Le sentiment religieux, synthèse originale de tous les sentiments qui lui sont inférieurs, correspond au besoin de verser, — par une affirmation énergique de notre volonté, — notre idéal, nos espérances, nos désirs dans la totalité des êtres, dans l’infini. […] Après avoir ainsi affirmé la vitalité impérissable du sentiment religieux, après avoir constaté d’autre part les symptômes de crise, extérieure et intérieure, qui affligent les diverses confessions, doit-on conclure que nous assistons à une évolution du sentiment religieux ? […] Il signifie en fait un mouvement de l’être vers une nouvelle forme d’existence… Aujourd’hui, le sentiment religieux est-il en marche vers une transformation de lui-même, ou plutôt la crise enveloppe-t-elle simplement les éléments secondaires et caducs des diverses confessions ? […] Parce que, étant donné et non concédé qu’une évolution profonde est en train de s’opérer dans le sentiment religieux nous qui en serons les sujets et les instruments, nous ne pourrons pas en avoir conscience. Les transformations du sentiment religieux, quand elles existent réellement, sont toujours insensibles et inconcevables : il n’est possible de les signaler qu’après leur accomplissement.
À mon avis, il serait également absurde d’admettre la dissolution du sentiment de l’amour. […] La religion, comme idée, prétendait nous présenter une conception générale du monde, dans un ensemble systématique en harmonie avec le dogme ; la religion, comme sentiment, prétendait assumer la direction de toute activité pratique et morale, et suggérer les règles d’une bonne conduite éthique. […] La Foi, comme manifestation du sentiment, ne s’abolira jamais. […] Si du passé on peut déduire le futur, je dirai que la religion ne meurt pas, que les religions se succèdent et se transforment, que le sentiment religieux s’atténue, mais ne disparaît pas entièrement, au moins dans les grandes collectivités. […] Une autre enchère importante, 21 500 fr., alla à un Portrait de jeune fille, par Bernardino Luini, d’un sentiment exquis.
Sénateur, Homme de lettres (Italie) Parlons d’abord du sentiment religieux, puisqu’il précède l’idée dans le sens historique et dans le sens psychologique. Le sentiment religieux est tellement essentiel, à mon avis, à la nature humaine, que sa dissolution est impossible. […] J’entends par religion l’acquiescement à certains principes a priori, non démontrés ni démontrables scientifiquement ; cet acquiescement étant l’effet de sentiments vifs et puissants. […] 1° Le sentiment religieux varie fort peu d’un siècle à un autre. […] Or Lucheni avait toujours eu pour le directeur des sentiments de déférence et de respect : il lui demanda d’ailleurs pardon dans une lettre curieuse, trois mois après.
Salandra a-t-il le sentiment de toutes ces nécessités ? […] Il y a un quart de siècle, le sentiment national était plutôt faible, en Italie. […] L’émigration ne fut pas le dernier facteur de ce sentiment. […] Le sentiment public en éprouva certainement un décisif accroissement d’exaspération. […] Ils ne vivent pas non plus de sentiment.
Pour les problèmes les plus profonds elle se contente des lumières du catéchisme ; le sens énigmatique, multiple et secret d’une parole n’existe pas pour elle, car le sentiment véritable de cette extatique est porté vers le réel. […] Dans la solitude de sa pensée, alors que personne en Allemagne ne daignait même essayer de le comprendre, le sentiment de posséder à Bâle un ami qui avait saisi la portée de ses travaux suffisait souvent à réconforter le philosophe de Zarathoustra. […] Étant très moderne, il se complique d’un sentiment panthéiste très spontané, qui vibre harmonieusement avec toute la vie de la nature, et s’émeut au centre même de la vie, devant les visions isochrones de l’âme humaine, de l’âme de la terre, de l’âme des astres perdus dans l’espace. Le sentiment panthéiste de Giulio Orsini a ainsi très souvent les caractères d’une véritable « intelligence panthéiste », dont les représentations esthétiques, qui semblent à la fois impulsives et réfléchies, ne s’égarent jamais dans l’évocation minutieuse et lente des objets de la nature, ainsi que nous l’observons dans la poésie de Pascoli ou de Francis Jammes, ou dans celle de Mme de Noailles, qui en général n’est plus qu’une mièvre parodie de l’esthétique panthéiste. […] Car la philosophie doit vivre deux vies : la vie du sentiment et la vie de la raison.
