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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Aussitôt leur création, la dixième partie de ces ordres se perdit et la nature humaine fut créée, pour les remplacer. […] VII. — Entre la nature angélique d’ordre intellectuel et l’âme humaine il n’existe aucun degré ! […] IL — Frédéric de Souabe, empereur des Romains, interrogé sur la nature de la noblesse, répondit : « C’est une antique richesse et une belle coutume. » III. — Le fondement de la majesté impériale, c’est la nécessité de la vie civile. […] La bonté de l’âme dépend de la nature du germe, de la disposition du semeur et de celle des cieux. […] malheureux et ingratement-nés, vous qui préférez sortir de la vie sous le nom d’Hortensius plutôt que sous celui de Caton. » XXV. — J’ai montré quels signes apparaissent à chaque âge dans une noble nature, signes sans lesquels il n’y a pas de noblesse.

3. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

L’illusion, un mot désormais privé de sens : la réalité de la nature est évidente. […] Bâtissons un temple à la Beauté, la Beauté éternelle, immuable, qui vivifie et déifie la nature entière, à la Beauté, qui se manifeste depuis la plante, élevant vers le ciel, comme une prière, le rythme de ses feuilles, jusqu’à la créature humaine la plus parfaite, car il y a autre chose que l’aspect extérieur dans la nature, la lettre est animée du souffle de l’Esprit. […] » Et que l’arbre, le rocher, la fleur, le nuage, l’ombre et la lumière, la montagne et la mer, l’homme dans toute la nature, te révèlent toujours à mon regard adorant !  […] Nature sensuelle et sentimentale, il ne pouvait se satisfaire que par le rendu des sentiments et des sensations, en leur immédiate et extrême acuité. […] Les sculpteurs traditionnels n’ont, en cet ordre d’idées, rien effectué de mieux que ce que représenterait un morceau moulé sur nature ; et dans ce cas, pourquoi modeler et ciseler ?

4. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

La nature était « la vraie maîtresse des plus hautes intelligences ». Aussi se plongea-t-il dans l’étude de la nature. […] L’esprit capricieux de Ludovic était sensible aussi au charme de la musique, et il y avait dans la nature de Léonard comme quelque chose de magique. […] Raphaël représente le retour à l’antiquité et Léonard le retour à la nature. […] Savonarole ripostait en démontrant la non-valeur de l’excommunication par la nature même des motifs qui avaient déterminé le pape à la lancer.

5. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Les préoccupations techniques priment, surtout chez les jeunes, le sens de la nature et la recherche de soi. […] Je veux dire par là qu’elle est plus pliée aux besoins d’une utilité laide et contre nature. […] Aristote veut que cela vienne de ce que l’acte vénérien dessèche les yeux, dont la nature est humide. […] Pâris représente la nature humaine, Minerve la contemplation, Junon l’action, Vénus la volupté. […] Il est amant de la nature, à l’exemple de Ruskin, dont il fut épris autrefois.

6. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Mila est une créature de la nature sauvage. […] La Nature semble parfois se révolter à ses profondes désharmonies, et réparer d’elle-même ce que les hommes considèrent comme ses fautes. […] La Fiorita résume les sensations et les sentiments d’un noble poète épris de tous les spectacles de la nature. […] » Mais dites plutôt : « Je suis une parcelle du cadavre éternel et vivant de la nature !  […] Il me révéla par son geste toute la sincérité de sa poésie, dans ces évocations de l’histoire connue, dans celles de la nature vue ou rêvée.

7. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Il est plus aisé de peindre des Ogres et des Géants que des Héros et d’outrer la nature que de la suivre. […] En comédien consommé, il n’a tiré parti des larmes que pour faire succéder aux effets du pathétique ceux de la terreur : sa voix éloquente exprime la fureur de Roland avec autant de souplesse que son désespoir ; il traduit l’horreur des éléments déchaînés, la lutte suprême du héros révolté contre la nature. […] Si nous nous retrouvons chez Pluton, dégagés peut-être de ce que notre nature a eu de trop mordant pendant notre séjour sur la terre, nous nous arrangerons à l’amiable ; il recevra mes excuses sincères, et nous serons, lui mon ami, moi son sincère admirateur34. » Ce qu’il écrit ici, Casanova le pensait-il en quittant les Délices ? […] Si le caractère même de Casanova et la nature de ses propos ne suffisent pas à expliquer la froideur ou la malveillance relative de l’accueil qui lui fut fait, il n’est pas inutile de rappeler que l’état de santé de Voltaire, entre 1760 et 1766, lui rendait fort pénible la nécessité où il s’était vu d’ouvrir sa maison à tous les passants que l’admiration ou la simple curiosité y attiraient. […] C’est ainsi que s’y était pris Boufflers, qui le charma ; ainsi avait fait cet autre grand fou, dont le souvenir s’évoque tout naturellement quand il s’agit de Casanova, le prince de Ligne : il réussit à passer auprès de Voltaire huit jours qu’il employa de son mieux en pirouettes de toute nature et dont il nous fait une relation impayable.

8. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

À côté du citoyen, l’homme point en lui, l’homme qui aime le beau, la nature, le sourire des vierges, le soleil, l’azur, la mer, les moissons flottantes dans les campagnes, les forêts qui bruissent au souffle du vent, les neiges qui rayonnent de blancheur sur le haut des Alpes. La nature : voilà le plus grand amour du poète. […] Cette compréhension profonde et intellectuelle de la nature a rendu possible chez Carducci son admirable divination du monde païen, grec et latin, qu’il ressuscite avec intensité dans les Odi barbare. […] » Le vin, l’amour, la joie, les attraits éternels de la nature ont droit au partage de la vie de l’homme, laquelle doit se passer dans l’action et non pas dans l’ennui stérile de toutes les choses de ce monde. […] À la religion de la nature le poète ajoute le culte des traditions de sa patrie.

9. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Quelques-uns, à Florence, se tournent vers la nature, et la cherchent dans les anciens mètres, avec une émotion nouvelle, compliquée, et assez intéressante. […] Guido Gozzano chante sa vie extérieure, il évoque les choses simples d’un passé non lointain, la vie de ses aïeux, la mélancolie des choses simples, de la nature et des hommes. […] Un amour sauvage de la nature, une compréhension farouche des rapports entre les hommes et les choses, une signification singulièrement ironique découverte dans chaque attitude de l’étre, forment le charme et l’envergure de ces poèmes. […] Elle évoque dans son volume tous ses souvenirs de Sorrente, ses entretiens avec Nietzsche, les attitudes du philosophe devant la nature merveilleuse des pays du soleil, de ces « pays méditerranéens », qu’il voulut chérir avant tous les autres.

10. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

C’est le confortable sans-façon d’heureuses natures, exubérantes à souhait, satisfaites de peu et naïvement contentes de soi-même. […] On n’avait pas, en ces temps-là, le prosélytisme de la science ; et bien au contraire, la tendance était de cacher au vulgaire les secrets de la nature. […] Jamais la nature n’a été plus victorieusement forcée dans le mystère d’une de ses heures les plus délicates. […] C’est l’éternel mythe de la nature, tour à tour mère et marâtre, donnant la vie et la mort, et captive de son crime de mort jusqu’à ce qu’elle l’ait expié par une nouvelle vie. […] Il y a beaucoup d’adresse, il y a aussi de la nature.

11. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Comme la nature ne perd jamais ses droits, elle a fait place, de nos jours, à l’occultisme, aux tables tournantes, au spiritisme, pour les amateurs du merveilleux, du surnaturel, du mystérieux, qui y vont chercher leurs inspirations et leurs règles de conduite. […] Le Peuple revenait souvent dans leurs discours, mais ce peuple n’était qu’une vague entité, quelque chose d’aussi précis que Dieu, et de même nature ! […] Plus que tout autre grand poète de la nature, Pascoli, ne fut qu’une bouche qui chante. […] Et là encore le poète a mis comme fond à sa vision l’immensité de la nature mère, l’évocation de la vigueur rêveuse de ceux que Calvin appelait « les rudes du peuple ». […] Marinetti jette par-dessus bord non seulement les lois périmées des esthétiques et des morales, mais les lois mêmes de la nature, quand il nous montre les flots de l’Océan Indien soulevés à la voix des Futuristes et s’en allant engloutir, contre les flancs de l’Hymalaya, les hordes éperdues de Podagra et de Paralysie.

12. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

L’épigraphe de Maître Eckhart : « Mon œil et ce qu’il voit, sont une chose seule », qui orne comme un cachet mystique le volume, révèle nettement toute la philosophie du poète esthéticien, qui déclare plus loin mépriser la théorie des sources dans l’histoire de l’art, et « trouver dans toute œuvre géniale la continuation et la révélation de ce qui vit dans la nature environnante ». […] Par cela, les Héros et les Mystiques se révèlent identiques, compris en tant que puissances humaines, comme forces de la nature. […] La maladie est la révélation d’une désharmonie, d’un gouffre qu’il faut combler et d’un tourbillon de malheurs qu’il faut arrêter d’un geste, ce qui forme le suprême orgueil de l’homme en lutte avec la perpétuelle hostilité de la nature.

13. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Dussé-je me répéter une fois de plus, j’ajouterai qu’il n’eût pas été inutile, dans un ouvrage de cette nature, de donner quelques plans archéologiques, la topographie détaillée de Rome n’étant pas forcément familière à tous ceux qui liront M.  […] Un jour de marché, un riche fermier, Maître Chicot, a été vu se baissant sur la route, ramassant et mettant avec soin dans sa poche un objet dont on n’a pu établir la nature. […] Mais aussi nous apprenons à quels éléments ils ont fait appel et la nature de la source de leurs émotions. […] Pour M. de Bosis, il est le principe même de son amour pour les hommes, pour la nature, pour toute la vie. […] Cette impétuosité jaillit dans une description : la nature renaissante.

14. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Le héros de ce livre, Vittore Rodia, au lieu de se plier à la vie, voudrait plier la vie à ses principes ; c’est un logicien qui s’indigne que la même quantité de vin pur soit versée dans les humbles gobelets et dans les larges cratères, et qu’à un homme qui peut comprendre tout et jouir de tout, la nature offre les mêmes banalités qu’au commun des humains. […] C’est un idéaliste ; il sait que la nature n’est que le vêtement et le prétexte de l’idée. […] En l’an 1700 l’Italie n’avait pas produit, imitations de l’œuvre du Tasse, moins de deux cents drames pastoraux ; en Angleterre, en Espagne, en France, Spencer, Shakespeare, Milton, Cervantès, Honoré d’Urfé furent touchés par le génie du Tasse, écrivirent des pastorales : l’Astrée est une longue et très belle transposition de l’Aminta, « ce tableau de l’âme et de la nature humaine à leur printemps ». […] Garoglio, en présence d’un grand artiste qui, nourri de Virgile et de tous les classiques, interprète cependant la nature avec une profonde originalité ; on sent que les choses ont eu sur lui une influence directe et immédiate. — (5 septembre) : M.  […] Ce n’est pas le cas de s’arrêter à la tragédie et d’en résumer l’argument ; on la considère désormais tel qu’un chef-d’œuvre ; elle est puissante, et les personnages y atteignent des proportions plus grandes que nature, selon la bonne règle de la tragédie classique.

15. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

L’argument de ce petit livre si soigné en tous ses détails est un hymne à la Nature ; une idylle gracieuse se développe sur le fond des bois et parmi le chuchotement des ruisseaux ; mince argument, qui ne semble que le prétexte à un patient exercice de forme. […] De plus, l’anatomiste s’occupe d’une catégorie nettement limitée d’objets sur la nature desquels aucun doute ne s’élève, à savoir des corps humains. […] Il faut en chercher les causes dans la nature même du public qui accepte ses idées : que représente Lombroso, aux yeux du public ? […] Lombroso a été l’un des premiers à sentir que tout le droit pénal est construit sur de fausses bases, qu’il est absurde de condamner les criminels en vertu de la nature et des effets de leur crime, que le degré de responsabilité varie considérablement d’individu à individu. […] “Les relations que nous avons ensemble, disait Lamartine, ont toujours été de la nature la plus amicale et la plus confidentielle.”

16. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

La nature ennemie prit alors clairement devant l’esprit de la foule le nom qu’elle portait dans les cœurs craintifs et anxieux. […] Avec d’Annunzio l’action des hommes ne paraît plus isolée dans la nature, et ne se déroule pas en belle, parfaite corrélation avec les pauses et les fureurs de la nature environnante, comme chez Shakespeare (Tempête), chez Ibsen (Braud) et chez Maeterlinck (Princesse Maleine). […] Il faut aussi que la signification du chœur soit dans le milieu et dans la nature environnante d’où les personnages se détachent pour agir devant l’âme des spectateurs. […] Pour les révéler en paradigmes scéniques, il choisira quelque force-type de la nature, observée dans un individu ou dans un groupe ou dans une multitude d’individus. […] Sa femme l’aime tendrement, mais elle est la petite nature qui ne demande qu’à s’effacer pour la gloire de l’homme auquel elle a voué sa vie.

17. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Ens enim natura producit unum, unum vero bonum , l’être par sa nature produit l’unité et l’unité le bien. […] Le troisième livre du traité seul importe : Dieu ne veut pas de ce qui répugne à l’intention de la nature. […] Qui se blâme lui-même avoue qu’il connaît son vice et sa méchante nature : mieux vaut se taire. […] Coloriste médiocre, dessinateur d’une correction fausse et froide puisque la nature est toujours incorrecte, insuffisant souvent même au point de vue du modelé, Raphaël demeure surtout un étonnant illustrateur. […] De toute façon, cette conception hardiment philosophique de Léopardi, qui considérait le Mal comme la raison de la vie, et exaltait Ahriman comme principe du mouvementée rapproche de celle de Carducci, qui a vu en Satan le principe de la Raison, qui remue et perfectionne la nature dans le sens de la volonté de l’homme.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907 »

Il est, du reste, assez évident que plusieurs des exposants, et non les moindres, protestent par la nature de leur talent contre le sens tendancieusement collectif et global du titre : et je constate qu’au-delà comme en deçà des Apennins il n’est guère en art, malgré les vœux nationalistes, que des ambitions et des réalisations individuelles. — On en trouve ici de fort intéressantes : le vieux Segantini, qui garde notre estime sans appeler notre enthousiasme ; Carlo Fornara, réaliste qui pense à l’interprétation de la nature, tempérament bien latin : il fait, en quelque sorte, du Segantini à rebours, élargissant une écriture aux débuts plus serrée et maintenant très personnelle ; Previati, point du tout impressionniste, retenu par les conventions anciennes et qui n’a pas encore abdiqué l’inexpressive allégorie ; les sculpteurs Bogatti, animalier, et André Otti, tous deux en quête de l’expression intense, tous deux excellents caractéristes.

19. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

Qu’il y ait une mystique de la nature, comme il y a une physique : rite et science, intuition et expérience. […] Avec Dieu, l’art se fait ministre gnostique et le poète l’explicateur de la nature.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Étant très moderne, il se complique d’un sentiment panthéiste très spontané, qui vibre harmonieusement avec toute la vie de la nature, et s’émeut au centre même de la vie, devant les visions isochrones de l’âme humaine, de l’âme de la terre, de l’âme des astres perdus dans l’espace. Le sentiment panthéiste de Giulio Orsini a ainsi très souvent les caractères d’une véritable « intelligence panthéiste », dont les représentations esthétiques, qui semblent à la fois impulsives et réfléchies, ne s’égarent jamais dans l’évocation minutieuse et lente des objets de la nature, ainsi que nous l’observons dans la poésie de Pascoli ou de Francis Jammes, ou dans celle de Mme de Noailles, qui en général n’est plus qu’une mièvre parodie de l’esthétique panthéiste.

