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2. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

En approuvant la règle des frères mineurs, il la déclara au-dessus des forces humaines. […] Léonard admire tellement le corps humain qu’il s’indigne que de vilaines âmes puissent l’habiter. […] Le dualisme humain peut-il être régi par une unique loi, comme on a tenté jusqu’ici de l’obtenir ? […] Nul génie humain ne s’est jamais formé tout entier de ses seules ressources. […] Les races boréales ont jusqu’ici le privilège de la création psychologique de « types humains » plus que de « figures humaines », de types éternels, ainsi qu’elles ont le don de la création métaphysique et symphonique.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Avant la prévarication de l’espèce humaine, tous les discours commençaient par a gaudio ; depuis ils commencent tous par heu ! […] La racine de la lignée humaine fut plantée en Orient. […] Vienne quiconque, grâce aux labeurs domestiques et autres, aura subi la faim humaine. […] L’envie engendre le mauvais jugement et puis l’impureté humaine toujours souillée de quelque passion. […] La vertu la plus aimable et la plus humaine est la justice qui réside seulement dans la partie rationnelle ou volonté.

4. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

L’apparence d’une dissolution, dans les pays d’Europe, vient du fait que le christianisme, durant le cours de plusieurs siècles, s’est resserré en un dogmatisme jaloux et intolérant, se retranchant hors des progrès de la pensée et de l’esprit humain. […] Si le sentiment et l’esprit religieux étaient réellement des formes historiques de croyance et d’orientation pratique de l’âme humaine maintenant dépassées, et non les exigences perpétuelles de celle-ci et le fruit naturel du contact de l’esprit avec la réalité, les religions positives auraient marché, pendant la phase actuelle, à une lente et tranquille décomposition. […] Le sentiment religieux est tellement essentiel, à mon avis, à la nature humaine, que sa dissolution est impossible. […] Nous allons vers une conception religieuse où le dogme tiendra une très grande place, mais où les relations entre l’intelligence humaine et le dogme seront des relations de foi vivante dépassant les formules, plongeant dans le mystère, y puisant l’amour, la force, la vie à traduire en action. […] Il est probable que les gains compensent à peu près les pertes ; 3° La religion est le ciment indispensable de toutes les sociétés humaines, telles que nous les connaissons.

5. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

De là, le merveilleux dynamisme humain, exalté de temps en temps par la guerre : miracle du sang et de la destruction qui renouvelle la vie. […] Vico, et a synthétisé le couple humain de la force insoucieuse et de la sagesse faite de souvenirs immémoriaux, dans Siegfried et Brunehilde. […] La représentation de la vie humaine dans ses plus belles significations de souffrance et de volonté sera le Drame nouveau. […] Humainement, il n’était pas possible d’avoir plus raison que Savonarole : mais nul humain n’a raison. […] Cela est très humain, et cela est très bestial.

6. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Professeur de psychiatrie à l’Université de Turin Pour qui a étudié sérieusement l’histoire des religions, il n’y a aucun doute : elles s’appuient sur une série d’erreurs qui viennent de quelques besoins humains, spécialement du besoin d’être protégés contre des forces, vis-à-vis desquelles nous nous sentons impuissants, comme les météores, les épidémies ; et, s’il se peut qu’une institution sortie d’une erreur puisse évoluer, elle finit toujours par tomber dans une autre erreur. […] Étant très moderne, il se complique d’un sentiment panthéiste très spontané, qui vibre harmonieusement avec toute la vie de la nature, et s’émeut au centre même de la vie, devant les visions isochrones de l’âme humaine, de l’âme de la terre, de l’âme des astres perdus dans l’espace. […] Giulio Orsini s’exprime au contraire dans une prosodie rapide, libre, vigoureuse, où la vie humaine et la vie végétale se fondent joyeusement dans la vision de la vie universelle. […] Ici il n’y a pas d’affirmations trop grandes sur la solennité de la vie, ni de négations trop radicales sur la vanité des efforts humains.

7. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Le fiancé humain en devient presque fou, mais il en découvre l’immortalité de l’âme. […] Le public sera étonné d’apprendre que la Transfiguration est une peinture déplorable ; mais il faudrait peut-être étonner davantage encore le public et lui détailler les infamies de cette composition baroque où tout semble calculé pour dégoûter, à la fois de l’art, de la religion, de la couleur, des visages et des gestes humains. […] Le héros de ce livre, Vittore Rodia, au lieu de se plier à la vie, voudrait plier la vie à ses principes ; c’est un logicien qui s’indigne que la même quantité de vin pur soit versée dans les humbles gobelets et dans les larges cratères, et qu’à un homme qui peut comprendre tout et jouir de tout, la nature offre les mêmes banalités qu’au commun des humains. […] C’était aussi un homme d’une volonté admirable et d’une originalité farouche ; il n’y a peut-être pas eu une autre créature humaine aussi personnelle, aussi différente du troupeau que ce saint qui, méprisant tout ce qui n’était pas l’amour pur et la charité absolue, vécut tel qu’un pauvre pour vivre libre. […] Nous avons ici, enfin, le drame humain, tandis que Robert Hamerling nous donne la tragédie formidable et quelque peu trop subjective.

8. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Le Poète y exaltait un Satan compris dans le sens prométhéen de Lucifer, le porteur de feu, le principe de la lumière, le souffle primordial de la raison humaine, et par cela même l’âme occulte de toutes les créations, de toutes les conquêtes de l’homme. […] Les Italiens offrent aujourd’hui ce spectacle, qui a sans doute sa beauté, et qui est un intéressant témoignage pour une collectivité humaine, capable de vénérer un Poète au milieu des merveilleux mais implacables orages de la domination industrielle contemporaine. […] Dans la formation inéluctable de fédérations humaines, dont aucun de nos plus intuitifs politiciens ne peut encore avoir conscience, et parce que les mutations et les combinaisons de l’âme profonde des races précèdent toujours les mutations et les combinaisons politiques, la race méditerranéenne se redresse avec orgueil. […] La nouvelle tragédie méditerranéenne, où tous nos dieux apparaîtront dans la lumière, où la pensée humaine, art, philosophie et science, se sublime dans ses teintes d’aurore nouvelle, où le corps et l’âme, le paganisme et le christianisme, la Danse et l’Extase, seront réconciliés, et dans leur parfaite harmonie montreront encore au monde la puissance joyeuse de la vie, se compose déjà peu à peu, dans notre inconscient, des éléments qui, de tous les pays méditerranéens en réveil, élèvent leurs voix de renaissance, et que, comme autrefois à Athènes et à Rome, on sent palpiter dans une formidable synthèse, à Paris, l’antique Civitas philosophorum, centre du monde méditerranéen moderne. […] Le roman conçu ainsi à la manière du poème embrasse une étendue de vie toujours beaucoup plus vaste que tout autre roman, où l’écrivain se bornerait à représenter seulement quelques complications de la vie humaine, et mettrait, comme but idéal à toute généralisation, la réalisation d’un type ou de quelques types humains.

9. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Cette loi nous est révélée par un mot symbolique, dont la signification exotérique ne peut aucunement échapper à ceux qui mettent les mains dans les entrailles éternellement chaudes d’une œuvre humaine pour en saisir la vérité ; cette signification est dans la prophétie de Calchas. […] Est-il nécessaire de répéter encore que dans l’espace scénique ne peut vivre qu’un monde idéal, que le Char de Thespis, comme la Barque d’Achéron, est si frêle qu’il ne peut pas supporter que le poids des ombres ou des images humaines ? […] On n’a pas vu quelle était l’importance que le plus puissant génie boréal a voulu accorder aux différentes expressions du sentiment humain.

10. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Les grands États en campagne doivent compter cent, mille hommes hors de combat par mois, et ces pertes font réfléchir les Italiens qui ont le sens de la valeur de la vie humaine. […] Mais cette conscience claire de la vanité des choses humaines ne peut exister chez ceux qui sont engagés dans la lutte. […] Nous ne serions pas submergés à l’heure qu’il est par une marée puante de basse littérature et nous n’assisterions pas à la campagne de haine et de calomnie dirigée contre un grand écrivain français, qui a commis le crime de garder intact son idéal humain, je veux dire Romain Rolland. […] C’est un devoir, comme le dit Romain Rolland, « de contribuer, toutes les fois que nous le pourrons, à tout acte qui montre au milieu de la démence des hommes en lutte l’unité persistante de la pensée humaine et l’union secrète de ses meilleurs représentants ». […] Aussi la campagne menée ici contre Romain Rolland cause-t-elle aux Italiens une stupéfaction profonde ; ils ne comprennent pas qu’on exige de cet homme si humain qu’il renonce à son humanité, renie ses convictions, se prive des clartés de l’esprit et exprime une haine aveugle et frénétique qu’il ne ressent pas.

11. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Si la physiologie humaine et son produit l’intelligence sont immuables, la psychologie, étant relative au contenu variable de l’intelligence et aux transformations de la vie extérieure, n’est pas immuable. […] Car il y a des réalités dont la « représentation » peut avoir une signification humaine très vaste et complexe. […] Contre le Hohenzollern qui, arborant le drapeau du Saint-Empire germanique, prétendait étreindre le monde dans son mécanisme de fer, le pontife romain surgissait, défenseur des nations et de la Liberté humaine. […] La Révélation évolue peut-être continuellement dans les renaissances humaines. […] Mais, il n’y a pas de bien qui vaille les larmes versées en vain, le gémissement du blessé qui est resté seul, la douleur du supplicié dont personne n’a eu de nouvelles, le sang et le désespoir humain qui n’a servi à rien.

12. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Mais il semble reconnaître dans quelque sommet de l’expression esthétique une manifestation isolée du génie humain. […] Leur idéal est d’acquérir la gloire ici-bas et de s’immortaliser dans le souvenir des générations futures : idéal purement humain. […] Mais le drame ne cesse pas de se développer dans toute son angoisse humaine, et surtout d’exalter au même degré acteurs et spectateurs. […] Pâris représente la nature humaine, Minerve la contemplation, Junon l’action, Vénus la volupté. […] Cette richesse de la vie lui apprend à rejeter des « idées titanesques » qui ne sont que des fantômes et à se plonger dans l’étude de la forme humaine, « qui est le non plus ultra de tout savoir et de toute activité humaine… ».

13. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Opposer son idée personnelle à l’esprit humain, cela manque vraiment de gaîté, comme plaisanterie. […] Dans son dernier roman, d’Annunzio cherche moins que jamais à nous « représenter » un personnage ; il ne fait qu’évoquer des forces humaines en lutte, en triomphe, en détresse. […] Oriani aurait chanté la gloire du grand effort humain accompli par un prince de sa race, tandis que les savants de l’expédition se seraient attardés dans leurs observations. […] Bien mieux : son héros y recouvre presque la santé dans la culture d’un amour à la fois sensuel et sentimental, un amour gradué et humain. […] L’orner, c’est embellir le genre humain.

14. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

De plus, l’anatomiste s’occupe d’une catégorie nettement limitée d’objets sur la nature desquels aucun doute ne s’élève, à savoir des corps humains. […] Il réfléchit peu, les grands problèmes humains ne le préoccupent guère : c’est un être inerte, conservateur par essence, misonéiste. […] Maintenant, l’ardeur de la soif apportait un intolérable supplice dans cet amas de corps humains. […] La voix d’Orphée résonnait, en effet, comme une musique dans le silence humain. […] Mais dès les premières compositions qui lui succèdent, on est retenu par l’ingénieuse présentation de la mise en scène et par le caractère humain du drame.

15. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

L’oreille humaine ne s’accoutuma que graduellement à la simultanéité des impressions sonores, et son éducation fut tout empirique. […] La mélodie de ces airs y traduit musicalement des « étals d’âme » successifs mais abstraits, les variations d’une sensibilité humaine anonyme, et cela, précisément dans les situations où doit s’affirmer ou se trahir la personnalité propre de l’un ou l’autre des protagonistes. […] Rien ne fait mieux sentir l’inutilité absolue de l’effort humain que l’impuissance finale de la sensibilité (Notre cœur). […] Le passé n’est qu’un renseignement sur l’étendue des facultés humaines. […] Adolfo de Bosis chante la nouvelle géorgique, l’hymne à la mer, l’hymne à la force de l’homme, l’hymne à l’amour des hommes, et sur une généreuse invocation à l’absurde de la grande sérénité humaine, ferme le cercle de ses poèmes, où maints aspects de l’âme contemporaine sont noblement résumés par un homme et exaltés par un Poète.