Trois sentiments lui commandent cette attitude : son patriotisme, son futurisme et sa sympathie pour la France. […] Instincts et traditions, impulsions et sentiments, intérêts et principes entrèrent en conflit. […] L’Italia farà da sé, disait-on à l’époque du Risorgimento, et c’est le même sentiment plus développé, plus mûr qui s’exprime aujourd’hui. […] Elle ne s’exprime d’une manière spontanée et non équivoque que si le sentiment de la communauté est profondément empreint dans les âmes. […] Un bas chauvinisme plutôt qu’un sentiment vraiment élevé de la patrie ; une lamentation théâtrale plutôt que le sanglot sincère de l’homme ému.
L’Art peut être purement matériel et c’est le naturalisme sans esprit, sans âme, l’art du morceau peint avec le plus de réalité possible, puis il s’élève à l’expression du sentiment par le choix de la couleur et du clair obscur, analysés et compris dans leurs pouvoirs, mais il plane dans l’azur, comme un grand aigle, lorsqu’il maîtrise la Forme pour animer sa pensée. […] Je sais tout le plaisir qu’il y a à étaler une touche grasse, à écraser deux tons harmonieux qui se fondent comme le jus de deux fruits savoureux, mais combien plus noble la recherche approfondie de l’expression d’un sentiment, d’une pensée, avec la modestie obéissante et sévère du métier chez le peintre ! […] Nature sensuelle et sentimentale, il ne pouvait se satisfaire que par le rendu des sentiments et des sensations, en leur immédiate et extrême acuité. […] Dès lors, toutes les patines peuvent s’appliquer ; mais une seule aura fait œuvre d’art, — la patine initiale, celle qu’ordonna préalablement le cerveau de l’artiste en réglant la composition et la construction sur le sentiment exact des valeurs et de la perspective. […] Il en est de même dans toutes les parties de l’Europe un peu civilisées, où, si les hommes avaient le courage d’obéir à la vérité de leurs sentiments, les soldats seraient vraiment à l’aise dans les casernes.
Mais la fréquence du sentiment religieux ne prouve pas qu’il réponde à quelque chose de réel. — Encore une constatation qui contristera certains : les rares athées authentiques sont des écrivains français. […] Gauthiez ; Mais je dois dire tout aussi incontinent que je ne serais pas non plus sans quelques réserves à faire, plus ou moins pertinentes : réserves partant de mon sentiment, en ces choses, plus que de mon savoir. […] Sans ce profond sentiment civil et laïque, jusqu’où Dante n’aurait-il pas dérivé dans la théologie et le mysticisme ? Avec ce sentiment, doublé du sens historique et du sens poétique, ce fils de la prosaïque et plastique Florence ne cessera plus de se tenir ferme à la vie, à l’art, à la réalité. […] C’est que, voyez-vous, chaque nation a sa manière de sentir, et ce n’est pas quelques années passées à Bologne, dans un milieu un peu spécial, qui ont pu lui apprendre à juger nos sentiments.
Tous ceux qui aiment ou qui ont aimé trouvent qu’entre la théorie et la pratique il y a heureusement un abîme : chaque amoureux sent que son cœur, que ses sentiments n’ont pas encore été sondés. […] L’auteur avait dans l’Amore établi certaines lois physiologiques et psychologiques de ce sentiment ; il veut avec Gli Amori nous prouver maintenant que ses lois sont justes. […] Si donc les actes des héros de la Ville morte rappellent ceux des descendants de Pélops ou de Labdacos, leurs sentiments sont bien différents. […] Un récit, si long et si détaillé qu’il soit, ne suffit pas à nous faire comprendre l’état d’esprit de Léonard ; et comment garder une attitude constamment calme à des personnages tourmentés de sentiments contradictoires ? […] Il Militarismo (Milan, Treves), œuvre contre la guerre et les sociétés militaires, répond à un certain sentiment pacifique de la foule, laquelle n’a pas ménagé les approbations bruyantes à M.