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

Dans ce premier volume, Avant Machiavel, l’auteur a rassemblé tous les traits de « machiavélisme » dont abonde l’histoire des États italiens ; car Machiavel n’a pas créé, il a formulé ce que l’on a appelé, d’après lui, le machiavélisme, et ce qu’il a observé, dans son livre du « Prince », d’après nature, d’après ce César Borgia qui lui-même eut pour prédécesseurs quelques types déjà caractéristiques de politicantes italiens, tels que Castruccio Castracani, le plus ancien, puis les deux premiers Sforza, Bianca Maria Visconti, Girolamo Riaro, Catherine Sforza. […] En 1488 Alvise peignit un tableau pour la salle du Grand Conseil et l’année suivante sa Madone de l’église du Rédempteur : on y trouve encore ce goût de la réalité qui se manifeste dans la nature morte du premier plan, poires, cerises et pommes, mais la facture est plus molle et moins serrée, sans avoir encore cette liberté et ce charme qui feront le prix des Giorgione.

22. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Aussi, pareillement, le talent et ses artifices s’assortissent-ils plutôt mal à son genre de beauté d’enfant de la nature. […] Il est presque toujours un bon élève des maîtres ; il possède un sentiment païen de la nature qui n’est pas sans charme, bien qu’il n’arrive pas à créer des formes nouvelles. […] Pierre-Gauthiez écrit : « En voyant combien elle fut militante, il faut songer que l’action est propre aux Saints d’Italie. » Natures de feu, ces saints, d’un feu d’autant plus vif, actif et industrieux, qu’il devient, par le renoncement, plus subtil et spiritualisé, Natures de feu. […] En somme, la sensation et la perception sont relatives à la nature de l’objet et du sujet en même temps et participent de ces deux vies-forces. […] C’est d’ailleurs le rôle de l’artiste de communiquer vraiment avec la nature, pour en donner aux autres une image claire, dénuée de tout symbole.

23. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Parfois, un élan éperdu, une angoisse toute orientale, un sursaut de son atavisme admirable, lui donnaient la nostalgie des grandes visions, des paysages d’orages, des orages de la nature et des hommes ; mais le souffle était court. […] Novalis a dit aussi : « La nature a des images allégoriques. […] Il a un sentiment si singulièrement profond de la nature, et un amour si éclairé, si compréhensif des êtres et des choses de la campagne, que toute son œuvre semble devoir l’exalter d’une manière incomparable. […] Il importe peu que sur les caractères les plus évidents, parce que extérieurs, de ces premières œuvres de Oriani, prévalent désormais les qualités essentielles de la nature de penseur et d’artiste. […] La nature et l’art y semblent deux frères jumeaux, également doux à contempler, dont la vue épanche une félicité alternée : l’un plus robuste, l’autre plus pensif, tous deux montrent un front héroïque et charmant.

24. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Il est possible qu’ils en sachent sur beaucoup de choses bien moins long que nous, car, là-bas, la nature est trop belle — et pour eux, le mot de Méphistophélès est, certes, plus vrai que pour nous — mais n’importe, vous ne leur ferez jamais prendre des lanternes pour des étoiles. […] Imaginer une souffrance inhérente à la nature des Dieux n’était pas dans l’esprit du monde païen, et lorsque le Christianisme arriva, l’on ne put concevoir de suite une telle souffrance6. […] Raggi e Ombre, Versi, par Alfio Bellusio (Catane, Niccolo Giannotta) Ce sont des vers faciles décrivant des paysages siciliens avec un vif sentiment de la nature ensoleillée, de ce pays que Verga nous a fait connaître.

25. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

On la trouvera dans la nature même des sujets traités. […] Sans doute, il faudra faire sur le texte, sur les détails et le ton du dialogue, les réserves générales que comportent la nature même des circonstances et le caractère du personnage ; mais dans l’ensemble la scène est exacte et rien ne peut en altérer la valeur historique et l’intérêt documentaire. […] « Non plus que l’artiste n’a droit à déformer la nature, comme y tendait Michel-Ange, ou bien à la décaractériser, selon l’erreur de Raphaël, il n’a le devoir de la copier mesquinement en toute occasion. » On pourrait infiniment objecter.

26. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Nous n’étions pas habitués à voir ainsi reproduites avec vérité les choses de la nature. […] comparable à ceux que nous offre la Nature. […] — La nature produit peu de femmes belles. […] Rien de ce qui peut manifester la nature humaine, dans sa grandeur ou sa bassesse, ne le surprendra. […] L’inconvénient capital de cette thèse, c’est qu’elle n’établit à aucun moment la nature du « délit » d’E.

27. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Guelfo Civinini ne se laisse pas décourager par les difficultés de toute nature qui entravent la carrière d’un poète : il est appelé, son entêtement aidant, à une victoire flatteuse sur tous les poétereaux officiels. […] La nature se donne rendez-vous sous ses murs. […] Son œuvre est une épopée sublime, grotesque, indélimitée : on y voit passer non des bourgeois lilliputiens, mais des athlètes ; on y entend non la petite tragi-comédie quotidienne, mais l’ouragan indompté grossi de tous les hurlements de la nature irritée. […] Le roi Charles-Albert avait en lui de la race, de l’élégance, tandis que la nature du roi Victor était commune. » Et le comte de Reiset connaissait Victor-Emmanuel qui prince royal, venait chez lui avec une fausse barbe, et sous le nom de Martin, tant pour causer des choses de l’état que pour faire confidence de ses escapades.

28. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Les procédés de métier se sont modifiés, l’émotion à exprimer est d’une autre nature, sans doute, mais la pénétration du sens d’un paysage ne change pas. […] À l’objectivité du sujet les peintres du Nord ajoutent celle de la nature. […] Ils tiennent un compte égal des hommes et des choses : un visage, une nature morte. […] Dans la nature à laquelle ils restent extérieurs, en quoi ils ne voient point l’humble matière dont l’esprit latin est la superbe matrice, ils retrouvent et poursuivent un mystère apparenté à celui du dogme lui-même, à l’interprétation divine de la vie, un reflet de Dieu et non pas une dépendance de l’homme. […] De ces deux anges en plein ciel, l’un, qui fend l’air d’un élan tout-puissant, les cheveux dans le vent, le visage ailé lui-même d’un vaste rire, semble une force de la nature, un élément, la joie vivante ; et l’autre, dont la tête seulement nous est visible, pensif, attentif, le front lumineux, pourrait se nommer la Méditation.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVII »

Ce sont les hommes de la nature.

30. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIX »

Sans sortir de la nature, la figure de M. 

31. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

N’oubliez donc jamais la nature de charlatan gascon qu’il ne peut dépouiller. […] Elle éprouvait pour la nature un amour sain et fort. […] Or l’idée qu’un homme se peut faire de Dieu n’est que la projection extérieure de sa propre nature. […] Il y tend parce que, sur cette nature, tout entière sentimentale, qui, en fait d’analyse psychologique, ne peut fournir que des observations prises en lui-même, la fatigue détermine l’effort vers un repos que seule une idée de nature analogue à ce qui est la foi religieuse peut fournir. […] « Cette nature, écrit M. 

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXII »

Aussi ces détails peuvent être faux, mais enfin c’est de la fausseté prise à la source et qui doit encore plus ressembler à la nature que ce qu’impriment à Paris des gens qui n’ont jamais vu le soleil de Naples réfléchi dans cette mer charmante.

33. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXII »

Le voilà trouvé le pays où il faut venir jouir de la nature et à six heures d’une grande ville.]

34. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXV »

Voyez ce que c’est que les écoles différentes, les diverses manières de voir la nature !

35. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

L’artiste, en s’ajoutant à la nature, comme disait Bacon, en augmente l’action intensive et expansive. […] Les rapprochements internationaux façonnent la mentalité d’un pays, même quand ils sont contre nature ; c’est durant les longues années de paix que l’on prépare l’âme nationale qui réagira aux heures de crise. […] […] L’habituelle convention de nos mœurs nous éloigne invinciblement de la nature ; la monnaie de singe ou l’apprêt de notre politesse nous accoutume à prendre une « attitude » et, au théâtre, cette attitude est facilement affectée. […] La première Encyclique est un document de valeur médiocre : Qui dirait que ces peuples armés les uns contre les autres descendent d’un même ancêtre, qu’ils sont tous de même nature et parties d’une même société humaine ? […] En prenant pour cadre de ce tableau la légendaire Italie, la mère de tous les poèmes, l’auteur l’a rendu encore plus parfait, plus classique, si j’ose dire, mais en le laissant vibrer sous une lumière vivante, toutes les clartés de la nature.

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

J’ai pensé seulement que si jamais je voulais vivre quelques mois au sein de la nature il fallait venir m’établir à Saint-Ambroise, à un mille au-delà de Varèse, qui est une petite ville, tandis que Saint-Ambroise est un village.

37. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXX »

Cesarotti ne voit pas la nature du comique : mais il indique bien le combat de deux passions ridicules comme dans Letellier.

38. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

Ils en sont à l’astronomie d’avant Copernic : ils croient que l’homme est le but de la nature, comme on croyait que la terre était le centre de l’univers.

39. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 246, 15 septembre 1907 »

Cette quatrième année, dont par cet arrangement vous pourrez disposer sans intervertir l’ordre établi, vous mettra à portée, sans qu’il en coûte rien au Roy, des places de grâce, dont vous gratifierez des sujets dignes d’attention et à qui ce secours peut être utile, quoique leur genre de talent ne soit pas de nature à concourir aux prix.

40. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Son père, médecin, le fit transporter à Rapallo et « entreprit d’achever l’ouvrage de la nature et de travailler à la formation de l’enfant avec le même artifice que celui dont on se sert pour faire éclore les poulets en Égypte » ; il fit mettre son fils dans un four et réussit dans son entreprise à tel point que l’enfant vécut soixante-dix-neuf ans. […] Or, pour rendre possible le démembrement de l’Autriche, il faut que l’Italie ait un programme adriatico-balkanique de nature à lui valoir le consentement des peuples de l’Entente, et en même temps à rallier autour de l’Italie toutes les alliances qui jusqu’ici, dans la crainte d’une compensation insuffisante, restent timides et dispersées. » Le tout était de savoir si on voulait faire des concessions assez importantes. […] Il y a analysé devant eux les raisons qui. ont favorisé un rapprochement jugé impossible par beaucoup d’Italiens et de Yougoslaves : « Il y a une raison de nature spirituelle, a-t-il dit, c’est que cette guerre nous a fait vivre une vie si intense que les mois ont la valeur historique de dizaines d’années, et les années de siècles, et que les transformations dans les esprits et les sentiments des peuples s’opèrent avec la même foudroyante rapidité, dans la direction que leur indiquait leur propre nature originelle. […] Mais cette germanophilie — contrebalancée, d’ailleurs, par une anglophilie de même nature — était d’essence purement commerciale, étant due à ce que le grand peintre voyait sa production systématiquement dédaignée en Italie, cependant qu’on se la disputait dans les Empires Centraux. […] Elle n’a pas perdu son temps à de longs arrêts stériles, comme elle n’a pas cherché à extraire des faits un résultat artificiel et contraire à la nature des choses.

41. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Les préoccupations politiques semblent assoupies dans les douces angoisses de l’homme qui oublie le rôle qu’il jouait devant les hommes, et avec un étonnement tendrement lyrique se retrouve devant la nature, et devant les sentiments simples, les fantaisies géorgiques et sentimentales que la nature cache avec une indulgente et éternelle jalousie.

42. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Après que le peintre a pris si fidèlement à la nature tous les détails qui semblent la réalité même, cette lèvre qui va parler et dont pourtant le contour est insaisissable, cette narine délicate qui respire, ce creux de la gorge où l’on voit courir le sang, il a, je ne sais, par quel mystérieux artifice, jeté sur toute sa figure comme un voile de lointain dont la vague magie trouble le spectateur et tout de suite l’emporte dans une région idéale. […] C’est là qu’il avait étendu raide-mort le comte Janich, dont l’ombre lui apparaît, parfois, pour lui démontrer que l’amour d’un audacieux pouvait toucher le cœur d’Aurora ; qu’une femme se moque, si bon lui semble, des cruautés d’une nature autoritaire ; qu’elle se venge des humiliations subies et qu’elle ne met pas de prix à l’achat du bonheur. […] Il n’est pas un poète de culture, mais de nature. […] Ils n’ont ni le ton passionné et monotone de mes compatriotes, ni le ton sentimental et outré des Allemands, ni la manière fatigante des Anglais : ils donnent à chaque période le ton et le son de voix qui convient le mieux à la nature du sentiment qu’ils ont à rendre ; mais le retour obligé des mêmes sons leur fait perdre une partie de ces avantages. […] Entendons-nous bien ; nous ne parlons pas maintenant du bonheur de son expression, du miel et de l’or qui coulent de sa bouche par une nécessité de nature, même s’il dit les choses les plus fausses et les plus ennuyeuses du monde.

43. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

Le sentiment religieux est tellement essentiel, à mon avis, à la nature humaine, que sa dissolution est impossible.

44. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Pourtant, combien ce langage incompris était clair et simple ; sans autre désir que la pensée, il la précise dans de grandes lignes plus proches souvent du hiératisme monumental que de la nature imitée ; mariant son essor à toutes les aspirations de son temps, il était un accord de plus, et le plus beau peut-être de cette immense symphonie des cœurs vers Dieu.

45. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Reprenant un historique déjà fait par de nombreux écrivains, cet auteur nous montre la lente transformation à travers les espèces de l’instinct sexuel en amour, et regrette que chez les hommes, où l’instinct se rehausse de sentiment et d’intelligence, les lois, les coutumes, les mœurs s’unissent encore pour alourdir les bras des amants de tant d’entraves et violer une fois de plus les lois de nature. […] Réaliste, épris de nature, il enferme la pensée mystique qui le guide dans le corps des hommes et des femmes qu’il a sous la main : la fille du peuple qui a quelque peu de front pose une Vierge, — sa Vierge d’Arezzo, — le premier montagnard venu un Christ : celui de sa fresque du Mont-de-Piété a le nez cylindrique, les lèvres épaisses d’un maure, les yeux caves et les extrémités grosses et communes, — mais le peintre, en dépit de ces réalités qui s’imposaient à lui, a su le rendre formidable et impressionnant quand même.

46. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Ce n’est guère qu’à des esprits internationaux par nature et restés tels grâce aux circonstances favorables, à des humanistes comme on disait autrefois (aujourd’hui il sont si rares qu’ils n’ont plus de nom), qu’il est donné de s’élever ainsi au-dessus de la mêlée et, de voir les combattants s’entre-déchirer en invoquant dans leur cœur le même dieu et en croyant sincèrement les uns et les autres lutter pour la justice et pour la liberté. […] Écrites par un homme doué d’une grande sensibilité esthétique, ces impressions, où la beauté de la nature et des œuvres d’art tient une grande place en dépit des préoccupations souveraines de la politique, offrent un double intérêt.

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