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2. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Mais étroitement mêlé à cette beauté on trouve aussi un élément d’ironie ; de sorte que, soit pitié, soit mépris, il fait des caricatures de Dante lui-même. […] Ce qu’on peut appeler la fascination de la corruption pénètre en chaque touche sa beauté, finie d’une manière si exquise. […] Curiosité et désir de beauté — voilà les deux forces élémentaires du génie de Léonard, la curiosité étant souvent en conflit avec le désir de beauté, mais engendrant avec lui un type de grâce subtil et curieux. […] Souvent l’expression de la beauté physique parait ici ou là être forcée et gâtée par l’effort, comme dans ces lourds fronts allemands : trop allemands et trop lourds pour la beauté parfaite. […] Cette curieuse beauté se manifeste surtout dans ses dessins, et particulièrement dans la grâce abstraite des lignes qui les bornent.

3. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

La vie a été abreuvée de tristesse par la religion chrétienne, qui a condamné le plaisir, imaginé que la beauté était la porte du diable, s’est acharnée contre les monuments de l’art antique qui étaient dédiés à la glorification de la vie, du plaisir, de la beauté. […] Ce n’est pas à force de logique froide ou de malice que l’on peut découvrir la radieuse beauté spirituelle que Pérugin, personnellement, infiltra dans la face de ses modèles ; et ce n’est pas, non plus, par simple goût que, comme Ghirlandajo, on peint les célestes jardins. […] Le culte languissant viendra demander à ces ambitieux la représentation de ses saints mystères, à ces ambitieux plus avides de plaisirs matériels que de pensées profondes, et des maîtresses de peintre deviendront les madones que la foule vénère ; et la conception grandiose de Marie sera traînée dans le ruisseau de la beauté vendue. […] L’Italie pourtant semble revenue aux plus obscurs temps des lourdes invasions, quand les Barbares abattaient tous les simulacres de la Beauté et détruisaient tous les vestiges de la Pensée. […] Ce n’est que très tard, après la conquête de la Grèce, qu’ils commencèrent à se préoccuper de la beauté ; ils transportèrent d’abord les statues et les peintures de Syracuse, de Capoue, de Corinthe, de Carthage.

4. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Le Florentin était fier de Florence, nulle cité n’égalait à ses yeux la beauté de la sienne. […] Il y avait beaucoup de Florentins sensibles à la beauté et beaucoup étaient capables de créer de belles choses. […] Il répondait à un besoin profond, ressenti par la généralité, un besoin d’imprégner de beauté toute la vie. […] L’on étudie avec passion l’antiquité dont les œuvres d’art, qui reparaissent au jour, attestent la beauté et la grandeur. […] Cependant Chateaubriand a créé une beauté nouvelle, la beauté attristée des ruines et de la mort, la beauté fragile des choses vivantes qui vont mourir.

5. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

L’art, l’expression de la beauté. L’amour, paroxysme de beauté, chez deux artistes. […] André Lebey, qui en a rendu la beauté plastique et intellectuelle dans un style souple et coloré. […] Cette attitude devant les beautés éclatantes de l’œuvre de M.  […] Tous deux s’éprennent rapidement l’un de l’autre : Rome prête à la passion son décor inoubliable de grandeur et de beauté.

6. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Cette fois certaines, mieux dans leur jour, offrent d’imprévues beautés. […] Corradini, c’est la forme littéraire, d’une beauté sévère et simple, tout à fait classique ; l’auteur a emprunté aux plus grands historiens de l’empire romain le secret d’une forme lapidaire. […] Ces femmes sans beauté, c’est-à-dire dans lesquelles nous ne trouvons pas les traits d’élection de notre type de beauté, qui sont grandes et sans grâce, qui n’ont pas le charme, ces compositions qui sont si voisines de la vie quotidienne réduite à sa plus essentielle simplicité, ne nous semblent pas des moyens dignes d’exprimer les mystères divins. […] Ils ne se croient point, il leur serait impossible de se croire le droit de déformer les êtres et les choses pour les réinformer selon un personnel idéal de douceur, de suavité, de grâce et de beauté. […] Il s’occupa d’abord d’études philosophiques et c’est le « culte de la raison », comme on disait de son temps, qui l’induisit à l’adoration de la beauté.

7. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

La double mort lui donne une auréole de beauté qui sans nous éblouir nous charme. […] Le Portfolio de 1909 ne le cède pas en intérêt et en beauté aux précédents. […] Cette recherche lui fait découvrir certaines beautés de notre temps, certains motifs du lyrisme moderne. […] Nozière la glose souriante de leurs beautés diverses et également entraînantes. […] L’Italie reste le « commun réservoir » de beauté.

8. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Le vrai nom de la qualité est la beauté. […] La beauté est cachée : une imitation littérale ne saurait la découvrir. […] Verrocchio, au contraire, sait que l’art est perfectible dans ses moyens d’exprimer la vie, la beauté. […] Dans sa recherche d’une forme supérieure de la beauté féminine, il interrogeait la réalité vivante pour y découvrir les signes évidents d’une beauté immatérielle. […] Dans la forme humaine la beauté visible atteint son apogée ; elle est d’elle-même adorable, quoiqu’elle ne soit que le signe d’une beauté supérieure.

9. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Tu as réalisé deux beautés : celle des formes et celle de l’intelligence. […] je suis enivré par la beauté ! […] Je ne vous parlerai donc pas de sa beauté. […] La lueur de la lune révéla sa beauté. […] La beauté l’exaltait.

10. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Mais les écrivains et les artistes qui ont poussé autour du maître par le fait de cette germination secondaire qui se produit toujours dans le rayon de production et d’action d’un grand talent incitateur, ceux-là même qui n’ont eu quelques attitudes de beauté créatrice qu’en des attitudes identiques à celles innombrables du maître ; ceux-là aussi ont tenu à ajouter leurs voix de protestation. […] Comment les agonistes pourraient-ils agir et réagir avec la même véhémence, la même élégance, la même beauté ? […] Le crime de Brando ne peut pas s’imposer à nous avec la puissance de sa nécessité, c’est-à-dire ne peut pas se révéler à nous dans un inéluctable besoin d’équilibre, voire d’harmonie et par cela même de beauté : il aurait pu être évité, si les quelques contingences qui le déterminent avaient été autres. […] Dans sa préface, Gabriel d’Annunzio s’efforce de justifier l’unité absolue de son personnage, par un langage pratique plein de beauté.

11. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Au-dessus des évocations politiques, la théocratie se détache par l’ampleur et la beauté du tableau ; mais de tous les périls que l’homme puisse courir, aucun ne cause autant d’effroi que le pouvoir sacerdotal. […] D’ailleurs les Italiens étaient très sensibles à la beauté des œuvres allemandes et c’est avec quelque raison que M.  […] Ils rêvent de réaliser au dehors une beauté dont ils croient avoir l’image toute prête, dans leurs cœurs, et à peine ont-ils essayé de la réaliser, que l’image qu’ils en ont s’altère, se transforme sous l’influence de leur propre goût et de l’œuvre d’autrui. Ayant l’âme plus haute que leurs confrères même les mieux doués, ils visent plus haut, et animent leurs œuvres d’une beauté supérieure : pour celui à qui s’est enfin ouvert le génie de Titien, combien pâlit le prestige d’un Palma le vieux ou d’un Tintoret. […] Paradoxe encore, je veux le croire, le passage où l’auteur attribue à la simple rencontre d’un modèle, la création par Botticelli d’un idéal de beauté féminine.

12. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Ils ont d’exquises façons de dire la beauté de leur belle : Nudam fovet Floram lectus, Caro candet tenera, Virginale lucet pectus Parum surgunt ubera. […] Avant la révélation de la forme de Beauté que nous ont donnée Raphaël, Michel-Ange, Vinci, s’était-il trouvé en le moyen-âge quelque œuvre de génie pouvant s’égaler à cette réalisation ? […] Comportait-il cette sérénité et cette radieuse beauté des œuvres proclamées, ou priait-il, ou pensait-il, ou pleurait-il ? […] Or, sans dire que la littérature et la peinture n’ont aucune connexion, je puis au moins dire, sans que personne me puisse démentir, que ce qui fait la Beauté de l’une dans son tout, transporté dans l’autre n’y engendrera pas la Beauté si les éléments de l’art auquel on s’adressera ne sont satisfaits ; c’est de cette manière que les longues et les brèves qui sont opposées entre elles composent, le rhythme lorsqu’elles sont accordées (Platon).