Un double sentiment, le pessimisme présent et l’optimisme immanent, forme le rythme du Poème, qui met l’Homme dans ses âges, dans ses contingences, dans ses symboles. […] » Plus que dans ce sentiment exaspéré de la vie qui passe, de la mort qui dure, l’art du poète est tout entier, et souvent tout vibrant de belle énergie, dans la vision de l’homme dans l’univers, de la femme dans l’humanité, de la terre dans l’immensité. […] Le poème se déroule dans une triple et admirable chaîne de sonnets, où la forme antique est toute renouvelée par un sentiment rythmique en même temps solide et simple, par une science harmonique très sûre. […] Le sentiment central de l’œuvre de M.
Plus que les autres Chansons de geste, celle de Roland, avant même d’inspirer Bojardo et l’Arioste, était dans le sentiment général du peuple italien. […] Les traditions de l’ordre spirituel sont véridiques, sinon en elles-mêmes, du moins comme expression œcuménique du sentiment. […] Le soir qu’arriva à Rome la nouvelle de la mort d’Eugène Ruspoli, le sentiment de l’envie dépassa en moi tout autre sentiment et me dévora le cœur. […] C’est pourquoi la passion amoureuse se révèle surtout par une jalousie forcenée, c’est-à-dire par un sentiment qui relève généralement plus de l’amour-propre que de l’amour sexuel. […] La langue populaire ne peut exprimer que des sentiments populaires.
Le cloître exaspéra ses sentiments. […] Il a, comme pas un autre, le sentiment des valeurs. […] Il végéta longtemps dans une torpeur à peine lucide, se désintéressant de tout, de l’art et de lui-même, sans pensée ni sentiment d’aucune sorte. […] Le vieux roi nous apparaît dans toute son angoisse, nouant et dénouant ses passions impétueuses selon le jeu irrésistible de ses sentiments en délire. […] Sa poésie est plus intime, sa langue est moins vigoureuse, plus précise, plus classique, plus simple, ainsi que le sentiment qui la rythme.
Ainsi les leçons du passé servaient admirablement à heurter les esprits, à faire vibrer dans des frissons salutaires les orgueils choqués, à nourrir peu à peu dans chacun, même chez les plus réfractaires politiciens, le besoin d’un culte national, d’un sentiment unitaire et généreux, supérieur à toute contingence. […] Dans le chaos des sentiments et des volontés, Carducci représentait intellectuellement l’Énergie nationale. […] Les préoccupations politiques semblent assoupies dans les douces angoisses de l’homme qui oublie le rôle qu’il jouait devant les hommes, et avec un étonnement tendrement lyrique se retrouve devant la nature, et devant les sentiments simples, les fantaisies géorgiques et sentimentales que la nature cache avec une indulgente et éternelle jalousie. […] D’Annunzio, lui, pour écrire des Louanges à l’exaltation d’un sentiment de paganisme beaucoup plus large et plus moderne que celui de Carducci, mais presque autant littéraire, remonte au premier poète du sublime panthéisme du Moyen-Âge, à saint François d’Assise, qui chanta ses Laudes Creaturarum dans un rythme très large, sans contrainte de forme, semblable au son des cloches de sa sainte colline, mesuré vraisemblablement uniquement par sa respiration. […] Pendant longtemps encore toutes les forces que l’Italie développera dans les mille aspects de ses manifestations nationales tourneront dans le vertige du cercle en mouvement de l’ellipse animique, dont les centres intérieurs, idées et sentiments, les pôles profonds, seront ces deux hommes représentatifs de toute la dernière volonté d’être de l’Italie : Mazzini et Carducci.
Non que le sentiment patriotique italien soit en décadence. […] Ces poèmes vraiment exquis, d’un sentiment, d’une tendresse précise et noble, témoignent d’un excellent tempérament de poète. […] Action simple, violence des passions, beauté des sentiments, élégance de l’expression : il y a là formulé un idéal du genre. […] La Fiorita résume les sensations et les sentiments d’un noble poète épris de tous les spectacles de la nature. […] Cf. son ouvrage : Du sentiment considéré dans son rapport avec la littérature et les arts.
