves d’angoisse épique antique et présente, qui passent sur le cœur d’Ajax, qu’elles troublent et qu’elles brisent. […] Il ne meurt pas pour que le nœud formidable de sa volonté se déroule plus librement sur l’âme de son temps et s’égrène en semences sanglantes de vie nouvelle, ainsi que la Préface le veut. […] Il a compris le sens profond de l’esthétique shakespearienne, qui mêle le vers à la prose, selon les mouvements de l’âme des personnages. […] Lorsque les personnages s’élèvent à des manifestations très nobles, très profondes, de leurs pensées, ils parlent en rythmes, ils chérissent l’image, âme du rythme, sève de la poésie.

15. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

L’Italie intellectuelle acquiert en même temps deux trésors de l’âme occidentale. […] Pas une âme ne m’y cherche. […] Seulement dans la liberté l’âme est entière. […] Il y a des motifs qui reviennent comme de véritables motifs évocateurs, pour rappeler, avec les mêmes mots, des états d’âmes identiques. […] Elles s’évoquent immédiatement à notre esprit avec les mots différents de ceux dont nous nous servons pour qualifier les autres cités humaines : tantôt leur âme correspond à une impulsion précise de notre âme, tantôt, au contraire, elle n’est qu’un leitmotiv, un thème général sur lequel brodent nos sensibilités particulières.

16. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Tout Sicilien, de l’élite ou du peuple, connaît son nom, son âme, sa volonté lyrique et sa fougue indomptable. […] Une âme fermente Dans la nuit, plus libre dans l’air. […] L’âme de Dante l’atteint, ayant parfait son amour. […] Muret, très peu au courant des véritables états de l’âme littéraire italienne, a mal compris Pascoli. […] C’est que toute l’inspiration pascolienne s’est ouverte sur son âme comme un immense éventail, lorsqu’un événement tragique frappa cette âme, et la força à donner ses premières résonances, qui furent des sanglots.

17. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Étant très moderne, il se complique d’un sentiment panthéiste très spontané, qui vibre harmonieusement avec toute la vie de la nature, et s’émeut au centre même de la vie, devant les visions isochrones de l’âme humaine, de l’âme de la terre, de l’âme des astres perdus dans l’espace. […] Un aspect d’âme, que je retrouve déjà dans les Odi Tiberine, se révèle constamment par une « interrogation ». […] Cette interrogation constante scande le rythme d’un poème d’une manière toujours inattendue, résonne souvent comme les éclats d’un grand rire sceptique ; elle témoigne de l’âme neuve de ce poète dominée par la vision précise des contrastes, des analogies, des innombrables parallélismes de la vie, qui à nos esprits de transition, nouvellement ouverts à toutes les plus disparates compréhensions, font sembler trop grossier, trop unilatéral, tout engouement, et forment ainsi notre inquiétude moderne en multipliant sans cesse nos sensations, nos émotions, nos pensées.

18. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Il fut la voix grandiose et vibrante de l’âme nationale. Et c’est bien l’âme de la nation qui passe dans ses strophes : dans la vie qu’elle vécut à travers le passé, autant que dans la vie qu’elle traverse aujourd’hui. […] Il appelle l’âme humaine à la rescousse. « Les jours sombres sont passés : relève-toi et règne !  […] L’érudition n’entrant en cause ici, c’est donc à l’âme, à l’Esprit qu’il s’en faut remettre de ces progrès rapides de l’élève dans l’application des moyens ; l’élève, par une étude avant tout spirituelle, agrandissait sa conception du voisinage d’un génie ; et la chose est si vraie que c’est plus à l’inspiration du Pérugin qu’à sa méthode que Raphaël ressembla toujours. […] Peu à peu l’effort d’une remontée de ce fleuve rapide du temps le fatiguera ; il tombera dans la peinture, sans équivoque, des scènes modernes — sans en lire le hautain caractère de désespoir ou l’ardente suggestion d’enfer ; — il s’enivrera de cette apparence qu’il appelle la beauté, et qui ne sera plus en ses mains qu’une forme vide semblable à un ballon qui, dégonflé, traîne à la surface du sol, raclant la boue ; il se vouera à l’à-vau-l’eau de la mode et des offres ; il se prostituera corps et âme au plus cynique des métiers.

19. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

L’Artiste étant androgyne, les perceptions de la couleur, toutes féminines, sont les premières à nous révéler l’âme d’une œuvre d’Art. […] Car sa pudeur n’ose rêver que de l’Adolescent timide et fier, qui triste cueillera la fleur d’amour pur, laissant de son casque ailé s’envoler sa pensée vers la Princesse du Rêve : il est l’âme sœur et ses épaules porteront le même manteau de pourpre. […] La Forme, seule, a le pouvoir de contenir ce que l’homme conçoit de plus grand ; par elle, l’artiste, avec la parcelle de divinité que son âme renferme, retrouve la force créatrice première et pétrit à sa guise un monde plus beau. […] Où est l’homme, où est la femme, qui oserait opposer, tout nus, leur corps et leur âme aux créations de Phidias, de Praxitèle, de Cléomène et de leurs descendants, Léonard et le Grand Michel-Ange ? […] Il n’y a plus de croyance, la mysticité chrétienne est morte, avec elle la source de l’inspiration des grandes pensées s’est tarie : notre époque est de science, le scalpel a tué l’âme, seul l’amphithéâtre refait les miracles.

20. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Si l’amour va de ce côté, qui est le bon, peut troubler les âmes tendres et les cœurs romantiques, la faute n’en est pas à moi. […] Aussi ignore-t-elle l’amour monstrueux de Léonard pour Blanchemarie, et sa grandeur d’âme est impuissante à conjurer le malheur et la mort. […] Mais cela n’intéresse pas l’âme, pour laquelle les siècles futurs passeront en vain. […] Morasso a devant soi une carrière brillante ; son âme est pleine d’idéal, débordante de jeunesse. […] Corradini est tout là : une lutte d’âmes acharnée, presque sauvage, toujours extrêmement intéressante, étudiée avec une patience infinie et un art peu commun.

21. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

La simplicité de son âme m’attendrit autant que m’avait exalté son génie. […] — Tu ne connais pas l’âme du bronze ! […] Il les donnait généreusement, exalté par son ardeur, inspiré par la noblesse de son âme. […] La volupté parfaite enchaîne l’âme aussi bien que le corps ! […] Que d’âmes et que de soirs, à jamais ensevelis !

22. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

C’est la foule infortunée des âmes qui se livrèrent aux pires dépravations. […] Une foule immense d’âmes expiant les péchés de paresse emplit le motif XVIII et l’anime de sa course. […] Là, brillent dans la soif et dans le feu les âmes des luxurieux (XXVI), et celles-là aussi obligent à se condouloir. […] Les âmes du motif IV (les mêmes qu’il a si fâcheusement portraiturées dans le III) s’envolent avec un élan gentiment aérien. […] Lécuyer, l’Âme, traduit par M. 

23. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Un désappointement amer me desséchait l’âme. […] Je me sentais l’âme légère. […] » Je sentais son âme pleine de larmes et prête à déborder. […] L’âme de Lina vibrait, elle sentait la beauté. […] mon âme chantait alors un chant inouï d’allégresse !

24. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Butti : L’Âme, traduit de l’italien par J. de Casamassimi, in-18, Ollendorff, 3.50 Rachilde. […] L’Âme, traduit de l’italien (A.  […] Le fiancé humain en devient presque fou, mais il en découvre l’immortalité de l’âme. […] En l’an 1700 l’Italie n’avait pas produit, imitations de l’œuvre du Tasse, moins de deux cents drames pastoraux ; en Angleterre, en Espagne, en France, Spencer, Shakespeare, Milton, Cervantès, Honoré d’Urfé furent touchés par le génie du Tasse, écrivirent des pastorales : l’Astrée est une longue et très belle transposition de l’Aminta, « ce tableau de l’âme et de la nature humaine à leur printemps ». […] Cet envoyé est Énée, « qui seul avec la Sibylle, était descendu en Enfer pour aller chercher l’âme de son père Anchise » (Convivio, IV, 20).

25. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Les fleurs ne réveillent pas à la vie l’âme du défunt qu’elles recouvrent ; plantez une vigne sur mon tombeau. […] De grands personnages appelèrent la vierge, des gouvernements l’écoutèrent ; tout ce qui avait charge d’âmes devint à son tour charge de la meneuse d’âmes principale. […] La France brusquement envahie se fit immédiatement une forte âme guerrière. […] On y a « gardé un calme digne et une force d’âme presque incroyable ». […] Il s’en rend compte : pour qu’on ne dise pas de lui qu’il s’est détaché de l’âme nationale, comme le lui avait reproché M. 

26. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

C’en était trop ; et Voltaire ne pouvait résister à des transports si bien joués ; il se jeta au cou de Casanova et l’embrassa en pleurant : « Je l’ai toujours dit, s’écria-t-il, le secret de faire pleurer est de pleurer soi-même ; mais il faut des larmes véritables, et, pour en verser, il faut que l’âme soit profondément émue. » Il semble se souvenir, en cette occasion, de l’algarade qu’il avait faite à des dames de Soleure, quelques mois auparavant : celles-ci, qui s’étaient mis en tête de représenter Alzire, n’avaient point, dans les scènes pathétiques de la tragédie, témoigné, au gré de l’auteur, une émotion assez sincère. […] Le rêve ne se révèle pas en un langage de paroles, il est scénique, terriblement scénique, il se révèle en un langage incomparable d’attitudes, de gestes, de situations tragiques, dramatiques et pathétiques, qui enveloppent l’action dans une atmosphère de musique héroïque et sensuelle, d’où la vision de Venise surgit, tel un triomphe de flammes sur un incendie perpétuel d’âmes. […] Gabriele d’Annunzio un apport de poésie et d’âme extraordinaire. […] Le défaut de compréhension de l’âme italienne contemporaine, révélé par les 300 pages de ce livre, est partagé en quelque sorte par le petit volume sur Giosuè Carducci, que M.  […] La femme de Un Amour et de Un Inceste, toute nouvelle dans la littérature, est celle dont la volonté est à tout moment plus forte que le sort, et dont la force d’âme inébranlable est faite de la plus harmonieuse, et jusqu’ici de la plus profonde compréhension psychologique de la sexualité, compréhension qui échappe naturellement à tout lecteur superficiel ou lourdement traditionaliste.

27. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Étant incapable de pénétrer ce qui se passe dans l’âme d’autrui il ne connaît pas sa propre âme et refuse aux autres les vertus dont il se sent possesseur. […] Elle ne s’exprime d’une manière spontanée et non équivoque que si le sentiment de la communauté est profondément empreint dans les âmes. […] Je ne connais pas cet individu, mais il ne peut avoir qu’une âme mesquine et basse. […] Heureusement, beaucoup d’intellectuels s’efforcent en Italie d’échapper à cette folie collective qui caractérise les époques de guerre, et gardent une âme ferme au milieu de la tourmente. […] J’envie à l’âme allemande d’hier et d’aujourd’hui ses magnifiques élans de passion ; je voudrais qu’un peu de ce feu vienne enflammer nos esprits un peu affaiblis par certaines idées trop ressassées.

28. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIV »

Pendant toute la nuit, les âmes des héros ont gémi au fort de la tempête et ces âmes tristes gémissent encore beaucoup ce matin.

29. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

J’espère que sa poésie séduira les âmes délicates, et que son horreur inspirera la haine de la jalousie. […] Devant Balthazar Colleone je me sens l’âme d’un condottiere, je vous le jure ! […] Il a mission de geôlier auprès de la signora Aurora Stella-Lucente, à qui il est dévoué corps et âme. […] Dans un éclair, Antonio a la vision exacte de l’âme d’Aurora. […] — C’est mon âme, ma vie que vous avez prise, s’écria-t-elle.

30. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

les prêtres francophobes qui s’en allèrent distiller goutte è goutte dans l’âme des femmes demeurées au foyer le poison du découragement et du doute. […] Quelque bonne âme, je n’en doute pas, se trouvera bientôt qui le désignera comme suspect. […] « De quoi Dieu ne se sert-il pas, dit l’auteur, pour attirer une âme !  […] Le sens de l’équilibre est l’âme secrète de l’histoire anglaise. […] Pour les âmes timorées du lieu, Lodoletta est une pierre d’achoppement.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Le double mouvement français : symboliste et vers-libriste, semble hanter des phalanges de poètes, qui semblent s’exercer pour atteindre une très grande souplesse, il y en a qui cherchent une affirmation « symphonique » de l’artiste, dans les rapports des rythmes extrêmement souples et des mouvements de l’âme extrêmement subtils et variés. […] Souvent ces sonnets sont des hymnes d’une belle fierté humaine, souvent ils arrêtent l’âme du poète devant l’insupportable fatalité de la mort, ils demeurent purs et immobiles comme les tables de marbre d’un sépulcre clos depuis un temps immémorial. […] Et le poème, d’une si haute envergure est d’un symbolisme plein de clarté, traversé par des lueurs théistes, épiques et géorgiques, qui résument et révèlent dans une grande noblesse lyrique les trois cycles de notre âme occidentale classique et romantique, évoqués par le poète : le Moyen-Âge, la Renaissance et l’Âge d’aujourd’hui et de demain.

32. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Mais ceux qui pensent en leur cœur des choses défendues assument la mort et la captivité : surtout ceux qui aiment ce siècle et qui se glorifient dans leurs richesses : et ceux qui ne pensent pas aux biens futurs, leurs âmes sont vidées de tout. […] Avoir une place, même toute petite, parmi ces créateurs d’âmes, c’est la gloire du sénateur Boèce, Maître des Offices à la cour de Théodoric et qui fut mis à mort sur des accusations assez obscures portées contre lui par Cyprien, comte des Sacrées Largesses. […] Or l’Iconoclastie chassait cette brume d’infini, ce mysticisme sensuel qu’entretenait dans les âmes la contemplation des Images. […] Symbole strict, sans développement immédiat, sans correspondance dans l’âme des peuples, l’Agneau sanglant disparut, en effet, dès que l’Orient lui eut substitué l’Image de Christ triomphant, exaltée au viie  siècle par le concile de Constantinople, type que l’art de la mosaïque byzantine fut si merveilleusement apte à réaliser dans son rigide et impérieux resplendissement. […] Une telle image devait être, après tout, de peu d’effet dramatique, et le sentiment pouvant résulter de sa contemplation n’était point, semble-t-il, pour faire date dans l’âme de ces peuples qui n’auront jamais d’âge.

33. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Le dernier acte de la pièce n’est que la bataille de ces deux âmes, le père et le fils athées, devant Ie mystère de la mort ; acte superbe, je suis heureux de le constater, qui a excité partout un enthousiasme sincère. […] Son dernier recueil, L’Urna, ne doit pas passer sous silence ; nous y trouvons l’âme d’un poète expressif, mâle et singulier, dont le sens de la mesure est exquis. […] Marco Cybo est un apôtre discret et il ne nous ennuie pas avec ses tirades sur l’immortalité de l’âme ou sur les tourments de l’Enfer : tel l’a voulu son créateur spirituel et tel nous le voyons agir. […] Mais Marco Cybo est jeune, et sur ce point le diable va lui livrer bataille (entre parenthèses, je crois que si on l’interrogeait, le diable, il serait bien étonné de voir qu’on le suppose encore si stupidement enthousiaste des âmes chrétiennes). […] Othon n’est sûr de rien et il doute avant tout du principe par la grâce duquel il règne ; doué d’un esprit mobile et d’une âme profondément sensible, il est toujours un peu de l’avis de ses adversaires et des adversaires de la Monarchie.

34. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Un chef-d’œuvre ne cesse jamais sa beauté parce qu’il contient l’expression entière d’une âme immortelle. […] Octave Mirbeau, s’il en avait l’âme dédaigneuse et violente. […] L’homme, fou de douleur pour la perte de son enfant, avec l’âme et le cerveau vides, n’a plus l’énergie de repousser l’adultère. […] Ce fut le seul moment de ma vie dans lequel j’ai connu avec évidence la véritable trempe de mon âme ; et j’en fus satisfait. […] Elle avait trahi de bonne foi le plus grand secret de deux âmes innocentes dans le moment de leur plus grande sécurité.

35. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

Marquis Pietro Misciatelli (Rome) Il ne me semble pas qu’on puisse envisager sérieusement la possibilité de la dissolution du sentiment religieux dans les âmes. […] L’idée religieuse, alimentée sans cesse par cette flamme, trouve une voie naturelle creusée par le travail de la science, et y entraîne les âmes vers les splendeurs de la Vérité, vers ce ciel où chante la plus haute espérance.

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Franchise d’âme et force de corps sont ordonnées pour la chevalerie ; soumission et habileté pour un serviteur. […] X. — La troisième hérésie opposée à notre vulgaire est la vaine gloire de s’exprimer dans une langue étrangère ; la quatrième de ce que l’œuvre se trouve dans la parité, l’égalité que le vulgaire met entre les hommes d’une même langue ; la cinquième vient de la bassesse d’âme. […] Dans ce « paradis » idéal où, à la suite de Simone Memmi, tous les maîtres de Sienne ont chanté leurs aimables chansons, sa chanson à lui a toujours été un hymne, une prière, l’hommage d’une âme toute remplie de Dieu. […] Ayant l’âme plus haute que leurs confrères même les mieux doués, ils visent plus haut, et animent leurs œuvres d’une beauté supérieure : pour celui à qui s’est enfin ouvert le génie de Titien, combien pâlit le prestige d’un Palma le vieux ou d’un Tintoret.

37. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

ondes d’encens en vain consumées, pourquoi vous consacrer mon désir… — Si vous non plus vous ne pouvez apaiser mon âme ?  […] Lire Stendhal, âme tellement italienne qu’il donne encore aujourd’hui un bon résumé des goûts italiens — distingués (26 septembre et 3 octobre).

38. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

Qui aurait dit qu’un mot, qui se détache dans cette grisaille de considérations académiques, le mot « singularité » appliqué au site de Venise, serait devenu, au bout d’un siècle, à l’issue des accroissements de l’érudition et des apports de la couleur, le thème fécond, varié, inépuisable du charmant livre que voici : L’âme est hilare, remarque à son tour, de Venise, M.  […] Ce qu’il nous donne est d’ailleurs considérable, cette Venise du xviiie  siècle, étudiée, ou plutôt racontée, décrite (car rien de plus descriptif que ce livre) dans cette nuance d’âme qui fut la sienne, singulière, mais heureuse en sa légèreté harmonieuse ; dans cette nuance, composée, en sa claire unité, de légèreté, de festivité, de sensualité fine, de galanterie ingénieuse, de tendresse, d’esprit, de sens du comique et du menu, avec la largeur de son amour de la mélodie et de l’éclat de son amour de la couleur.

39. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Carafa d’Andria récemment interdit par la censure italienne, et où l’auteur étudie curieusement l’influence des philosophies du Nord sur l’âme des races latines. […] Cette entrevue, antique par sa simplicité et son réalisme, divinisée par la splendeur de l’heure et la magnificence du décor, doit marquer d’une empreinte ineffaçable une jeune âme voluptueuse. […] Fogazzaro] C’est Il ritratto mascherato, une étude d’âme féminine et, cela va sans dire, catholique. […] qu’il est puissant par sa monotonie, ce monastère, ce laboratoire d’âmes ! […] Elle fut subjective à quelqu’un qui fit d’elle en quelque sorte une œuvre encore singulièrement émouvante, le portrait de son âme.

40. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

Ce déséquilibre explique le malaise profond des âmes, en fait de religion, et la crise du catholicisme. Si le sentiment et l’esprit religieux étaient réellement des formes historiques de croyance et d’orientation pratique de l’âme humaine maintenant dépassées, et non les exigences perpétuelles de celle-ci et le fruit naturel du contact de l’esprit avec la réalité, les religions positives auraient marché, pendant la phase actuelle, à une lente et tranquille décomposition.

41. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

La supériorité et l’originalité de Pierre Louÿs s’affirment incontestables pour l’intelligence psychologique du sujet, si l’on peut parler de psychologie dans l’étude d’un cas qui n’a presque rien à faire avec l’âme. […] « La moderne Syracuse, revenue à son île étroite d’Ortygie, n’est plus qu’une petite ville proprette et coquette, dit lui-même l’auteur, où des maisons aux balcons élégants qui rappellent la Renaissance bordent les rues parées de larges dalles, où chaque tournant découvre une échappée sur la mer ou bien sûr la vieille citadelle qui domine l’entrée du port de sa masse pittoresque et fière. » Or, ce qu’on vient chercher à Syracuse c’est surtout les souvenirs de la civilisation grecque et il faut véritablement avoir une âme d’archéologue pour essayer de tirer parti de tous les fragments, de tous les pans de murs qui se découvrent et des ruines nombreuses que recèle le sol de la vieille ville afin de l’évoquer au temps de Hiéron II, de Denys l’ancien et de l’Expédition de Sicile.

42. (1890) Articles du Mercure de France, année 1890

Un chant de chair, de matériel amour, de jeune vie et de suprême harmonie, ce maître tableau que semble avoir inspiré l’âme du Vinci.

43. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXVIII »

On eût dit un être supérieur, qui avait pris la beauté parce que ce déguisement lui convenait mieux qu’un autre, et qui, avec ses yeux pénétrants, lisait au fond de notre âme.

44. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXII »

Peut-être est-ce le propre d’une âme, source de grandes choses, de n’être pas gracieuse dans le moment de l’action où elle cherche de toutes ses forces.

45. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXV »

J’ai vu dans ses yeux et dans la rougeur qui couvrait ses joues l’effet assuré du naturel d’une grande âme sur un autre cœur du même genre.

46. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

[Hier, 23, croyant suivre les conseils d’une politique sage et plein d’un transport d’amour qui agitait mon âme et me laissait la froideur et le coulant d’un homme qui veut parvenir à une chose difficile, je suis parti de Milan à 2 h. 1/2 pour Varèse.

47. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

Quelques-uns cumulent, et, non contents de parler de l’immortalité de l’âme, en cherchent la preuve dans la danse des tables et dans les jongleries d’Eusapia Paladino.

48. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Laurent de Médicis, dont la complexe psychologie n’a pas encore trouvé son exégète, aima Michel-Ange ainsi qu’un artiste exquis, tendrement joyeux et délicatement sensuel, peut aimer un colosse qui bouleverse avec des rugissements de lion toute l’esthétique, qui accueille dans un égal mépris le passé et l’avenir, dédaignant surtout le présent, et se dresse ou tente de se dresser tout seul devant l’âme prosternée du monde.

49. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

Capuana, qui n’est pas hostile aux poètes, bien que romancier vériste ou naturaliste (c’est tout un), en a été choqué, — mais, voyez quel mauvais goût j’avoue et quelle âme malsaine, c’est précisément ce lyrisme un peu brumeux que j’aime en M. d’Annunzio.

50. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

J’aime le genre humain, je voudrais le voir comme moi libre et heureux, et la superstition ne saurait se combiner avec la liberté. » Mais Casanova insiste avec une obstination qui n’est pas si sotte : un peuple sans superstition serait un peuple de philosophes, et les philosophes ne consentiront jamais à obéir, même à un souverain constitutionnel dont un pacte réciproque limite l’arbitraire ; il faut aimer l’humanité telle qu’elle est et lui laisser la bête qui la dévore, car cette bête lui est chère : « Je n’ai jamais tant ri qu’en voyant Don Quichotte très embarrassé à se défendre des galériens auxquels, par grandeur d’âme, il venait de rendre la liberté16. » Assurément, nous avons besoin de nous rappeler qu’il a été trop facile à Casanova de se donner le beau rôle dans cette discussion, pour ne pas juger que c’est lui, cette fois, qui est le philosophe, et non Voltaire.

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