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Il eut au plus haut degré tous les attributs d’orgueilleuse perversité, de suprême sagesse, indifférente à tous les détails de la vie et de la mort du bétail humain, d’amour de la vie et de volonté à tout moment plus forte que le sort, que Machiavel invoqua pour le parfait Prince. […] Ces deux expressions formidables, l’une géniale, l’autre seigneuriale, de la même poussée humaine qui engendra la Renaissance, demeurent donc liées d’une manière toute particulière et rare, devant notre esprit pieusement admirateur.

17. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Je viens vous dire combien les humains s’occupent en ce moment de vous et exhument les souvenirs que vous nous aviez laissés. […] Il leur fallait cette conception plus qu’humaine de leur personne pour échapper aux multiples entraves de leur milieu. […] Les Laistrygons sont tantôt des humains, et tantôt des géants hauts comme des montagnes, qui plus est, des géants anthropophages. […] L’harmonie, libérée décidément des conventions intellectuelles, fait de cette musique un langage humain et le plus pathétique. […] C’est pour eux le seul moyen de s’emparer de l’ex-vilayet, sans grandes dépenses de vies humaines.

18. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Il appelle l’âme humaine à la rescousse. « Les jours sombres sont passés : relève-toi et règne !  […] L’œuvre de Carducci, toutefois, comme toute œuvre humaine, n’est pas exempte de défauts. […] » Les salles étaient peintes par Giotto et les sujets qu’il avait traités avaient rapport aux vicissitudes de la fortune humaine.

19. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

Angelo Conti, est un livre où frémit un véritable printemps des aspirations lyriques d’une race, et qui semble écrit par un enfant phénoménal dont la jeunesse serait égale à une extraordinaire expérience de l’art et de l’âme humaine. […] Par cela, les Héros et les Mystiques se révèlent identiques, compris en tant que puissances humaines, comme forces de la nature.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

La première édition de l’Essai sur les mœurs est de 1756 ; à cette époque de sa vie, Voltaire n’est pas moins passionné pour l’histoire que pour le théâtre et il recherche âprement toute information personnelle, tout témoignage direct qui peut lui apporter on document nouveau dans cette immense enquête qu’il poursuit sur l’évolution de l’esprit humain en fonction des mœurs et des civilisations. […] » Et l’autre de s’échauffer, de s’indigner, d’en appeler au genre humain, à la postérité : « Quand je délivre l’humanité d’une bête féroce qui la dévore, peut-on me demander ce que je mettrai à la place ? […] J’aime le genre humain, je voudrais le voir comme moi libre et heureux, et la superstition ne saurait se combiner avec la liberté. » Mais Casanova insiste avec une obstination qui n’est pas si sotte : un peuple sans superstition serait un peuple de philosophes, et les philosophes ne consentiront jamais à obéir, même à un souverain constitutionnel dont un pacte réciproque limite l’arbitraire ; il faut aimer l’humanité telle qu’elle est et lui laisser la bête qui la dévore, car cette bête lui est chère : « Je n’ai jamais tant ri qu’en voyant Don Quichotte très embarrassé à se défendre des galériens auxquels, par grandeur d’âme, il venait de rendre la liberté16. » Assurément, nous avons besoin de nous rappeler qu’il a été trop facile à Casanova de se donner le beau rôle dans cette discussion, pour ne pas juger que c’est lui, cette fois, qui est le philosophe, et non Voltaire. […] « C’est dans l’absolu divin que doit sourire la trinité de sa Joconde, de son Christ et de son Bacchus. » Soit ; c’est sans doute pourquoi nous sentons cette divine trinité si étrangère à notre humaine vérité.

21. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

» De la compréhension de la Forme naît la connaissance de l’harmonie, seule manifestation de la Beauté ; et c’est aller aux confins de l’Esprit humain que de la saisir dans toute sa pureté, comme l’ont fait les génies de la Grèce. […] Bâtissons un temple à la Beauté, la Beauté éternelle, immuable, qui vivifie et déifie la nature entière, à la Beauté, qui se manifeste depuis la plante, élevant vers le ciel, comme une prière, le rythme de ses feuilles, jusqu’à la créature humaine la plus parfaite, car il y a autre chose que l’aspect extérieur dans la nature, la lettre est animée du souffle de l’Esprit. […] Je le répète : il ignorait Carpeaux ; et cependant, il construisait déjà cette frétillante tête de Gavroche que les barnums d’art ont promenée à travers toute l’Europe, à Rome, à Vienne, à Londres, à Paris, — cette tête narquoise de brèche-dents aux yeux flambants, à la face ridée, plissée, convulsée par l’impitoyable éclat de rire, — ce petit masque sonore et cynique où tinte la blague amère du voyou puéril et profond qui a déjà souffert comme un vieillard, qui a jugé la farce humaine et sait que le mieux est de s en gausser pour s’y résigner. […] Et n’est-il pas manifeste qu’avec de la glaise, de la pierre, du bois, de la cire, du marbre, du bronze, l’artiste intelligent et sensible peut suivre les expressions de la réalité, les mouvements de la mécanique humaine, la coloration, le proportionnement des êtres et des choses selon leur place et leur attitude dans l’atmosphère ?

22. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Déjà dans l’Essai sur les mœurs, il met le Roland au-dessus de l’Odyssée ; s’il blâme encore l’intempérance de l’imagination, et l’abus du romanesque, il vante la vérité des allégories, la finesse des satires, une connaissance approfondie du cœur humain, les grâces du comique, qui succèdent sans cesse à des traits terribles, enfin « des beautés si innombrables en tout genre, que l’Arioste a trouvé le secret de faire un “monstre admirable” ». […] C’est dans ce rêve perpétuellement renouvelé à tous les carrefours de l’histoire que s’accomplit la transformation des êtres éphémères en êtres typiques, et c’est là que le poète doit chercher les « types humains » dignes de devenir par l’art créatures tragiques. […] Ce recueil, Poemi e Elegie, nous montre un aspect plus intime, plus humain, du jeune et très noble poète, qui est en même temps un critique avisé et un romancier subtil et élégant.

23. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Souvent ces sonnets sont des hymnes d’une belle fierté humaine, souvent ils arrêtent l’âme du poète devant l’insupportable fatalité de la mort, ils demeurent purs et immobiles comme les tables de marbre d’un sépulcre clos depuis un temps immémorial. […] Ce sens des relativités humaines, et de l’immensité du concevable, est si étroitement rythmé dans le courant double d’une grande mélancolie et d’un grand espoir, que tout le poème semble s’étendre dans une nuée claire, dans un voile de sérénité.

24. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

Cependant on ne peut méconnaître que l’humanisme ait ici préparé le terrain, et l’eût très efficacement préparé, lorsque Machiavel parut avec son réalisme humain, conçu dans l’observation aiguë des hommes et des choses de son temps, d’un César Borgia notamment, réalisme qui, appliqué étroitement à l’art du Politique, est l’essence du machiavélisme. […] Groupons les chapitres : les trois chapitres de psychologie générale : « La Vie légère » ; « les Fêtes, le Carnaval, la Villégiature » ; « les Femmes, l’amour et le cavalier servant » ; le chapitre dédié aux gens d’esprit, résumés en Gasparo Gozzi, le critique et gazetier ; le chapitre sur la musique, le chapitre sur la peinture ; les trois chapitres sur le théâtre vénitien : le premier nous décrivant l’ancien théâtre à masques, la Commedia dell’arte ; le deuxième étudiant la comédie plus large, plus humaine et cependant toujours essentiellement vénitienne, de Goldoni ; le troisième montrant, dans les pièces de Carlo Gozzi, le retour à la vieille comédie italienne des Truffaldins et des Pantalons ; enfin, après une esquisse verveuse des aventures de Casanova, le tableau de la bourgeoisie, « dont les anciennes vertus se dissolvent à l’air nouveau », et du peuple, « admirable réserve sociale », mais qui n’a « jamais pris conscience de ses droits ».

25. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Il s’est plongé dans le rêve hellénique, qui est l’expression la plus complète du symbole humain éternisé par l’art. […] Les malheureux destins de la volupté l’eussent beaucoup moins préoccupé que le souci de nourrir sa pièce d’humaine psychologie, de la rendre émouvante et d’habiller de poésie les passions de ses héros. […] Par contre, le doux Ballanche estimait, en 1801, en nous montrant les misères humaines Ed.  […] La civilisation la plus brillante, les découvertes de la science la plus avancée ne feront jamais qu’étourdir un moment, sans l’assouvir, l’âme humaine, que préoccupe avant tout le problème de sa destinée. […] Bedaine, l’Estomac humain n’a jamais cru que sa faim présente fût normale.

26. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

En réalité, écrit Colajanni, « ce qui est en lutte dans la guerre actuelle ; ce sont des passions et des intérêts que je n’appellerai pas humains, mais terrestres ». […] Il est permis d’espérer que cet ouvrage, quand il sera achevé, nous dispensera de la lecture des Allemands, qui étaient, jusqu’ici, les plus actifs dans cette branche de l’histoire de l’esprit humain. […] La civilisation moderne a exalté l’énergie humaine, en la libérant de tous les freins, et l’a rendue capable d’accomplir des prodiges ; mais elle lui a aussi ôté les freins qui l’empêchaient de commettre les folies suprêmes. […] L’expansion indéfinie est en somme conforme à la nature et les philosophes en font l’attribut de toute monade ; il ne faut donc pas s’étonner que l’être humain cherche à aller à l’extrême dans toutes les directions où il s’engage, pacifisme ou bellicisme notamment ; mais le propre de l’être humain est également de raisonner, purifier et harmoniser ses tendances d’après un idéal supérieur, et en méprisant ce devoir l’Allemagne s’est vraiment mise en dehors de l’humanité. […] Mazzini écrivait en 1859 à la jeunesse italienne : « Bien au-dessus de tous les calculs, de toutes les tactiques humaines, il existe une loi morale que les peuples ne violent jamais impunément. » Voit-on les fils de Mazzini s’associer au crime de Louvain ?

27. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

C’est que, étant donnés la lourdeur de l’appareil et le peu de longueur des bras de levier qu’il avait à mouvoir, il n’est pas de force humaine capable d’exécuter les mouvements qu’il décrit. […] Selon qu’on se plaît ou non avec lui, on est ou on n’est pas d’une certaine qualité humaine. […] Le point de vue humain et poétique, c’est-à-dire le point de vue éternel, seul importe. […] Le poète a résumé l’espérance et la terreur humaines dans quelques espérances, dans quelques terreurs paradigmatiques, découvertes au fond du cœur des plus simples des hommes. […] 10° Puis elle est suffisamment grande pour nourrir les quelques milliers d’êtres humains dont se compose, au plus, la colonie.

28. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Mais l’âme humaine est pleine de mystères, disait mon professeur de philosophie ; et je suis enclin, pour lui faire plaisir, à classer les duels littéraires parmi les phénomènes mystérieux de la psychologie. […] Pour lui la philosophie devait être quelque chose qui donnât une vitesse étrange aux recherches, comme une double vue, capable de révéler les sources dans le sol, ou l’expression dans la figure humaine, de distinguer des caractères occultes dans les choses communes ou extraordinaires, dans le roseau sur le bord de la rivière, ou dans l’étoile qui n’approche de nous qu’une fois par siècle. […] Il ne se plongea pas seulement dans l’étude de la nature ; mais encore dans celle de la personnalité humaine, et il devint surtout un peintre de portraits, de figures rendues avec un art qu’on n’avait jamais atteint avant lui, et qu’on n’atteignit jamais depuis, vêtues d’une réalité qui touchait à l’illusion, sur l’atmosphère sombre qui les faisait ressortir. […] Personne ne sait, parmi les humains de Baltimore, qu’il y a là les restes d’un grand poète ; cette idée d’ailleurs n’aurait aucun sens pour une foule américaine. […] Dès que le héros a révélé sa nature purement humaine, il est abandonné de tous, et ses adorateurs deviennent ses ennemis les plus acharnés, car ils sont honteux, humiliés de s’être laissé subjuguer, jusqu’à perdre possession d’eux-mêmes, par un homme, par leur semblable !

29. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Parfois, elle est simultanée : cela s’appelle guerre civile ou guerre religieuse, extrêmes déploiements de la folie humaine. […] “La Fleur du marécage” : en un des paysages bourbeux et désolés, tant aimés de notre artiste, se dresse une mince tiare couronnée d’une fleur ronde, qui n’est autre qu’une pâle figure humaine, aux yeux pensifs, et d’une expression immensément triste. […] Il n’a pas non plus négligé de cueillir sur les misérables faces humaines les rides les plus profondes de la douleur et de la maladie pour les reporter sur des tristes visages de femmes ou d’enfants, précocement flétris, qu’il évoque énigmatiques et tremblants, en ses estampes, parmi les ténèbres inquiétantes et les chaotiques agitations des êtres en formation. […] Placé si haut par l’admiration de ses fidèles, il ne saurait, sans risquer de perdre son caractère, être ramené aux proportions humaines. […] Ses souvenirs personnels et les malheurs d’une jeunesse bien triste le poussèrent à fuir le bruit des grandes villes modernes Il était encore enfant lorsque son père fut assassiné ; il connut la misère et la faim ; mais, loin de haïr les hommes, ceux mêmes qui lui ont fait tant de mal, le poète décèle pour tous une indulgence mélancolique, une douce tristesse pour l’incertitude de la destinée humaine.

30. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Il y a ici une végétation de vie humaine prodigieuse, mais ce n’est pas un jardin ni un parc, c’est une forêt vierge. […] N’a-t-il pas fixé dans la plus belle matière humaine les dons les moins communs ? […] Car jamais, je le répète, créature humaine ne vibra aussi violemment devant la beauté. […] Rien de ce qui peut manifester la nature humaine, dans sa grandeur ou sa bassesse, ne le surprendra. […] Vous savez, Seigneur, comme le cœur humain s’habitue difficilement au malheur et quelle résistance il oppose aux catastrophes.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Il serait sans doute curieux de rechercher combien, parmi nos conteurs et nos romanciers du siècle dernier, ont lu avec profit les Mémoires de Casanova : ces confidences longues et précises d’une vie toute de fantaisie et d’intrigue semblent faites pour solliciter la verve, et, au besoin, éveiller l’inspiration des écrivains en quête de documents humains. […] La vie prodigieuse des sens, les jeux variés du corps, la savante ou brutale harmonie des caresses, la préoccupation constante, exclusive, de la femme et de l’amour, tels sont les motifs essentiels qui dominent son œuvre : ils sont de ceux que l’observation personnelle ne suffit pas à entretenir ; il y faut une documentation plus riche, plus humaine aussi.

32. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Marinetti, assourdi par les typhons qu’il a déchaînés, ne perçoive plus toujours la valeur relative des mots et des sons ; il nous déplaît qu’il use de l’onomatopée, alors qu’il est capable de traduire par le langage humain les appels stridents des vagues et son Hola hé ! […] Pas plus dans ses ouvrages incontestés que dans ce panneau probablement authentique ne cherchez l’être humain beau en soi, la femme « délicieuse », l’enfant « ravissant », cette fleur enfin de la vie humaine qui devant Raphaël, devant le Corrège, mêle à notre admiration l’attendrissement sensuel du plaisir. […] Il n’est qu’un enfant, à peine formé, la très humble apparence, à laquelle Van Eyck nous affirme que l’Être suprême se réduisit pour l’amour des hommes, d’autant plus sublimement divin que plus modestement humain. […] Un beau pâtre assis sur un roc, le visage imberbe et demi-féminin, la chevelure au vent, le front couronné de lauriers, des yeux extraordinairement larges, abîmes où semble se résorber toute la vie ; l’attitude nonchalante, et lyrique pourtant, d’un bel animal humain, à peine vêtu ; on devine un corps d’androgyne ; de la main gauche il appuie à son genou une flûte de Pan, l’autre main s’étoile à la ceinture.

33. (1890) Articles du Mercure de France, année 1890

J’ai tâché d’en donner une transcription en formes humaines.

34. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

Il faut ajouter à cela que si les théories de Nietzsche, des occultistes, des pragmatistes et des « miraclistes » sont en contradiction avec la constance démontrée de l’animal humain, de sa physiologie et de ses facultés, le bovarysme, qui est une vue de dilettantisme philosophique, échappe nécessairement à ce reproche.

35. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 241, 1er juillet 1907 »

C’est la réaction de l’intelligence humaine de plus en plus libre, contre des formules et des formes encore arriérées ; c’est le désir de conserver l’essence du sentiment religieux sans l’amoindrir et l’avilir dans des rites auxquels, désormais, notre culture répugne.