La musique alors, par une sorte de série d’instantanés consécutifs, exprime indistinctement l’essence élémentaire, intrinsèque, de sentiments communs à tout être animé, et estompe les caractères. […] De cette volupté insatiable naissent en effet, chez Maupassant et chez G. d’Annunzio, la même tristesse de vivre et le même sentiment du néant : l’idée de la mort domine toutes leurs créations. […] Il y a de l’envergure là-dedans ; une largeur, même une éloquence de sentiment, qui nous change des timidités et des neutralités pseudo-scientifiques trop de mise aujourd’hui ici. […] Cela peut déranger la disposition en usage pour les pages d’érudition ; mais cela permet mieux de lire, dans le sentiment voulu, ce texte où le savoir se dérobe sous l’art. […] Ces morceaux inédits, haut témoignage de talent, de sentiment et de style, œuvre de belle construction et d’harmonieuses proportions, ne sont, au fond, qu’un des plus curieux événements littéraires dus à l’activité d’un éditeur.
En présence de cette situation, il nous a semblé qu’il serait d’un haut intérêt de réunir, pour les publier dans le Mercure de France, les opinions d’un certain nombre de nos contemporains sur la question suivante : Assistons-nous à une dissolution ou à une évolution de l’idée religieuse et du sentiment religieux ? […] Professeur d’anthropologie à l’Université de Rome À mon avis, l’état actuel de lutte et les manifestations anticléricales qui se produisent avec plus ou moins d’acuité dans les nations catholiques, ne peuvent être considérées comme une tendance vers la dissolution de l’idée religieuse et du sentiment religieux, ni comme une marche vers l’évolution religieuse. […] Celui qui pourrait dire si nous assistons à une dissolution ou à une évolution du sentiment religieux serait un aussi grand homme que celui qui, sous Vespasien, aurait prévu qu’un jour l’Europe serait devenue chrétienne et que le chef de l’Église aurait occupé à Rome la place de l’empereur.
Ce sentiment religieux donne naissance à de belles fêtes. […] Si je n’écris pas, j’oublie tout ; mais si je décris mon sentiment, je me fais de la peine. J’éprouve bien que ce qui est sentiment pur ne laisse pas de souvenir. […] C’est une œuvre d’un sentiment exquis et d’une exécution raffinée. […] Un sentiment sourd, violent comme la haine, le tordit… J’étais jaloux de la Maurina.
Léonard était le dernier homme qui pût trouver un poison dans les fleurs exotiques de sentiment qui s’y épanouissaient. […] Le sentiment de la maternité est en effet caractéristique chez Léonard, et ce sentiment est souligné ici par l’effet presque comique des petites épaules arrondies de l’enfant. […] Prenons encore une autre tête, aussi pleine de sentiment, mais d’une autre sorte, un petit dessin à la craie rouge, dont on se souvient certainement pour peu qu’on ait, au Louvre, examiné avec quelque soin les dessins des vieux maîtres. […] Nous reconnaissons une de ces inventions symboliques où le sujet visible n’est pas, à proprement parler, le but même du tableau, mais plutôt la matière d’un processus de sentiments, aussi subtil et aussi vague qu’un morceau de musique. […] L’homme médiocre ne saurait se rendre compte du pouvoir que possède l’homme vraiment fort : le sentiment intérieur de ce pouvoir lui manque, rien en lui ne donne la mesure de cette force.
Il éprouvait vraiment les sentiments qu’il délayait en ses vers boursouflés, bref, il croyait que c’était arrivé. […] Le sentiment ethnique est un produit essentiellement historique, en évolution continue. […] Colajanni qu’outre les passions et les intérêts, d’autres sentiments sont en lutte ; ce ne sont certainement pas les sentiments religieux, au sens le plus étroit du mot, mais plutôt les sentiments inspirés par la civilisation et le progrès humain. « Il est vrai, observe l’auteur déjà cité, que, comme le sentiment ethnique, le sentiment religieux est surpassé par le sentiment national. […] Sa mimique incarne, effigie péripéties autant qu’émois ou sentiments. […] Giolitti, Luzzatti, Boselli, Salandra, et soutenu par Turati, et voté par le Parlement, reflète parfaitement les sentiments de la nation entière.
