/ 43
2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXX »

Je ne suis pas d’accord sur ce qui est bien et mal avec Juvénal, et, en second lieu, quand même le mal serait pour nous dans les mêmes choses, se fâcher et tirer de la tristesse (ou de l’indignation) du mal, me semble une haute sottise de laquelle je cherche à me guérir.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Casanova souhaitait plaisamment que Voltaire fît excommunier l’ouvrage où il avait mis l’Arioste à mal. […] L’article qu’il lui consacre dans son Dictionnaire philosophique n’est rien moins qu’indulgent et la brève analyse qu’il donne de la Divine Comédie dissimule mal sous l’ironie de la forme une indifférence ou une incompréhension totale. […] Sur Pétrarque, qu’il connaissait peut-être mal et qu’il ne comprenait pas plus que le Dante, Voltaire a simplement fait peser l’aversion qu’il avait contre le sonnet et les faiseurs de sonnets en général. […] Le public les a mal comprises, car M.  […] Il faudra revenir sur l’œuvre de cet écrivain, si peu ou si mal compris par l’auteur d’un livre superficiel, hâtif, dépourvu de toute idée générale et de tout sens esthétique, qui est le Roman Italien Contemporain de Mme Jean Dornis.

4. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Le mal que Carducci a fait, ou fait, aux jeunes générations de la péninsule est grave. […] La crise d’Orient est un des maux chroniques de l’Europe, qui en compte beaucoup. […] Antonio Beltramelli, présentés dans une édition illustrée qui imite mal les éditions de d’Annunzio dessinée par M.  […] Sem Benelli, nous renseigne bien mal sur ses tendances. […] Honni soit qui mal y pense !

5. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Dans la plaie le couteau qui tremble fait plus mal, ah, combien plus mal ! […] Et, comme drame, il est faux, mal conçu, mal réalisé. […] Si les supérieurs le permettaient, c’est qu’il n’y avait aucun mal. […] Quel mal y a-t-il à ce qu’ils soient jeunes et s’amusent ? […] Tu ne peux pas remédier au mal.

6. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Klinger, que les lourds Allemands sont en train d’adorer, en sort très mal à son aise. […] Cela n’empêche que je me garde d’approuver tout le mal que M.  […] Le militarisme n’en est pas moins un grand mal pour nous tous, comme le dit M.  […] On n’en sait rien, mais il est certain que, réalisée, elle eût assez mal répondu aux désirs de Tolstoï. […] Pour comble de maux, soudain une pluie terrible tombe, accompagnée d’éclairs et de violents coups de tonnerre.

7. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Bruno est même, — quoique encore assez mal connu, — un des plus grands métaphysiciens de l’Occident. […] Le médecin Dondi fait allusion à ce mal, en écrivant à un de ses collègues, à la date du 19 juillet 1374 : « La nuit malheureuse qui vient de passer, précédant le jour où je t’écris cette lettre, nous a enlevé l’illustre et admirable Francesco Petrarca, accablé, après quelques heures, par le genre de maladie par laquelle, si tu te souviens, nous le vîmes frappé il y a quelques années…, etc. » Pétrarque, assisté probablement par son ami Dondi et par d’autres, n’a pu de toute façon mourir dans la solitude et au milieu du travail, quelques heures après avoir été nouvellement frappé par son terrible mal.

8. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Alors, se mettant à rire de moi, elle dit : En ton cœur est montée la concupiscence du mal. Et ne te paraît-il pas que c’est une laide chose pour l’homme juste que la concupiscence du mal soit montée dans son cœur ? […] Or, entre les deux grandes écoles qui se battaient, sous des noms différents, pour les éternelles causes qui sont l’idéalisme (réalisme du moyen-âge) et le réalisme (nominalisme du moyen-âge) ; entre Platon et Aristote, également mal connus par les traditions et par des bribes de textes incorrects, de traductions libres, — Boèce, philosophe mitoyen, mi-platonicien, mi-aristotélien, apparut comme une sorte de Juge, dont l’impartialité était sans cesse consultée. […] Et puis, ce n’est pas un mal de donner un coup d’œil à ce que l’on va tentant autre part. […] Le plaisir de les contempler les consolait de leurs maux.

9. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Angelo R… fut mal inspiré en attirant l’attention sur le coffret. […] Nos ennemis mal équipés se retirent vers Porto Longo. […] s’écria-t-il, avec un enjouement qui passa, aux yeux des gens mal intentionnés pour une colère contenue. […] Il m’avoua qu’une inexplicable mélancolie faisait de lui un autre homme, mais qu’il espérait se guérir de son mal. […] Plus d’images « exquises », plus de « maux subtils ».

10. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

ce n’était pas mal joué ! […] Je m’y appliquai, et je ne pense point que j’y réussis mal. […]  » Et, ma foi, je ne crois pas avoir mal entendu. […] Mal nourris, mal équipés, bravant les sarcasmes des indigènes surpris de cette retraite et ignorant les nécessités internationales, ils gagnèrent la côte. […] Ils eussent d’ailleurs été mal jugés sous le régime hamidien.

11. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Lebey a déroulé dans tous ses détails, dont certains peu connus, ou même inconnus, ou mal présentés jusqu’ici, — d’Agnadel à Marignan et à Pavie et jusqu’au sac de Rome, — le tableau des événements. […] Quel mal enserre dans ses violences l’âme du Poète ? […] Le Poète ne souffre d’aucun mal, il ne fait à la vie aucun reproche. Tous les maux de l’« homme crépusculaire », l’homme qui meurt à sa religion et à son culte et ne voit pas l’aube d’une religion et d’un culte nouveaux sont dans son cœur sans un nom précis. […] Il parle à des convalescents, c’est-à-dire à tous les hommes, et les accuse de se laisser courber sous le faix de leur mal, elles poussent à ouvrir avec le regard de leur espérance les portes de l’avenir.

12. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Les marxistes italiens, en mal de réalisme, n’en sont pas moins très mal venus de vouloir, selon la parole de Verlaine, tordre le cou à l’éloquence. […] Si ces colonies devaient rester réfractaires à toute assimilation dans les pays étrangers, elles risqueraient alors d’être aussi mal supportées que des balles dans la chair. […] Celui-ci les a bien mal lus, et en tout cas mal résumés. […] Exubérant, loquace, démonstratif, il eut assez de mal à se faire accepter lors de la mobilisation. […] Focillon sur Piranesi est un livre utile, car Giovanni Battista Piranesi, que nos romantiques ont appelé le Piranèse, était chez nous célèbre, mais fort mal connu.

13. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Aussi, pareillement, le talent et ses artifices s’assortissent-ils plutôt mal à son genre de beauté d’enfant de la nature. […] On se dit tout au plus : « Pour lui, ce n’est pas mal. » L’authentique Verdi gît dans la trilogie Trovatore, Rigoletto, Traviata. […] À cause de ma maison j’ai beaucoup de mal et de grandes dépenses comme tu le verras. […] Les affaires vont très mal. […] Il serait puéril de nier que cette campagne n’ait pas fait de mal.

14. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Personne ne le connaît, personne ne l’a vu : il vit à l’écart, en refusant même les relations avec ses confrères : et on dit de lui, cependant, tout le bien et tout le mal qu’on peut imaginer. […] me rejette dans ce monde clérical, parmi ces catholiques lascifs et ignorants, cruels et lâches, scrupuleux et asexuels, qui m’ont donné tant de mal en lisant le roman, d’ailleurs admirable, de l’auteur français. […] D’Aurevilly a décrit tous les délices des sens, il est entré dans la forêt des vices, il s’est fait l’historien du mal : mais en somme son œuvre est celle d’un moraliste, qui a éclairé d’une tragique lumière la corruption de son siècle… » Si l’on trouve exagéré l’enthousiasme du critique italien, on conviendra peut-être cependant qu’il est plus raisonnable et plus équitable que la froideur de nos professeurs de littérature devant l’auteur inimitable, après tout — des Diaboliques. […] Vaucher, où l’on était fort mal nourri. […] Au troisième acte, dans un cabaret du faubourg, un rendez-vous a lieu entre divers anarchistes, quelques femmes de joie et quelques esprits ignorants enflammés par des lectures mal comprises.

15. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Cette étiquette, qui rappelle un genre d’art encore mal précisé, mal défini et bien plus mal compris, est inadéquate. […] S’il ne parvient pas à développer et à mettre à profit tant de dons naturels, c’est qu’il est ignorant et mal gouverné. […] Son premier élan franchit et mesure la sphère de l’irrémédiable, tout le mal de ce monde est découvert et dit, et c’est l’Enfer. […] nous ne les apprenons pas dans leurs finesses, comme en France ; nous nous contentons de les parler, mal c’est entendu. […] Muret, très peu au courant des véritables états de l’âme littéraire italienne, a mal compris Pascoli.

16. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Le mal peut s’entendre de la réaction de notre personnalité sur tout concept : partant de la révélation, nous dédaignons l’expérience et Galilée doit se soumettre à un texte juif mal entendu où les miracles se forment des fautes de tradition. […] C’est un peu Œdipe ; c’est un peu le pâle Hercule furieux d’Euripide, qui dit à Thésée : « Mes maux, j’en regorge ! […] Poizat a brisé toute la vigueur du vers d’Alfieri, de ce vers mal fait, qui pourtant prête souvent d’une manière admirable à toute la tragédie un rythme étonnant de cliquetis d’armes. […] Malheureusement il se trouve de plus en plus des femmes ayant ce que j’ai dit mal situé. […] C’est mal préjuger des poètes.

17. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

L’impression qu’elle procure peut se définir par ce terme : l’équivalent psychique du mal de mer. […] Le moment d’admiration était évanoui, et il ne restait, sur les visages pâlis par l’orgie, que le ressentiment de l’injure et l’idée encore mal définie d’en tirer vengeance. […] Certes, l’harmonie qui s’en dégage reflète mal l’immense joie qui déborde du vibrant Gloria Patri entonné par l’église triomphante ; mais une illustration adéquate exigerait des dons si spéciaux ! […] Il faut avoir visité quelques-unes de ces villes du Nord sommeillantes, où c’est un échange de confidences, de chaque vieille maison à l’eau qui la réfléchit, pour mesurer le mal que peuvent les « barbares modernes ». […] M. d’Annunzio eut ce tort de croire à sa nécessité nationale, tout en déclarant à qui voulait l’entendre qu’il se trouve très mal en Italie et qu’il aurait préféré naître chez les Esquimaux, par exemple.

18. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Beaucoup sont des lettres de femme ; certaines, d’une superbe écriture et sur du papier épais, d’autres, sur de quelconques bouts de papier, péniblement tracées et mal orthographiées. […] Beyle joue mal, il chante bien. […] Mais nous avons été surpris de trouver dans une revue une sorte de notice maladroite fort mal rédigée, sur un ton de persiflage balourd et grossier, ordinairement réservé aux journalistes les plus vulgaires. […] Il fallait les prévenir, leur montrer la Source du mal et leur apprendre où se fait la bifurcation du bonheur et du péché. […] Ce n’est ici que la source du mal.

19. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

Or, le texte de Casanova n’est pas du tout en contradiction avec ce fait : il signale la présence aux Délices du médecin Tronchin, avec lequel il se rencontra le 22 août ; le 23 août, Casanova dîna comme d’habitude aux Délices, mais, ce jour-là, il y fut reçu par Mme Denis ; Voltaire ne dîna pas avec eux et ne parut que le soir, à cinq heures : rien ne nous empêche de supposer qu’un accès du mal dont il souffrait alors l’avait retenu à la chambre, et même au lit. […] § L’entrevue commença assez mal pour Casanova ou, du moins, il voudrait nous le faire croire, sans doute pour justifier cette espèce de mauvaise humeur qui ne l’abandonna jamais, pendant toutes ses visites aux Délices, et qui donne à ses propos une amertume et une brusquerie qui ne lui sont pas habituelles. […] En cette occasion, le public faillit tout gâter : Casanova avait préparé pour le débiter en temps opportun un compliment fort galant qu’une plaisanterie de Voltaire interrompit mal à propos : — Voici, monsieur de Voltaire, lui dis-je, le plus beau moment de ma vie. […] Sur ce sujet, il n’a pas de peine à mettre Voltaire hors de lui, en lui soutenant que la superstition est un mal nécessaire : « Si vous parvenez à la détruire, demande-t-il avec une feinte candeur, par quoi la remplacerez-vous ? 

20. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Les jeunes le connurent peu ou mal. […] Il ne faut donc pas s’étonner si l’histoire du livre sur la peinture a, tel qu’un roman mal fait, ses incohérences et ses longueurs. […] Bien entendu, il ne s’agit pas ici de tenter une distribution, qui serait nécessairement illusoire et mal fondée. […] Ferrero, une contradiction qui, se développant à l’infini, devait produire des maux infinis. […] Or Corrado Brando, qui a un grand rôle d’explorateur, n’a pas su vaincre et s’accommode mal de son sort de vaincu.

21. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Car si j’ai dit roue, Monsieur, c’est que la gloire est un orbe, figurativement, mais vous n’étiez entre ses mains qu’un pilon avec lequel il rêvait de broyer dans le même mortier toutes les cervelles mal pensantes. […] Alors la prétention d’une Renaissance latine se dévêt et la voici nue : joujou mal fait avec lequel on voulait amuser le public et l’empêcher, ne fût-ce que durant quelques heures, de prendre garde à l’étrange sensation de l’Idée qui lui souffle dans les cheveux… Renaissance latine : la volupté pure et simple, la beauté plastique, quelques-uns de ces mots qui ne simulent e mystère que par ce qu’ils contiennent de peur, l’amour, a mort, un dosage heureux de Pétrarque et de Léopardi. […] M. de Vogüé haïssait les Fleurs du mal, mésestimait la Tentation, ignorait Maeterlinck, méprisait l’Éthopée totalement, jugeait que Verlaine en vérité revêtait des toges de trop peu de cérémonie : — et voici que, transportés en votre jardin, il admire ces œuvres, il aime ces hommes ! Cette aventure ne vous grandit pas, mais elle déprécie peut-être moins votre talent qu’elle ne diminue l’autorité professionnelle d’un jardinier si mal instruit.

22. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

C’est un homme de quarante-cinq ans, de haute taille, mais mal proportionné. […] Il arpentait le fumoir, les sourcils froncés, son buste lourd, mal équilibré sur ses jambes frêles. […] Le mal, espérons-le, n’est que passager. […] Il peut se faire que Casanova ait mal orthographié lui-même un nom, mal transcrit par surcroît par Schütz et Laforgue, et que ce nom, dans son orthographe casanovienne, défectueuse, suffise à un lecteur avisé pour lui suggérer une restitution définitive. […] Laforgue et Schütz ont mal lu tous deux.

23. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

Déjà, quand tu allais à l’école, tes livres sous le bras, tu te croyais destiné à de grandes choses ; et la première fois que tu vis, de l’Histoire du Moyen Âge, surgir la troupe des chevaliers sans peur, amoureux de leur dame et de la justice, tu te jugeas aussitôt pareil à eux, armé, comme eux, en guerre, et comme eux sans peur et sans reproche. » A-t-il été obligé de rosser un de ses camarades, cet enfant prédestiné le relève et lui demande : «T’ai-je fait mal ?  […] Plus tard, il entreprend de réconcilier des ménages où la femme se contenterait de consolations effectives et tierces ; plus tard, de réhabiliter la pauvre Luciette qui a mal tourné ; déjà vieux, il s’offre à rendre l’honneur, en l’épousant, à une de ses nièces victime d’un séducteur et d’un mariage nul, tout en se demandant s’il agit réellement en homme de devoir et de sacrifice, ou si c’est l’amour qui le pousse.

24. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Les soldats politiciens gouvernaient mal. […] Tous les autres écrivains italiens de ces générations plus ou moins sur le déclin ont une importance bien moindre, même lorsqu’ils font sonner toutes les trompettes habiles de la renommée autour d’un livre mal réussi, ainsi que le font M.  […] Il représente aussi le deuxième pôle de l’ellipse idéale de la vie italienne au xixe  siècle, dont le premier pôle est incontestablement le grand et encore mal connu Mazzini.

25. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

En effet l’arbre défendu était l’arbre de la science, l’arbre de la sagesse, non seulement du bien et du mal, comme dit le Juif, mais du vrai et du faux, du visible et de l’invisible, du ciel et de la terre, des êtres animés et des esprits. […] Mes deux moi allaient par les rues mal pavées, dans le silence qui régnait depuis longtemps dans la petite capitale — un silence qui datait du siècle dix-huitième… — et causaient ensemble sans se lasser, cherchant à se rappeler les choses qu’ils virent, les hommes qu’il connurent, les sentiments qui les agitèrent, les songes qui laissèrent un goût amer dans leurs esprits. Les deux âmes — l’ancienne et la nouvelle — cherchèrent ensemble l’université silencieuse et sépulcrale comme un couvent dans la montagne ; elles se promenèrent dans le jardin français, derrière le jardin rococo, où les statues mutilées et noircies n’honoraient plus d’un seul regard les allées sans fin — et poussèrent enfin jusqu’au Liliensee, un étang mal creusé qui, par décret des vieux princes, avait fini par obtenir le nom de lac.

26. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

On imagine mal une plus niaise chose que l’intrigue et les vers de mirliton que M.  […] Gabriele d’Annunzio demeure en Italie parfaitement isolé, compris et non suivi par une petite élite, et en général mal aimé et, encore plus, mal haï. […] Ai-je l’esprit mal fait ? […] Et puis son goût très pur s’accommode mal des fièvres énervantes de la lagune. […] Le mal qu’on en dit est faux.

27. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Le résultat de toutes ces circonstances mal calculées c’est que le public impartial n’a pas pu prononcer un jugement définitif et il attend, pour ce qui est des beautés poétiques et littéraires, d’avoir sous les yeux la Tragédie, qui paraîtra, comme d’habitude, à la Maison Treves, de Milan. […] Ce qui est mal, c’est d’être une amateur. […] Soyez en mesme temps bien persuadé que je serai ravi de rendre à votre mérite toute la justice qui luy est due, estant, Monsieur, etc… » Naturellement, Poërson, avec une promptitude, une souplesse et une verve admirables, trouve immédiatement un remède à tous les maux qu’il jugeait incurables en 1707. […] Hewlett préface pour la troisième fois son ouvrage qui fut à diverses reprises peu et mal compris et déclare éprouver, à son sujet, avec toutes ses anxiétés, un peu de l’orgueil de la poule qui conduit sa couvée de petits canards à l’eau, les voit s’embarquer sur les flots et doit les laisser à leurs jeux nautiques, craintive, mais sentant bien aussi qu’ils accomplissent un plus fameux exploit que ses propres mérites de poule n’auraient pu espérer leur gagner. […] Le soin d’être complet ne me tente ni ne s’impose : cette collection de plus de cent numéros — toiles, panneaux, marbres, pierres et bois — comporterait mal aisément un catalogue raisonné.

28. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXIII »

Personne, dans le peuple, ne pense au lendemain : le jour même apporte, bien ou mal, de quoi vivre.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LVIII »

Mme Long se trouve mal au milieu de la montée sur le mâchefer.

30. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Les mesures qui ont été prises l’ont été trop tardivement et sont mal appliquées. […] Une forte contribution au mouvement socialiste avait été donnée par la petite bourgeoisie au service de l’État, mal payée et encore plus mal traitée : ayant obtenu les améliorations réclamées, cet élément épars et intelligent retirait son adhésion momentanée et se distribuait en d’autres partis amis des institutions. […] Loin de nous l’intention de condamner toutes les impressions littéraires sur l’Italie ; nous connaîtrions bien mal les mœurs de nos diverses régions dans le passé, si nous n’avions les relations de tant d’étrangers, de Montaigne à… Suarès. […] Comme cet état d’esprit nous plaît mieux, comme il offre plus de sécurité que cet enthousiasme fragile et cet idéalisme sans critique qui recouvrent mal les divergences, ou les conflits d’intérêts qui n’entretiennent d’ordinaire qu’une dangereuse hypocrisie !  […] Le bien des autres, de ceux qui restent, ne compense pas le mal abandonné sans remède à l’éternité.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

C’est beaucoup de maux à la fois, dont le moindre n’est pas celui qu’on pense.

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 241, 1er juillet 1907 »

Et de même, l’effort pour libérer la morale religieuse de toute trace d’eudémonisme a conduit, et ne peut pas ne pas conduire, aux conclusions des quiétistes qu’il faut vouloir sa propre damnation, et, à cet effet, haïr Dieu et faire le mal.

33. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Il montre l’extraordinaire inconscience des Allemands, qui font le mal sans le savoir, sont véritablement surpris qu’on leur reproche les horreurs qu’ils commettent et poussent l’ingénuité jusqu’à tendre la main aux survivants des populations qu’ils viennent de massacrer. […] Je suis obligé d’élucider rétrospectivement l’incident Salandra-Giolitti, parce qu’il a été mal compris ou insuffisamment expliqué par les quotidiens. […] Un conférencier comme André de Fouquières, qui est venu nous parler de mondanité, de dandysme et de cotillons, ou comme Lebargy, qui eut l’idée de nous enseigner les vingt manières de mettre une cravate, a fait plus de mal à la cause française que tous les malentendus d’une politique d’agression. […] Ce sentiment exalté et mystique de la patrie chez ceux qui l’ont quittée à l’approche de l’ennemi et n’ont vu les maux de l’occupation que de loin — c’est-à-dire sous des couleurs romanesques et exagérées — prend un caractère si exclusif qu’il les empêche de rien distinguer dans le conflit européen en dehors de la violation de la neutralité belge.

34. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

La cour de Ludovic, par l’exaspération même et la multiplicité des passions de son maître, devait, plus que la cour des Médicis, attirer et honorer dignement un esprit supérieur, singulièrement debout « par-delà le bien et le mal », amant effréné de la vie sous toutes ses formes et pour toutes ses jouissances, uniquement désireux de dominer à son tour son temps, par l’étrange faculté de son génie qui devait faire de lui un des plus complets « representative men » de l’époque.

35. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

— À propos de l’Hymne à Satan de Carducci, il est intéressant de remarquer que Léopardi aussi voulut rallier la puissance du mal, celle qu’il appelait le laid pouvoir, qui, caché, règne pour le commun malheur, la considérant comme la synthèse du mouvement en général, et de l’intelligence humaine en particulier. […] De toute façon, cette conception hardiment philosophique de Léopardi, qui considérait le Mal comme la raison de la vie, et exaltait Ahriman comme principe du mouvementée rapproche de celle de Carducci, qui a vu en Satan le principe de la Raison, qui remue et perfectionne la nature dans le sens de la volonté de l’homme.

36. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

Riccardo Sonzogno vient de traduire, pour la première fois, les Fleurs du mal.

37. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 236, 15 avril 1907 »

En somme, M. de Beust, le chancelier autrichien, voulait « voir venir », prêt, on le sent très bien, à se dégager si les choses tournaient mal pour nous.

38. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

La génération qui vécut autour de d’Annunzio l’imita, en subit tout le charme, en fut si éprise que, très faible sans doute, elle ne se réalisa point ou se réalisa mal ou peu.

39. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Cette façon de donner en sommaire une citation de chaque chapitre m’a paru, malgré son aridité, plus propre qu’un discours coordonné à faire sentir la singularité de l’ouvrage, Je connais mal les huit in-8 de Rossetti, mais son titre seul indique qu’il a deviné en partie l’énigme dantesque.

40. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Casanova eut le courage et le tort de ne point reculer ; il resta, dîna mal, se fit voler au jeu, et partit après que la fille se fût invitée à souper chez lui pour le surlendemain.

41. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Ces connaissances ne sont pas des sources d’inspiration, et ces vérités infinitésimales ne peuvent que la mal servir.

42. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Ces vieux maîtres vivaient encore de traditions, ils détenaient des secrets ; c’étaient les formules des byzantins insensiblement naturalisées et peu à peu rendues terrestres par l’étude du modèle ; c’étaient aussi leurs propres recherches et la connaissance qu’ils avaient acquise des sciences naturelles, qui, plus tard, mal employées, « employées trop pour elles-mêmes », furent le signal de la déchéance.

43. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Il n’est que trop vrai que nous ayons sur cette île du soleil quelques préventions défavorables ; même les Italiens qui voyagent peu ou qui voyaient mal, sont portés à faire une seule et même chose du paysan sicilien et du brigand ; on voit ce peuple à travers les nouvelles mélodramatiques des vieilles écoles italienne et française, et on fait souvent une règle de l’exception. […] Le malade se tord dans des spasmes d’agonie, l’écume jaillit de sa bouche, et enfin sous l’impression de cette souffrance atroce dont la seule description fait dresser les cheveux, perd connaissance ; cependant, ajoute notre texte, il n’hésite jamais à recommencer l’opération si, quand ses blessures sont guéries, il ne se sent pas soulagé du mal dont il souffrait. » Mais on pensera bien qu’il y a d’autres singularités dans les habitudes de ce peuple, en majorité chrétien, et que des séries de pierres sonores entrechoquées appellent aux offices ; qui possède des moines volontairement emmurés pour acquérir le titre de saints ; qui croit au mauvais œil8 ; dort dans une posture recroquevillée et les genoux sous le menton9 ; se nourrit d’une sorte de galette appelée sciro, faite pour les riches avec de la farine de pois verts ou de lentilles, pour les pauvres avec de la farine de fèves, de pois chiches ou le plus souvent de graine de lin. — À noter, dans les curiosités des usages que le chef, aux jours de réception, doit offrir trois fois plus de victuailles et de boissons qu’il n’est nécessaire ; par courtoisie les invités engloutissent tout et arrivent ainsi au dernier degré de la plénitude ; seulement il y a un maître des cérémonies dont la fonction consiste à maintenir la paix et la tranquillité de l’assemblée ; il se met debout au centre de la pièce, tenant une longue baguette, et crie à haute voix, de temps en temps : Toantè !

/ 43