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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Mais le Poète continua à lancer ses foudres contre les gouvernements lâches, en faisant toujours appel aux énergies du Souvenir, au besoin pour couronner l’œuvre militaire accomplie dans la péninsule par quelques grandes affirmations de la volonté d’être du peuple italien nouveau-né. […] Souvent, le mouvement psychique d’une Ode est si exclusivement classique, et semble si étranger aux besoins animiques nouveaux d’un peuple, que l’Ode reste toute lumineuse dans sa lumière de pierre précieuse admirablement taillée, mais froide et un peu lourde. […] La langue italienne resplendissait de couleurs nouvelles, mouvait en des larges rythmes poétiques le besoin de renouveau de toute son esthétique, rebelle enfin, par la volonté d’un homme seul, à toutes les cristallisations de l’école, à tous les archaïsmes des anthologies. […] Le besoin de rythmes nouveaux, qui en changeant les modes de la prosodie auraient aidé aux transformations de l’esprit poétique dont Carducci sentait l’ardent besoin, entraîna le Poète à se servir des mètres « barbares ». […] On ne discute plus l’homme ni son œuvre, car on n’a plus besoin de les admirer : on les vénère.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 246, 15 septembre 1907 »

Souflot et par tous les artistes qui connaissent Rome et le genre d’étude que les architectes y doivent faire ; c’est que les architectes n’ont pas besoin de rester à Rome plus de trois années. Plusieurs raisons militent pour ce sentiment : 1° trois années accordées à un architecte équivalent aux quatre accordées aux peintres et aux sculpteurs, en ce que ces derniers ont une copie à faire pour le Roy ou en marbre ou une peinture qui leur consomme leur quatrième année ; tribut auquel les architectes ne sont point assujettis ; 2° les connaissances que les architectes ont besoin de prendre en ce pays consistent à ramasser dans un portefeuille toutes les choses ingénieuses et de bon goût qu’ils y voyent, recueil qui peut être fait en moins de trois années par un homme studieux; 3° la science des architectes consiste certainement dans le goût et la décoration, et c’est là, quoi qu’en puissent penser ceux qui attachent beaucoup de gloire à la distribution et même à la construction, c’est là, dis-je, ce qui distingue le grand architecte du maître maçon ; c’est là ce qui a été et sera toujours infiniment rare. Cependant, on ne peut nier que l’Architecte qui veut faire usage de ses talents n’ait besoin de beaucoup de connaissances pratiques, relatives aux matériaux de son pays, qu’il n’acquiert point à Rome et qui consomment du temps en prolongeant au delà de trois années son séjour à Rome.

4. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

En fait, d’un côté, la science, qui à cette heure n’est plus le privilège d’un petit nombre, mais devient chaque jour plus accessible à tous, a ébranlé les bases de l’idée religieuse, prouvant l’absurdité du dogme et son antinomie avec l’expérience positive ; d’un autre côté, l’éthique tend à se détacher complètement de toute enveloppe religieuse qui, le plus souvent, soit par des folies ascétiques, soit par un stupide ritualisme, devient l’anesthésique de la conscience, et renforce des préjugés et des tendances contraires aux instincts mêmes et aux besoins naturels de l’homme. […] Son utilité sociale fiance le rêve, besoin passionnel, avec la réalité, constatation sensorielle et musculaire. Le mouvement est en synthèse. — Il y a aussi réaction contre un formulaire imbécile et dépourvu de valeur, et une renaissance idéaliste : nous demandons, de par la conscience moderne, la décadence d’une institution qui nous répugne, incapable de satisfaire au besoin de certitude et de repos qui nous angoisse.

5. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

L’idiome illustre ne convient pas même aux meilleurs poètes ; il veut des hommes qui lui soient assimilés, consimiles viros  ; il faut savoir proportionner l’ornement à la matière et ne point parer d’or et de soie une femme hideuse à moins qu’on ne sache séparer au besoin l’ornement du sujet, car, la séparation faite, ce qui est vil apparaît plus vil encore. […] Les chansons ont plus de noblesse que les ballades, parce qu’elles font elles-mêmes tout ce qu’elles doivent sans aucun besoin d’accompagnement. […] Tout homme a besoin de communier avec ses semblables, c’est-à-dire avec ceux qui croient, aiment et espèrent comme lui et même les femmes et les enfants (néophytes). […] « Ma véritable intention, en écrivant mes canzones, différait de l’intention apparente : j’entends les éclaircir par une interprétation allégorique et raisonnée. » Est-il besoin de commenter ce premier chapitre ? […] Aux besoins de l’heure présente, tels qu’ils résultent de cet état de fait, le Cœnobium pense répondre par la liberté dans le choix des sujets traités, par la préoccupation de produire, sous leur jour le plus sincère, les expressions diverses du souci métaphysique.

6. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Les journaux annoncent que de nombreux chœurs et couplets furent ajoutés pour les besoins du chant. […] Wagner, en entrevoyant l’Héroïque, l’Ésotérique et l’Oratoire, à Bayreuth, révéla ce besoin. […] Le grand homme sent que pour créer il a besoin d’un amour autre que celui de sa femme. […] La vraie cause, la cause décisive, c’est que Beyle a besoin d’argent. […] Dans tous les pays du monde, le budget sert avant tout aux besoins de la classe capitaliste.

7. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Je veux dire par là qu’elle est plus pliée aux besoins d’une utilité laide et contre nature. […] La lumière, la mer, voilà le charme de cette vision ; mais est-il besoin de venir à Naples pour cela ? […] Ce « besoin de richesse » est celui des enfants qui multiplient leurs mouvements incessants, selon leur besoin physique de s’enrichir des vibrations du monde, et ressemblent à un écheveau défait furieusement par une main qui en enroule le fil autour des troncs dans la grande forêt de la vie instinctive. […] Il répondait à un besoin profond, ressenti par la généralité, un besoin d’imprégner de beauté toute la vie. À ce besoin satisfaisait une foule d’artisans-artistes, hommes de goût, et, dans les limites où s’exerçait leur activité, véritables créateurs.

8. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Il n’est pas besoin, d’ailleurs, de feuilleter longtemps le volume de M.  […] Vu les grandes dimensions dont j’ai besoin et la belle qualité que je veux, on peut facilement se tromper. […] Je n’irais pas à Carrare, parce qu’en vingt ans je n’aurais pas les marbres dont j’ai besoin. […] Je crois que j’aurai besoin, d’ici un mois, de mille ducats. […] Malgré leur dévouement, qui est admirable, les femmes ne réussissent pas à pourvoir aux besoins de la région.

9. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Professeur de psychiatrie à l’Université de Turin Pour qui a étudié sérieusement l’histoire des religions, il n’y a aucun doute : elles s’appuient sur une série d’erreurs qui viennent de quelques besoins humains, spécialement du besoin d’être protégés contre des forces, vis-à-vis desquelles nous nous sentons impuissants, comme les météores, les épidémies ; et, s’il se peut qu’une institution sortie d’une erreur puisse évoluer, elle finit toujours par tomber dans une autre erreur. […] Déjà malade, Nietzsche parlait encore parfois de Jacob Burckhardt, comme s’il avait besoin d’un témoin pour attester sa valeur.

10. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 233, 1er mars 1907 »

Elle est d’une beauté savante et sévère : on ne parvient à la goûter que par l’étude ; elle a besoin d’explications et de commentaires ; elle ne peut être populaire, ou même comprise, que dans un pays comme l’Italie, tellement imprégné d’histoire que les plus ignorants mêmes y subissent l’emprise du passé. […] Pascoli, s’honorent d’être ses élèves ; M. d’Annunzio lui-même, qui ne prodigue point son admiration, a éprouvé le besoin d’accomplir de temps en temps quelque acte de retentissante dévotion en l’honneur du vieux maître.

11. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 229, 1er janvier 1907 »

Antoine avait avant tout besoin de l’énorme trésor des Lagides pour ses ambitieux projets en Perse. […] « Et il revenait à elle, qui était la reine du seul pays d’Orient que les guerres civiles n’eussent pas encore ruiné, au moment où il avait pour son entreprise un si grand besoin d’argent qu’il était obligé de céder une partie de sa flotte à son collègue. » Les conséquences de ce retour furent essentiellement politiques.

12. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 241, 1er juillet 1907 »

Mais le conflit se renouvellera et il continuera jusqu’à ce que l’esprit religieux ait appris à vivre sans avoir besoin de la religion, c’est-à-dire jusqu’à ce que le sentiment d’unité et de subordination du Moi au Tout (esprit religieux) puisse se maintenir, s’affirmer et se réaliser sans avoir besoin de représentations et de figurations intellectuelles (croyances religieuses), mais uniquement au moyen de concepts philosophiques jusqu’à ce que, en un mot, toute construction religieuse soit transformée, sans laisser de résidus, en connaissance métaphysique.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Les hommes pèchent d’eux-mêmes, naturellement et spontanément, sans qu’il soit besoin de les y appeler et de les y exciter. […] Je me suis approché ; à peine m’a-t-il vu, il a fermé son livre, m’a pris le bras et s’est mis à me dire : « Je connais depuis des siècles ce petit livre : c’est la Bible, et je la relis de temps en temps quand j’ai besoin de me remettre de bonne humeur. […] Dans aucun chemin, la femme que je cherchais n’est venue au-devant de moi, et quand la vieillesse est venue, quand j’ai eu besoin de repos et de soins, je n’ai trouvé qu’une pauvre servante qui ait voulu de mon nom. […] Je cherchais à le fuir, il ne me quittait pas un instant, m’assommant par ses lamentations, et m’empêchant, au besoin par la force, de quitter la ville.

14. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Peut-être la France aurait-elle besoin d’un critique patriote qui ferait pour elle ce que Heine, Nietzsche firent, hélas sans succès, pour les Allemands. […] C’est là toute la certitude dont j’avais besoin. Je n’ai pas besoin d’autres assurances sur un avenir qui ne me regarde pas. […] Et il y a quelque prétention choquante à vouloir tout de go fonder une religion dont le besoin ne se fait pas sentir. […] Est-il surprenant que Franco, âme toute en reflets, éprouve le besoin de croire à un dogme qui ne trouble point sa quiétude intellectuelle ?

15. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Le crime de Brando ne peut pas s’imposer à nous avec la puissance de sa nécessité, c’est-à-dire ne peut pas se révéler à nous dans un inéluctable besoin d’équilibre, voire d’harmonie et par cela même de beauté : il aurait pu être évité, si les quelques contingences qui le déterminent avaient été autres. […] Le monologue de Lear, au IVe acte, qui contient l’exaltation incomparable de la Luxure, exaspérée dans le cri : « En avant, en avant, Luxure, confusément, car j’ai besoin de soldats ! 

16. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Il n’est pas besoin d’insister à nouveau sur l’universalité d’un esprit comme celui du Vinci. […] Assurément Léonard est là fort discutable, mais est-il besoin ici de discuter ? […] Assurément Botticelli est l’un des peintres assez connus pour que le texte puisse au besoin se passer de l’image. […] car j’ai besoin de soldats !  […] Poizat a senti le besoin de s’écrier dans son drame : Je t’apporte mon glaive et mon cœur de soldat.

17. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Après avoir exposé avec une clarté toute scientifique le terrible problème économique que la Belgique doit résoudre journellement : subvenir aux besoins du tiers de la nation, et cela sans ressources, sous l’œil malveillant de l’ennemi, en engageant de plus en plus ce qu’il lui reste de capitaux à l’étranger, Barzini évoque d’une façon poignante la vision de Bruxelles vivant malgré tout dans une foi inébranlable et renfermant sous un silence dédaigneux une indissoluble confiance en l’avenir. […] Pour assurer la vie de la société à fonder, il fallait que les industriels acquéreurs de ces produits s’engagent à acheter pendant au moins cinq ans tous les colorants dont ils auraient besoin à cette société. […] Je crois entendre Gargano me riposter : « Oui, puisque ces bévues répondent à un besoin des peuples en lutte. » Et cela est évident, car chaque chose qui arrive répond à un besoin, même le mensonge, même le balbutiement et la fourberie de l’écolier qui n’a pas appris sa leçon. Mais on ne peut en déduire qu’il soit souhaitable d’accroître le nombre des bévues ; et certes, quant à moi, je ne suis pas fait pour cette besogne et je déplore que dans d’autres pays mes collègues en philosophie s’en soient chargés, quand il leur eût mieux convenu de se taire. « Mais vous devez éprouver au moins le besoin de réfuter, pour le profit de tous, ce que vous appelez des bévues. » C’est ce que je fais, mais avec discrétion, parce que, comme je l’ai dit, ce n’est pas l’heure des maîtres d’école : il y a autre chose à faire : il faut vaincre pour l’Italie. […] Et il n’est pas besoin de longues démonstrations pour prouver une assertion qui, a priori, pourrait apparaître, surtout — excuse cette épithète — aux mystiques du socialisme, desquels tu es, une énormité.

18. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Les domestiques qui leur portent à manger mettent ce qui fait de besoin aux prisonniers sur une table qui est là, et mon lieutenant le prend et le porte. […] J’avais grand besoin de décors et d’entretiens autres que ceux des armées. […] — Et puis, tu dois avoir besoin d’argent… — De l’argent ? […] — Je n’ai plus besoin de toi, mon petit. […] Ne comprends-tu pas que c’est Giorgio que j’aime… Mais j’ai besoin de le faire souffrir !

19. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Il y a des jeunes poètes, en Italie, qui, semblables à leurs confrères les jeunes musiciens, ont besoin d’un renouveau absolu de la culture, et des tendances de la culture, pour s’affirmer et pour triompher. […] Sir Olivier Lodge lui-même a bien pu s’écrier dernièrement que l’université de Birmingham a besoin d’une chaire de littérature grecque, puisque les hommes ne sont pas nés pour construire des machines, mais que la vie intellectuelle repose sur la poésie… On n’avait pas encore tenté jusqu’ici une synthèse tout idéaliste de la sentimentalité humanitaire et du besoin de croyance eu un bonheur ultra-terrestre. […] Et, tout de suite, ai-je besoin de l’ajouter, elle entreprend de conter à son amant une série de mensonges plus compliqués les uns que les autres. […] Personne n’est moins snob que lui, mais, tout de même, il éprouve l’impérieux besoin d’abandonner les horizons français de sa Touraine pour ceux de la Piazzetta. […] Peu à peu les habitants se reprennent à vivre librement, groupés par la seule logique du besoin de se soutenir.

20. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Cet enthousiasme soudain signifiait qu’il avait besoin d’apaiser ses nerfs, et non qu’il eût changé de sentiment à l’égard de Nina. […] — J’ai besoin de votre habileté. […] Il m’a été impossible de résister au besoin de vous parler… Il se tut. […] J’ai soixante-dix-huit ans, et j’ai besoin de mes neuf heures de sommeil, comme un jeune homme, moi ! […] L’amour est à lui-même sa propre musique et sa propre poésie : il est comme l’éternité dans l’instant ; il n’a point besoin de se souvenir.

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Ici je n’ai plus besoin d’aucune figure. […] L’état a besoin d’un pilote, comme un vaisseau.

22. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

En stimulant notre désir naturel de la vérité et en nous faisant sentir plus vivement nos impuissances, ces sciences nous reconduisent, d’une certaine manière, dans le sens d’une spirale, vers nos origines ; elles ravivent notre sentiment religieux par l’impression d’un mystère formidable, non pas pour notre existence physique, mais pour notre moi intérieur, dont le besoin suprême est de se reposer dans une conception rationnelle, claire et sûre de l’univers et de la vie. […] Seul le catholicisme romain peut remplir cette mission ; le néo-catholicisme n’est qu’une superfétation de l’humanitarisme et ne répond à aucun besoin réel des masses.

23. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Moi je n’en ai pas besoin. […] Tu ne peux pas savoir, toi, comme on sent le besoin d’argent quand on n’en a pas. […] Je n’en sais rien moi-même, mais j’ai toujours besoin d’argent. […] J’ai besoin d’argent : sans argent je ne peux pas vivre. […] En poésie, quant à la forme, ce besoin du nouveau s’est affirmé depuis longtemps avec le mouvement symboliste et vers-libriste.

24. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

La morale du roman n’est pas, comme on l’a dit, qu’André Mariolle a besoin de deux maîtresses ; car la première ne compte pas, elle est, en réalité, l’amuseuse fragile qui finira peut-être par souffrir et s’humilier devant la vraie femme, celle qui suit l’instinct. […] Enfin, de l’inquiétude douloureuse qui suit la satisfaction de l’instinct se dégagent une appréhension morbide de l’inconnu et le besoin d’expliquer ce qui échappe aux sens : le rêve où se noie l’esprit, pour se libérer de la souffrance et du dégoût physiques, s’est également imposé aux deux écrivains. […] Mais voilà que chez la femme vieillie, déjà proche de la mort, à un âge où le roman de sa jeunesse n’était plus qu’un très lointain et mélancolique souvenir, la mère se réveilla et en elle surgit l’impérieux besoin de connaître son fils, qu’elle sait vivant et qu’elle n’a pas revu, depuis le jour où elle embrassa pour la première fois l’être fragile, qui était né de sa chair et de sa volupté. […] Ces notes critiques représentes cependant un travail important et complet : nous savons qu’il est réalisé, et au besoin nous le consulterons, égoïstement. […] Luchaire parle d’une connétablie instituée, pour le besoin de ses guerres, par l’ambitieux pontife, et confiée à Azzon VI d’Este, puis au fils de celui-ci, Aldovrandino.

25. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Que dites-vous encore de cette lettre d’une page qu’en partant il éprouve le besoin d’écrire dans son même style emphatique ? […] C’est le besoin d’exagérer et d’étonner. […] … Et j’avais besoin de Lina, je ne pouvais me passer de ses baisers, de sa chair divine, de l’entendre se plaindre et gémir de volupté dans mes bras. […] — Sur la route que tu auras à suivre, reprend Circé, pas n’est besoin de pilote ; à la sortie du port, dresse ton mât, tends ta blanche voile et assieds-toi. […] Elle sert aux besoins de la vie de ce quartier important de la cité.

26. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

D’Hozier a été continué jusqu’à nos jours par des complaisants dont les indications ont besoin de vérifications sérieuses. […] D’Annunzio jouit de quelques privilèges qui peuvent expliquer cette nouvelle forme de son activité littéraire : il est le seul auteur en Italie qui ait une troupe à ses ordres, qui puisse choisir les artistes les plus célèbres, qui ose se permettre en fait de mise en scène tous les caprices et tout le luxe dont son imagination a toujours besoin. […] Quand une femme a du talent, elle n’a pas besoin que la mode soit de peindre, elle peindrait contre la mode. […] § Une Sainte Famille attribuée à Quentin Metsys et une Vierge à l’enfant de Raphaël, du Raphaël des premiers instants, justifieraient, s’il était besoin, le parallèle tout à l’heure esquissé entre l’Italie et la Flandre ; d’autant mieux peut être que, précisément en cet instant le plus mystique de sa pensée, Raphaël ne semble pas aussi éloigné qu’il le fut plus tard — la Vierge à la chaise, par exemple, — d’une pure spiritualité picturale. […] Le principal personnage en est, physiologiquement et moralement, étudié avec le plus grand soin, et le conflit qu’il provoque entre ses besoins et ses rêves, conflit dont il est la première victime, donne matière à un drame puissant.

27. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Je perdais un homme qui, depuis vingt-deux ans, me tenait lieu de père, vivant avec économie et s’endettant même pour fournir à mes besoins. […] On trouve à présent que la littérature italienne a besoin de clarté, de simplicité, d’une netteté quelque peu populaire dans la conception et dans l’expression. […] Nous autres, nous avons besoin de voir d’une façon plus concrète. […] Fiorentino lui-même, les Italiens ont besoin de voir les choses d’une façon concrète. […] Pas plus au temps d’Homère que de nos jours, il n’a été besoin d’un nom propre pour désigner une rivière qui est la seule sur les trois faces vraiment habitées de l’île.

28. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Or il n’est pas besoin d’être fin psychologue pour prévoir que chacun d’eux sera enclin à faire peser la responsabilité de ses déceptions plutôt sur ses amis que sur ses ennemis. […] Il est comme un père affectueux, mais intelligent, qui subvient aux besoins de son fils, sans rien abdiquer des droits de la paternité. […] Le grand vieillard bénit tes paroles ; elles sont paroles de vérité, comme ses notes, que tu as bénies… Je sens le besoin de te dire merci d’avoir bien voulu trouver une place pour mon nom à côté du sien dans un coin bien intime de ta pensée. […] À cette question faisait suite un article, où on lisait ceci : Le mal que peuvent causer les impressions des premières années, n’a, en fait, pas besoin d’être commenté. […] Ils en ignorent les besoins, les défauts, la façon d’y remédier.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIX »

J’ai encore besoin d’une traduction pour plusieurs peintres.

30. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Pourtant si, par souci de son pensionnaire et pour renouveler son affiche, le Directeur de notre plus dispendieux théâtre national désirait inaugurer une saison d’opérette dramatico-burlesque, il n’avait pas besoin de passer les monts. […] Ces lettres de femmes sont en grand désordre et elles auraient besoin d’un soigneux classement avant qu’il fût possible de se rendre compte de leur importance. […] Illica, alors que ses compositions étaient déjà connues, et il n’est nullement besoin d’avoir pénétré les arcanes du bouddhisme, de connaître la philosophie du Nirvânah, pour goûter ces allégories et les comprendre sans explication. […] § Mais toujours obéissant à cette force impulsive qui ne lui laisse pas de répit avant qu’il ait épuisé tout ce qu’une idée peut fournir à son art et qui le contraint à la poursuivre dans ses directions diverses, dans ses concordances spirituelles et matérielles, chrétiennes et hindoues, Segantini éprouve maintenant le besoin de nous montrer la mère douloureuse à qui le fruit de ses entrailles est arraché sans qu’elle en comprenne le motif ni puisse en tirer consolation ailleurs que du ciel ; le voilà qui nous donne La Foi réconfort de la Douleur. […] Tous ceux qui avaient suivi le cortège s’en vont là-bas à travers les frimas, tout noirs, un à un, comme autant d’illusions perdues, tandis que rodent les corbeaux sur la neige ; et dans le ciel, qui s’entr’ouvre au faîte du tableau comme au tympan des portes de cathédrales pour dominer les jugements derniers, deux anges recueillent pieusement le petit cadavre, dénué de tous les langes terrestres… Nous n’avons pas besoin de rappeler quel triomphe a été pour Segantini l’exposition de cette œuvre en 1896 à Munich.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXIII »

Ces gens, comme on le voit, n’ont pas de besoins.

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIII »

Je n’ai pas eu besoin de commettre cette imprudence.

33. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Sans souffrir aucune contrainte à son formidable besoin d’empire, il accepta d’avance tous les dangers qu’il se créait par chacun de ses actes, et avec les armes redoutables de sa force et de sa ruse, il chercha à triompher d’eux, jusqu’au jour où il fut le vaincu.

34. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Mais le jour arrive où ce fils tombe amoureux d’une demoiselle, Mathilde, élevée en de bien autres principes, et, les deux pères s’opposant à ce mariage dangereux, les jeunes gens s’enfuient et s’épousent loin de leurs familles… Trois mois après, Mathilde gît mourante ; toute la jeunesse de Guido semble s’effondrer avec son bonheur ; près de ce lit de mort, il cherche en vain un espoir, il éprouve le besoin de cette illusion de l’au-delà que le père a soigneusement et, paraît-il, cruellement empêchée de pousser dans son cœur. […] Ils ne tentent rien au-delà de leur besogne marquée, n’empiètent jamais sur les droits acquis par le besoin, l’influence et des tas de procédés souterrains qui n’ont généralement rien de commun avec la véritable gloire. […] Nous avons besoin pour notre art dramatique de quelques esprits qui comprennent toute la noblesse et toute la force dont on peut animer une pièce destinée au grand public.

35. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 236, 15 avril 1907 »

Et cependant le cabinet des Tuileries, qui avait tant besoin d’aboutir (en supposant que cela fût possible), faisait volte-face, le 25 juillet, sur la question romaine.

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Le sentiment religieux, synthèse originale de tous les sentiments qui lui sont inférieurs, correspond au besoin de verser, — par une affirmation énergique de notre volonté, — notre idéal, nos espérances, nos désirs dans la totalité des êtres, dans l’infini.

37. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Brusa, — par un jeune homme qui a besoin de perdre maintes illusions sur les autres et sur soi-même, — nous arrive avec une lettre de son auteur, toute pimpante d’orgueil et presque d’outrecuidance juvénile. […] Lombroso a-t-il découvert une grande vérité scientifique, capable de s’imposer à tous par son caractère d’évidence, de certitude, ou bien a-t-il mis la science au service de certaines opinions courantes, a-t-il construit le système qui correspond le mieux aux besoins actuels d’une grande et puissante portion de notre société ? […] Polybie, toute blonde, dirigeait l’amphore en la tenant à deux doigts de sa bouche et buvait ainsi sans s’arrêter le vin qui coulait, comme si elle n’éprouvait pas le besoin de respirer. […] Et c’est naturellement au nom de l’hygiène, puis afin d’assurer cette rapidité des communications “imposée — suivant la fallacieuse formule — par les besoins nouveaux”, qu’on a établi des projets qui se résument ainsi : démolition, dégagement de certains quartiers ; élargissement des ruelles, des calli ; construction d’un viaduc qui, partant de la côte de Mestre, permettrait de gagner Venise, non seulement à pied, mais en voiture, — et surtout à bicyclettes ! […] Cependant, Monsieur, ces trois élèves ressentent si vivement le besoin qu’ils ont encore des leçons et des exemples de M. 

38. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

— et il distingue soigneusement la personnalité, qui est l’essence du talent, et la faculté d’assimilation, qui en est la singerie, en ajoutant que la personnalité a besoin d’être rigoureusement disciplinée.

39. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Un irrésistible besoin de renouveler nos visions et nos sensations pour aimer et pour reprendre la vie d’un amour nouveau, sincère, domine tous ces jeunes talents.

40. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

Philippe Monnier : Venise au XVIIIe siècle, Perrin Le peuple était gouverné avec douceur, mis à portée de satisfaire facilement à ses besoins ; en un mot, assez heureux, et même agréablement distrait par des fêtes, des spectacles, qu’un gouvernement, grave d’ailleurs, mais qui avait des vues d’édilité, prenait soin de multiplier ; aussi le peuple de la capitale a-t-il constamment manifesté un véritable esprit national.

41. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Il serait sans doute curieux de rechercher combien, parmi nos conteurs et nos romanciers du siècle dernier, ont lu avec profit les Mémoires de Casanova : ces confidences longues et précises d’une vie toute de fantaisie et d’intrigue semblent faites pour solliciter la verve, et, au besoin, éveiller l’inspiration des écrivains en quête de documents humains.

42. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Le lettré studieux, tout épris de la grandeur de l’ancien Latium, l’érudit qui s’était assimilé les façons naïves, gracieuses et énergiques de nos poètes primitifs du treizième et du quatorzième siècles, dès les origines jusqu’au dolce stil novo, et après jusqu’à la fraîcheur polizianesque de la Renaissance, devait se servir de la forme empruntée à l’ancien classicisme pour interpréter dans ses vers tous les besoins, les aspirations, les revendications, les douleurs, les espoirs de son temps.

43. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Mais entre lui et l’Allemand il y a cette différence qu’avec toute cette science curieuse l’Allemand se serait imaginé qu’on n’avait plus besoin de rien autre ; et le nom de Goethe lui-même nous rappelle combien il peut y avoir de danger pour l’artiste à posséder trop de science ; comment Goethe qui, dans les Affinités Électives et la première partie de Faust, transforme des idées en images, et réussit dans de telles transformations, n’a pas toujours su trouver le mot magique, et nous présente dans la seconde partie de Faust un amas de science sans aucune valeur artistique. […] Peut-être le besoin retint-il son esprit en éveil : les quatre années qui suivirent sont un transport d’inspiration, une extase prolongée. […] Les affirmations attaquées étaient les suivantes : L’église de Dieu a besoin d’une réforme ; elle sera châtiée et se renouvellera.

44. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Pour lui, l’Arioste n’était pas un poète épique et il le plaçait fort au-dessous du Tasse, par ce besoin irrésistible qu’il a toujours éprouvé d’établir des classifications et de n’admirer un écrivain qu’au détriment d’un autre.

45. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Il y a des occasions où tous sentent un besoin insupportable de devenir des savants : c’est généralement, lorsque la science est un peu cochonne. […] L’eau à Massaouah est peu abondante et mauvaise ; les troupes dirigées vers les hauts-plateaux avaient à parcourir des régions complètement arides ; il fallait donc transporter des provisions d’eau aussi bien que de vivres : tout cela se faisait à dos de mulet ; mais si on réfléchit à ce que représente de besoins un simple corps de 10.000 hommes, par exemple, en vivres, eau, vêtements, armes, munitions, nourriture et abreuvage des quadrupèdes, tout cela transporté à des distances immenses, par des chemins offrant des difficultés inouïes, on en demeure effaré.

46. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Le peuple, qui n’est si idolâtre que par ce besoin qu’il a de prolonger sa jouissance, en la reportant sur les objets représentatifs de l’éternité, le peuple ne voulut point se résoudre à une existence disciplinée, précise.

47. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Quand donc le public et les artistes ne s’intéresseront-ils plus à l’habileté clownesque du pinceau, soulignant le travail, au lieu de le faire disparaître devant l’expression de la Pensée, comme chez le Vinci et son école par la perfection même, ou chez les Primitifs, par une méthode simple, un dessin coloré, méthode qui s’est transmise, sans besoin de changement, depuis le Giotto jusqu’à Verocchio et ses élèves ?

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