L’un est sur le Sentiment Impérialiste, et l’auteur est M. […] Brutus, nerveux, faible, studieux, flegmatique, par là stoïcien, n’a pas le sentiment de la réalité. […] Ce sentiment, systématisé, devient théorie, devient pessimisme. […] Sergio Corazzini développent, en rythmes doucement brisés, des sentiments de tendresse où sourient de charmantes images. […] D’où vient donc, chez Auguste, ce sentiment si fort du rôle de l’aristocratie romaine, ce sentiment qui l’empêche de concevoir la constitution de l’État autrement que comme aristocratique, donc républicaine ?
Je savais encore aimer, mais je ne trouvais plus en moi la délicatesse que j’avais dans ces temps-là, ni les sentiments qui justifient l’égarement des sens, ni la douceur des mœurs, ni enfin une certaine probité qui relève jusqu’aux faiblesses mêmes. » Il y a toujours quelque chose de déclamatoire et de bien joué dans les pires détresses de Casanova ; aussi, le rideau tombé, l’acteur ne tarde-t-il pas à retrouver cette belle sérénité qui est son attitude favorite, à la ville. […] Pourtant, lorsque Voltaire parle à Casanova d’Algarotti, on sent qu’il est moins désireux d’exprimer ses propres sentiments de sympathie pour son ami vénitien que curieux de connaître l’impression que celui-ci produit sur ses compatriotes : il interroge Casanova sur la réputation d’Algarotti en Italie, sur le succès de ses livres et même sur la valeur de son style, qu’il ne peut pas se permettre d’apprécier exactement. […] § Cet entretien sur ses amis d’Italie conduisait naturellement Voltaire à questionner Casanova sur son pays, sur Venise, sur ses sentiments à l’égard d’un gouvernement dont il n’avait pas lieu d’être fort satisfait. […] Ce n’est pas un pauvre homme, il s’en faut, que l’historien nous présente là ; mais c’est un homme positif, désenchanté, jusqu’à la platitude ; revenu de toute idée de grandeur et de puissance, à la fois en ce qui concerne Rome et lui-même ; ayant tous les côtés prosaïques de la sagesse politique sans rien de l’ampleur de vues que cette sagesse peut se permettre à Rome ; poussant le sentiment des difficultés de la vie jusqu’au doute quant à la puissance romaine et jusqu’à l’égoïsme bourgeois quant à lui-même ; non pas épouvanté, mais dénigrant, à force de sens rassis, devant la proportion impériale où tendent les choses, à Rome et dans sa destinée ; et menant les affaires mondiales et sa propre existence souveraine d’un train mesquin de gagne-petit. […] Qu’était l’ancien État Romain, sinon un ensemble de traditions, d’idées, de sentiments, d’institutions, de lois qui tous avaient pour unique objet de vaincre l’égoïsme de l’individu à chaque fois qu’il se trouvait en opposition avec l’intérêt public… L’Italie comprenait qu’elle avait encore besoin de ce puissant instrument de domination, pour conserver et gouverner un empire que les armes lui avaient donné ; elle comprenait qu’elle avait besoin d’hommes d’État prudents, de diplomates avisés, d’admirateurs éclairés, de soldats vaillants, de citoyens zélés, et qu’elle ne pourrait le savoir qu’en conservant les traditions et les institutions de l’État.
Le timbre de sa voix dénote un sentiment de gêne et de contrainte. […] Mon cœur est déchiré par des sentiments que les autres hommes n’éprouvent plus ! […] Comme j’ignorais les sentiments réels de Wellseley, l’aventure me réjouissait fort. […] Et un sentiment nouveau, mystérieux, s’est élevé dans mon cœur ! Il est né, ce sentiment, le lendemain du jour où nous avons enlevé Aurora.
Et son esprit est émerveillé et ému, et tant souvenir y devient sentiment. […] Ils avaient le sentiment de leur communauté de nature et ce sentiment se manifestait par l’amour qu’ils portaient à leur cité mère et par l’orgueil qu’ils ressentaient à la voir belle et puissante. […] Car l’on s’est dégagé d’elle par l’instinct, par le sentiment, par l’action. […] Le caractère pathétique, sombrement interne, de la Passion, paraît mieux convenir au sentiment religieux moderne. […] Car, à côté du sens artistique, c’est le sentiment moral lui aussi qui éprouve un grand renouvellement.