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

Toujours, la prière, silencieuse et profonde, s’élèvera vers l’Être Suprême tant que battront des cœurs humains, tant qu’il y aura la douleur, et qu’il y aura la mort.

37. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Il connaît si parfaitement les iniquités, les malhonnêtetés, les saletés et bestialités humaines, que rien ne l’étonne ni ne l’irrite. […] Et pas un seul parmi tous ces grands révélateurs du cœur humain n’a découvert la cause désespérée de toutes mes aventures ; pas un seul n’a deviné que je fus libertin malgré moi, et volage contre mon désir.

38. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Le père, lui, l’athée, accablé par ce malheur et par la chute soudaine de tout son édifice, murmure, égaré, la grande parole humaine : Chi sa ? […] Ce noble poème humain a tenté M.  […] Cette publication est tronquée et il faut absolument que l’un des plus beaux monuments de la passion humaine soit connu dans son intégralité.

39. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 236, 15 avril 1907 »

L’autorité ecclésiastique reste encore ferme et inébranlable avec toute la hiérarchie médiévale, qui pèse lourdement sur la conscience humaine, en voulant se conserver comme théocratie en dehors des lois communes, et qui, comme un polype monstrueux, envahit la vie dans toutes ses manifestations actives : politique, économie sociale, enseignement.

40. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Les grands et profonds sentiments humains de douleur comme de joie, d’attraction comme de répulsion, ont toujours en eux quelque chose de religieux ; et l’individu qui les éprouve est attiré irrésistiblement à la dévotion ou à l’admiration envers l’Être qui lui apporte la réalisation de son rêve ou l’apaisement de ses douleurs.

41. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Les pénombres de leurs yeux profonds cachent des secrets interdits aux profanes, et les inflexions de leurs lèvres moqueuses conviennent à des dieux qui savent tout et méprisent doucement les vulgarités humaines. […] Sans cette ligne, le visage perd son caractère humain. […] La chose la plus humaine que puisse donc faire un père est d’abandonner ses enfants dès leur naissance. […] L’Almanach témoigne encore de la vitalité du futurisme, qui n’a point dédaigné d’entrer dans l’histoire de l’esprit humain parmi les risées du public et ses propres éclats de rire. […] John-Arthur copia cette main à la manière des vieux maîtres italiens qu’émerveillait la beauté des formes humaines.

42. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

Depanis dans la Gazzetta déclare que c’est « une vigoureuse œuvre d’art et d’art profondément humain » ; I. 

43. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Je pense qu’il y a des motifs plus proches, d’une saine psychologie, des motifs plus humains de haïr l’Allemagne et de la vouloir détruire que ne sont le culte du Droit et de la Justice ; mais je ne pense pas qu’ils auraient la même valeur de persuasion. […] Il a noté le délaissement des campagnes aux alentours, les bêtes à l’abandon dans les vignes, dans les prés ou les potagers « avec une joie de liberté quasi humaine ». […] Celle-ci, étant générale, doit en effet tout comprendre, même l’érotologie voluptueuse et esthétique, qui, l’auteur a raison, a bien son droit de cité dans la science des sociétés humaines. […] Magnifique exemple de l’attachement des particuliers au bien public, preuve suprême des traditions aristocratiques et de la solidarité humaine en Angleterre, et d’autant plus significative si l’on songe qu’en ce pays existe dès les temps les plus reculés la taxe pour les pauvres, atténuation au principe de la charité légale. […] Pourquoi donc souhaiter que l’Angleterre soit la proie de l’État-minotaure, puisque l’individualisme anglais contient des trésors d’énergie sociale et de sympathie humaine ?

44. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Martinelli, avec un courage évident, signale et approuve « le vif courant d’antipathie et de dégoût pour toutes ces pompeusement grotesques manières de gouverner et de diriger l’activité humaine qui caractérisent les institutions jusqu’ici sacrées de la Démocratie ».

45. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Tous les yeux, et non seulement des figures humaines, mais des animaux, sont ordonnés de même (cela s’appelle les fresques égyptiennes) : un ovale allongé avec une boule noire dans un coin, — ce qui produit un certain effet de pétrification, surtout quand il y a plusieurs paires d’yeux dans le même tableau.

46. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Annovi soit loin de toute forme recherchée, il n’atteint pas moins son but de faire revivre la figure si humaine et touchante du poète immortel.

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