Reina (Naples, Luigi Pierro) Ce sont des vers, disant de beaux sentiments en une langue imagée et colorée, mais le poète qui a de l’imagination a aussi de la mémoire. […] Boito, les personnages ont changé d’allures au point qu’on croit assister par moments à une parodie, à une succession inexplicable de sentiments sans liens logiques, dénués de cette merveilleuse gradation qui dans Shakespeare rend vrai l’invraisemblable. […] J’en trouve la preuve dans la scène II de l’acte III entre Othello et Desdémone, commençant par ces mots : Que Dieu te tienne en joie, ô maître de mon âme, et dans plusieurs autres scènes qui sont développées suivant le modèle symétrique de l’ancienne manière sans nuire à l’évolution des sentiments.
Ludovic voyait en lui l’homme étrange et puissant, au génie inépuisable, en tout digne de comprendre la farouche beauté de son dur sentiment, et de l’exalter pour toujours. […] « Ces très curieuses peintures murales, dit-il, sont progressivement rongées par le salpêtre, et nous avons demandé, à plusieurs reprises, qu’on les relevât avec le soin qui s’attache à un si noble souvenir. » Il est donc nécessaire que le Comité des fouilles d’Amboise se montre digne de la tâche qu’il s’est donnée de vouloir retrouver les restes physiques d’un génie, pour les recueillir dans un lieu sacré, but à des pèlerinages nouveaux, où ils pourront répandre encore sur le sentiment d’une postérité non indigne la suggestion de la puissance qui les anima.
Vous faites appel à nos sentiments contre nos convictions ! […] Agréez, cher Monsieur Vallette, l’expression de mes sentiments les plus distingués. […] Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mes sentiments distingués. […] Charles Blanc fait honneur de cette magie au sentiment esthétique de Piranesi, plus qu’à son habileté technique. […] Car il n’y a presque jamais dans ces poèmes une véritable unité d’inspiration qui soit donnée par le sentiment de la pensée.
Jésus, Marc-Aurèle, Shakespeare, Rembrandt, Gœthe, Napoléon, Wagner, et d’autres héros du talent ou du sentiment de l’Occident, passent dans l’évocation émue de l’écrivain. Si Rembrandt « aperçut toute la lumière et toute l’ombre de l’univers et la lutte implacable qui dure entre les deux forces, celle qui évoque et crée la vie et celle qui administre la mort », Spencer proclama « la souveraineté du sentiment dominateur et de l’intuition révélatrice, qui aperçoit l’union et qui la crée ».
Hamlet ne sachant rien ne peut, par conséquent, se créer l’hallucination du fantôme de son père… Quant à la terreur de l’inconnu, plus qu’une sensation, c’est un sentiment qui peut devenir, si l’on veut, un moment de l’action dramatique, mais qui ne saurait, comme semble le prétendre M. […] Une telle image devait être, après tout, de peu d’effet dramatique, et le sentiment pouvant résulter de sa contemplation n’était point, semble-t-il, pour faire date dans l’âme de ces peuples qui n’auront jamais d’âge. […] Raggi e Ombre, Versi, par Alfio Bellusio (Catane, Niccolo Giannotta) Ce sont des vers faciles décrivant des paysages siciliens avec un vif sentiment de la nature ensoleillée, de ce pays que Verga nous a fait connaître. […] L’éditeur nous en prévient avec raison, mais qu’il ne croie pas que cela puisse influencer notre sentiment.
Non, rien n’en était possible, le marquis m’avait joué, il avait dissimulé ses vrais sentiments et feint. […] … Comment serais-je jamais fixé sur ses vrais sentiments ? […] Je supposais que le sentiment de l’honneur le faisait agir, et je le jugeais beau et noble. […] Méphisto et l’Empereur procèdent ainsi du même sentiment, de la même absence de certitude. […] En ses descriptions, la pauvreté de la langue égale la pauvreté du sentiment.
Ce n’est pas sans un certain sentiment de fierté triomphante, ce n’est pas non plus sans exciter chez Voltaire un réel dépit que Casanova relève sèchement ou brusquement, les erreurs du grand homme : ainsi Voltaire ayant dit que, malgré l’intérêt du Roland furieux « quarante grands chants c’était trop », Casanova se hâte de lui faire observer qu’il y a plus de quarante chants ; et voilà Voltaire déconcerté, réduit au silence, humilié ; par bonheur, Mme Denis se trouvait là et changea habilement le cours de l’entretien. […] Il commença « d’un ton assuré, mais non en déclamant avec le ton monotone adopté par les Italiens » ; il récita les beaux vers de l’Arioste « comme une belle prose cadencée, qu’il animait du son de la voix, du mouvement des yeux et en modulant ses intonations avec le sentiment qu’il voulait inspirer à ses auditeurs. […] À côté de d’Annunzio, quelques dramaturges italiens continuent leurs œuvres de pensée ou de sentiment, et contribuent à la « nationalisation » de leur théâtre.
Ses nouvelles, Le Greche, et son roman, L’occhio del lago, et un petit récit, La fiamma e l’ombra, recommandent son nom comme celui d’un auteur sur lequel l’avenir peut compter ; il est un artiste, qui, peut-être, se cherche encore, mais qui depuis longtemps n’imite pas les autres ; il sent avec son cœur, il pense avec sa tête, il voit les choses à sa manière ; il saura vite rendre ses sentiments et ses sensations, c’est-à-dire qu’il saura s’emparer de cet instrument délicat et précieux qui est le roman moderne pour nous raconter quelque chose de bien intéressant et de bien à lui. […] La science y est sûre, l’information étendue ; mais ces éléments indispensables, qui auraient pu demeurer inertes, sont vivifiés par un sentiment profond de la beauté. […] Il touche souvent à la perfection, et la représentation des sentiments les plus divers trouve dans la poésie du poète des attitudes nouvelles, exquises ou tragiques, hardies, violentes ou délicatement nuancées. […] La foule revient, cependant, mais cette fois frémissante d’enthousiasme : on désire saluer le roi et sa famille pour leur témoigner ces sentiments de gratitude qui gonflent le cœur du peuple. […] Le drame psychologique de ce Roi supérieur et absurde atteint son apogée avec la bataille de sentiments auxquels il tombe en proie lorsque la Princesse est tuée, et il a sa conclusion avec le triomphe des idées clémentes et humanitaires.
Le dévouement des hommes à une idée ou à un homme, à une vérité ou à un sentiment, c’est toujours religion. […] Ce sentiment de réserve, qui tient en haleine la susceptibilité la plus vive à notre égard, est le fond de la nation italienne. […] Il sait exploiter cette vie naïve, il goûte les rythmes populaires, il étudie les refrains, il imite le gazouillage des oiseaux, et souvent, d’un coup, par les choses et les sentiments simples de la terre, il arrive à des méditations et à des comparaisons profondes. […] Ce sentiment nouveau me força à recouvrir moi-même les deux nudités ; mes mains tremblaient. […] Il s’agit, dans les tableautins de cette époque, — en général très lâches d’exécution, très sommairement ébauchés, — d’anecdotes pastorales, mais où le côté anecdotique est sauvé par le sentiment, éprouvé et exprimé sans mesquinerie et d’ailleurs poétisé par l’état de rêverie dans lequel Segantini se complaisait à Pusiano.
Alors, on trouva gênant et énorme de rester au théâtre de 9 heures du soir à 2 heures du matin pour n’éprouver aucune émotion inattendue, et ce sentiment d’inutilité finit par avoir raison des mérites littéraires et dramatiques de la pièce. […] Les mots vrais y abondent, et les sentiments des personnages y sont très fortement observes. […] L’auteur ne nous fait en rien communier avec son émotion ou ses sentiments personnels. […] Et cet air de famille n’est pas défini par quelques traits ou contours habituels au maître, mais encore par sa manière d’interpréter avec ses propres sentiments l’expression de ceux des autres… » Les habitudes de style sont les manifestations du caractère individuel, des conséquences de la conformation spéciale et de l’agilité de la main, aussi bien que les méthodes d’enseignement. […] Aujourd’hui il publie un volume : Le Sentiment de l’art et sa formation par l’étude des œuvres et deux brochures L’art chrétien en France des origines au xvie siècle et l’Influence de saint François d’Assise sur la civilisation et les arts.
Ces îles me semblent produire le sentiment du beau en plus grande quantité que Saint-Pierre.
Plusieurs raisons militent pour ce sentiment : 1° trois années accordées à un architecte équivalent aux quatre accordées aux peintres et aux sculpteurs, en ce que ces derniers ont une copie à faire pour le Roy ou en marbre ou une peinture qui leur consomme leur quatrième année ; tribut auquel les architectes ne sont point assujettis ; 2° les connaissances que les architectes ont besoin de prendre en ce pays consistent à ramasser dans un portefeuille toutes les choses ingénieuses et de bon goût qu’ils y voyent, recueil qui peut être fait en moins de trois années par un homme studieux; 3° la science des architectes consiste certainement dans le goût et la décoration, et c’est là, quoi qu’en puissent penser ceux qui attachent beaucoup de gloire à la distribution et même à la construction, c’est là, dis-je, ce qui distingue le grand architecte du maître maçon ; c’est là ce qui a été et sera toujours infiniment rare.
« Je crus que je pourrais y parvenir en agissant en toute chose comme si j’étais déjà épris, espérant qu’à force de répéter certaines paroles et de faire certains actes je ferais naître en moi aussi le sentiment auquel ces paroles et ces actes servent d’expression chez autrui. […] Mes deux moi allaient par les rues mal pavées, dans le silence qui régnait depuis longtemps dans la petite capitale — un silence qui datait du siècle dix-huitième… — et causaient ensemble sans se lasser, cherchant à se rappeler les choses qu’ils virent, les hommes qu’il connurent, les sentiments qui les agitèrent, les songes qui laissèrent un goût amer dans leurs esprits.
On n’a pas vu quelle était l’importance que le plus puissant génie boréal a voulu accorder aux différentes expressions du sentiment humain.
C’est, je ne dirai pas le goût, mais le sentiment vif de ce réalisme qui lui a inspiré son œuvre.
Sur ces créatures, comme sur les chœurs, les sentiments ont été divers, quoique la vérité soit manifeste.
La physionomie douce et ouverte avait l’expression de la candeur et semblait annoncer cette délicatesse de sentiment et cette sensibilité exquise qui sont toujours des armes irrésistibles dans le beau sexe.
Botticelli a une Vierge absolument merveilleuse qui rappelle le chef-d’œuvre des Uffizi : la mère du Christ se penche dans un mouvement de joie calme ; tranquille dans son infini bonheur, elle semble s’endormir en approchant sa tête de celle de l’enfant-Dieu ; les lys qui fleurissent par toute la composition, en parfument le sentiment simple, grand et haut que troublent à peine, à gauche, les yeux vifs d’un des chérubins aux cheveux bouclés… Lorenzo di Credi s’y retrouve avec sa joie enluminée et poupine, Andrea del Sarto, avec une Vierge admirable, d’une émotion supérieure. […] On aurait pu toujours lui reprocher qu’elles fussent d’un sentiment un peu rapide, mais on n’eût pas pensé lui en vouloir des vues d’art neuves et transcendantales (les sept Plaies et les sept Beautés !) […] La lecture quotidienne du journal habitue l’esprit à l’imprécision des idées, à la superficialité du jugement, à la non-critique, à la vulgarité des sentiments, à la platitude du style. […] Panzacchi, qui, toute proportion gardée avec d’Annunzio, n’est pas le dernier venu, se fit l’interprète de ce sentiment général avec une lettre à son confrère publiée par la Nuova Antologia. […] Du haut de cette poésie, riche et puissante, il parle en homme libre, sans préoccupations de la pose, avec un sentiment national tout à fait rare ; il n’en fallait pas moins pour faire oublier son dernier roman et les mésaventures politiques que j’ai racontées dans le Mercure de septembre.
Sous Auguste, la Rome de marbre remplaça celle de briques, mais à part quelques statues rien n’indique chez les Romains un sentiment de divinité ou de passion.
Ojetti a considéré la peinture, même en dehors de la peinture, comme la manifestation d’une pensée générale, d’un sentiment, comme une des expressions de tout le mouvement artistique moderne, M.