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Il ne protégeait pas les artistes, en homme qui donne pour que d’autres le servent en beauté. […] Ludovic voyait en lui l’homme étrange et puissant, au génie inépuisable, en tout digne de comprendre la farouche beauté de son dur sentiment, et de l’exalter pour toujours. […] Il faut que ce comité ne réponde pas à de vagues aspirations, mais qu’il comprenne la beauté, la perfection de sa mission qui doit le pousser à chercher à Amboise les restes de Léonard, et dans la collégiale du château de Loches, ceux de Ludovic.

14. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Les beautés de la forme qui ne cachent souvent que le vide du fond disparaissent ; les beautés qui restent sont celles qui méritent réellement de rester. » Et de qui sont ces lignes ? […] — Quand viendra Orphée, disait Hippolyte à Tysandre, nous lui ferons chanter les beautés du feu. […] — Quand viendra Orphée, cria Stérope aux autres femmes, nous lui ferons chanter les beautés du feu. […] Or les partisans du projet vous disent sournoisement : « En quoi attentons-nous à la beauté de la ville ? […] La beauté de Béatrice s’accroît, en effet, à mesure qu’elle monte les degrés du palais éternel.

15. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Souvent, le lyrisme de d’Annunzio, comme toujours, est fatigant et vain à force de « littérature », par l’exagération de ce « pathos esthétique » qui enlève, depuis plus de vingt ans, tant de beauté, d’éternité, à l’œuvre du poète des Laudes. […] Regardez aussi la Sortie de Théâtre de Carra, il y aurait parti pris à ne pas reconnaître la beauté lumineuse de cette toile, la fermeté si nuancée des formes de femmes encapuchonnées, le mouvement vigoureux, ardent de tous ces personnages. […] L’attention prépondérante donnée à la contemplation de ses beautés naturelles et des monuments d’art de son passé nuit sans aucun doute à l’étude de son présent. […] Peut-être ainsi aurez-vous une idée de l’enthousiasme que pouvaient provoquer en nous ces leçons, qui, outre leur immense valeur scientifique, avaient la beauté et l’harmonie d’une œuvre d’art. […] la beauté, la fertilité et la richesse de votre pays sont la cause de votre ignorance, comme les mines du Pérou et du Potosi ont causé votre sot orgueil et tous les préjugés qui vous dégradent.

16. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

L’émotion est produite par la surprise, et la Beauté n’est que surprise, miracle, comme le Génie. […] Elle n’a rien de la beauté ferme et de la certitude de modelé d’un visage peint par Giovanni. […] Et dans l’idée de ce vers est toute la douleur du recueil, et dans son rythme en est toute la beauté. […] Il y est aidé par sa connaissance de la langue allemande et par la précieuse beauté de son style italien. […] Il a un véritable et pieux culte de sa terre, de son histoire et de ses beautés.

17. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Un chef-d’œuvre ne cesse jamais sa beauté parce qu’il contient l’expression entière d’une âme immortelle. […] Les souvenirs vous assaillent devant ces beautés et un désir impatient vous saisit de retourner là-bas… la nostalgie du soleil et la lassitude de nos trop modernes capitales. […] Le simple monde extérieur de l’Alpe à cette altitude est si frappant, si frappante aussi la nouveauté des choses qui entourent l’artiste, de l’hiver dans les neiges, qu’il les peint d’abord par pur enthousiasme pour la beauté de leur apparence. […] Leur beauté était trop grande pour que, par la volupté, ils ne fussent tentés de dériver vers le chenal au courant irrésistible de la luxure. […] Et ce point exact où le péché s’embranche, il le découvre dans le moment où la femme prend pour elle-même conscience de sa beauté.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXVIII »

Elle venait de prendre du café avec moi dans une arrière-boutique solitaire ; ses yeux étaient brillants ; sa figure demi-éclairée avait une harmonie suave et cependant était terrible de beauté surnaturelle. On eût dit un être supérieur, qui avait pris la beauté parce que ce déguisement lui convenait mieux qu’un autre, et qui, avec ses yeux pénétrants, lisait au fond de notre âme.

19. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

L’âme de Lina vibrait, elle sentait la beauté. […] Quand son pied frappait ce vieux sol tout pétri de beauté, un chœur d’ombres harmonieuses se levait. […] Elles sont de toute beauté, nous le répétons avec plaisir, et l’ouvrage ne dépare nullement les collections de la maison Hachette. […] Barrès ou de M. d’Annunzio même, sont d’une grande beauté. […] Gustave Geffroy excelle à tirer la leçon d’histoire et de beauté qu’ils recèlent.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 233, 1er mars 1907 »

Elle est d’une beauté savante et sévère : on ne parvient à la goûter que par l’étude ; elle a besoin d’explications et de commentaires ; elle ne peut être populaire, ou même comprise, que dans un pays comme l’Italie, tellement imprégné d’histoire que les plus ignorants mêmes y subissent l’emprise du passé. […] On croirait que Carducci pensait à son œuvre même, quand il définissait le rôle intellectuel de l’Italie en disant, dans son discours sur l’université de Bologne : « L’Italie, dans la poésie, dans l’art, dans la philosophie, a ressuscité pour l’Europe les idées de l’antiquité plus sereine des races ariennes, idées d’harmonie, d’ordre, de beauté, avec une telle efficacité bienfaisante qu’elle est loin d’en être affaiblie. » (Op.

21. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Les vieux temples s’effondrent, ou gardent seulement toute leur beauté de pierre pour notre joie esthétique. […] Cependant, dans la générale platitude de ses contemporains, il apportait sa noblesse vengeresse des antiques beautés nationales. […] Leur beauté est toujours palpitante. […] Combatif, il veut exposer des artistes méconnus, les incompris qu’il admire et il va au public exalter leur beauté, avec leur nom, expliquer leurs œuvres. […] Comment pourrais-je décrire la merveilleuse beauté dont Paris, vu à travers cette idée, a rayonné pendant vingt jours à mes yeux d’historien ?

22. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

La pensée de Monteverdi en acquiert une insoupçonnable souplesse, une beauté nerveuse qui ajoute à sa puissance, et, si on ne connaissait l’intangible probité de l’interprétateur, on serait induit à présumer qu’il ait flatté l’original. […] Je suis né, moi, pour faire des statues… » Avec toute son âme et tous ses sens, il aime l’étrangère, la Gioconda Dianti, celle dont la sculpturale beauté crée et détruit, de seconde en seconde, mille harmonies divines. […] Eugène Carrière a écrit à ce propos sur le Prix de Rome et l’Éducation des artistes quelques pages intenses, rares et vraies, d’une noble et logique philosophie et d’une pure beauté littéraire. […] Les Poètes comme d’Annunzio, Pascoli, de Bosis, poursuivent un rêve de beauté et de synthèse esthétique tout vibrant d’hellénisme. […] La beauté naïve et pourtant complète des premiers livres imprimés par les Bénédictins de Subiaco, ou du superbe Sogno de Polifilo, revêt les livres des derniers poètes.

23. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Sa beauté l’a frappé. […] J’essayai de définir en quoi résidait la beauté de cette créature. […] C’était une beauté d’un autre âge que j’avais devant moi ! […] John-Arthur copia cette main à la manière des vieux maîtres italiens qu’émerveillait la beauté des formes humaines. […] La Vierge d’Holbein est un chef-d’œuvre de première beauté.

24. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Aussi, pareillement, le talent et ses artifices s’assortissent-ils plutôt mal à son genre de beauté d’enfant de la nature. […] Nous irons à une énergie qui unisse la force à la beauté, le talent à la grâce et qui soit animée du souffle divin de la bonté. […] La petite bergère, qui maintenant parlait et écrivait plusieurs langues, éblouissait par sa beauté et son esprit l’aristocratie napolitaine. […] Suivant l’argent que l’on pourra dépenser, suivant l’élégance et la beauté qu’on leur donnera, les constructions devront être plus ou moins hautes. […] Le dénombrement des fleurs d’un petit jardin qu’une jeune fille qui va se faire religieuse fait à la jeune fille qui va devenir mère est une page de touchante beauté.

25. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Là il s’élève d’un bond à la hauteur du chantre épique, et, le premier, il exalte la beauté et la douleur de l’Italie couverte de son sang. […] Le mouvement y est presque toujours identique, et l’esprit de l’ancien se retrouve dans le moderne, quoique celui-là proclamât la beauté présente que celui-ci évoque avec un orgueil toujours nostalgique, dans un fantastique Fanum du désir. […] Ce caractère est le pathos historique, analogue au pathos esthétique, qui anime, et meut, en beauté et en désordre l’œuvre de d’Annunzio. […] Les Italiens offrent aujourd’hui ce spectacle, qui a sans doute sa beauté, et qui est un intéressant témoignage pour une collectivité humaine, capable de vénérer un Poète au milieu des merveilleux mais implacables orages de la domination industrielle contemporaine.

26. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Déjà dans l’Essai sur les mœurs, il met le Roland au-dessus de l’Odyssée ; s’il blâme encore l’intempérance de l’imagination, et l’abus du romanesque, il vante la vérité des allégories, la finesse des satires, une connaissance approfondie du cœur humain, les grâces du comique, qui succèdent sans cesse à des traits terribles, enfin « des beautés si innombrables en tout genre, que l’Arioste a trouvé le secret de faire un “monstre admirable” ». […] « Ensuite il en releva les beautés avec toute la sagacité qui lui était naturelle et toute la justesse du génie d’un grand homme. […] La vision est d’une singulière beauté, car elle est dans l’abstraction pure, selon le principe absolu de l’Art digne de ce nom ; elle est en dehors de toutes les contingences de l’action commune, de toute grossièreté inutile et point esthétique des détails de la vie réelle ; elle évoque l’image byzantine et catholique de la naissance de Venise.

27. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Contre l’image perpétuelle, tyrannique de la mort, contre le sens sceptique de la vie qui passe, il voudrait que les hommes se lèvent dans une confiance renouvelée de leur valeur, de leur force et de leur beauté. […] Enrico Cavacchioli, dont l’étrange et forte fantaisie a trouvé des rythmes parfaits pour s’extérioriser en beauté, montre la nouveauté de sa vision de la vie.

28. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

Une autre Madone de Jacopo est au musée des Offices ; antérieure à celle du Louvre, elle se détache sur un fond uni au lieu du fond de paysage rocheux qui servit pour la Madone de Lionel d’Este ; l’attitude, plus hiératique, est d’un grand effet décoratif ; les lignes et le modelé sont d’une remarquable beauté. […] Le mystérieux Antonio da Negroponte, dont on ignore toute la vie et dont on ne connaît qu’une œuvre, mais d’une exquise beauté, la Madone de San Francesco della Vigna, fut certes d’un exemple profitable aux squarcionesques, Bartolomeo Vivarini et Carlo Crivelli.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

. — La personne dont je décris les beautés n’est autre que la dame de l’intelligence. […] Quelle destinée pour une doctrine que d’échapper à la codification, aux commentateurs et d’exploser, d’époque en époque, comme un tonnerre de beauté !

30. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

Il a certainement évolué depuis les origines de l’humanité : la conscience d’une réalité surhumaine incarnant la beauté morale parfaite et suprême, l’aspiration à cette réalité conçue comme amour et intelligence, ont pris le dessus sur la terreur qu’on trouve à l’origine des religions, en la transformant en crainte filiale. […] Les autres, au contraire, les académiques, négligent l’accent individuel pour ne conserver que le caractère commun à tous les individus ; ils obtiennent rapidement un schéma qui leur permettra de supprimer toute observation ; ils établissent un code de ce qu’en leur jargon profanateur ils appellent la beauté, et qui n’est que la régularité, de ce qu’ils appellent le style et qui n’est qu’une mécanique stylisation, de ce qu’ils appellent l’art et qui n’est qu’un cliché.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Car je croyais à la beauté et à la grandeur de l’amour et je ne voulais pas que les femmes fussent pour moi seulement un jeu et un divertissement. […] Les souvenirs du passé lointain épuisés, je ne pouvais parler avec lui du passé proche, de tout mon univers plus récent de beautés contemplées, de cœurs aimés et brisés, de paradoxes improvisés autour de la table à thé, et bien moins encore du songe douloureux qui remplit désormais toute mon âme. […] Pendant si longtemps je t’ai attendu en silence, pendant tant d’années j’ai compté les heures qui me rapprochaient de celles-ci… Et maintenant que tu es avec moi, que je t’aime, que nous parlons des pâles souvenirs du passé, et de l’amour et de la beauté du monde, et des douleurs des créatures, tu veux me laisser seul dans cette ville si triste, si lentement triste ? 

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIX »

La lèvre inférieure avancée lui donne de la bonté et beauté d’autant plus grande qu’elle n’est pas détruite par l’esprit.

33. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

Je ne songeais guère à m’arrêter à toutes ces beautés.

34. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Un très petit nombre d’hommes cultivés et affinés est capable de ressentir franchement la beauté des anciennes pages, écritures ou peintures. […] Arsène Alexandre et ce qu’il a réussi en partie, car assez souvent le souci de réagir contre les opinions vulgaires l’entraîne à des rigorismes : « Le Sodoma peintre facile et médiocre… se fit une apparence d’originalité… Ses figures molles et soufflées… cette espèce d’écriture bâtarde… » Il est pourtant difficile de nier Saint Sébastien et surtout la douloureuse beauté de sa tête.

35. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Avide d’amour, il n’a connu que des amourettes insignifiantes et incomplètes ; avide de gloire, la gloire est venue tard, lorsqu’il en était déjà désillusionné ; avide de beauté il n’a eu que la beauté de ses rêves incomparables… Il ne fut pas moins grand que malheureux, et à ce double titre sa mémoire éveille une admiration profonde et un profond respect. […] Il est d’ailleurs impossible que je tâche avec des adjectifs de montrer la beauté de ces pages et d’autres ; on ne raconte ni l’eurythmie, ni les détails d’une œuvre littéraire : il faut se borner à une constatation. […] Les femmes qui ne travaillent pas sont la beauté du monde et la terre ne sera habitable que lorsque aucune femme n’aura de labeurs que ceux qu’elle s’imposera elle-même, par instinct, pour avoir toujours plus de grâce et plus de charme.

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Et nous arrivons à la Renaissance, qui fut une période agitée, de vie forte, effervescente et poursuivit avant tout la joie de vivre, d’exister, d’encadrer sa vie et d’en jouir, avec les Loges de Jean d’Udine et le Culte des Antiques Symboles : le règne de la délicieuse Impéria et le culte de la beauté ; le cadre du bonheur, avec la Farnésine et la vie première avec la Villa d’Este à Tivoli. — Toutefois, si ce livre abondant et écrit avec le même soin que le précédent par M. 

37. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

D’Annunzio, en transposant tous les rythmes de la représentation artistique dans son esprit éperdument épris de grandiose, et en transposant la vision de la vie toujours un octave ou deux au-dessus de ce qu’il est convenu d’appeler « la réalité », affina le goût de ses compatriotes, et leur inspira le désir tyrannique de « styliser » la vie en l’exagérant continuellement et volontairement dans le sens du profond ou du grandiose esthétique, afin de la représenter en beauté.

38. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Je signalerai volontiers comme la plus belle et la plus poignante composition du poète, l’évocation de Jacovella, la jeune femme de la Renaissance, qui joua du luth devant Raphaël, et que le poète aime et va chercher dans la petite maison, encore debout, de cette lointaine beauté.

39. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Ici tout est vrai, saisi sur le vif, sérieusement étudié, tout est organique et l’effet de beauté surgit du sujet même et résulte de sa juste ordonnance. […] Parmi les nombreux récits de guerre publiés jusqu’ici je n’en connais aucun qui approche par la puissance d’évocation, par l’intensité du sentiment, par la beauté et la grandeur de la vision, des pages où l’auteur décrit les champs de bataille de la Marne au lendemain de la lutte ou la retraite de l’armée belge après la prise d’Anvers. […] Écrites par un homme doué d’une grande sensibilité esthétique, ces impressions, où la beauté de la nature et des œuvres d’art tient une grande place en dépit des préoccupations souveraines de la politique, offrent un double intérêt.

40. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

§ Elle était connue, à ce moment de sa vie, sous le nom de la Charpillon, qu’elle avait rendu illustre à Paris, à Londres et dans toute l’Europe galante par l’éclat de sa beauté et de ses aventures.

41. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Mais ces grands mouvements de l’extérieur ne furent que superficiels ; l’élaboration, la maturation de l’acte suprême dans les partis, dans les classes cultivées des diverses régions, de la Sicile à la Vénétie, fut une chose autonome, grave, par moments dangereuse, et d’une profonde beauté morale pour l’historien psychologue qui en fera l’évocation sincère. […] Il y a, dans l’esprit de ce fin lettré, qui était aussi un italien fervent élevé à l’école de Carducci, une discorde intérieure, un étrange dilemme : il veut agir, combattre, vaincre, mais il ne peut chasser la sensation que la guerre ne changera rien aux choses essentielles : cette vie, cette terre sont immobiles, les civilisations ont disparu, les races sont passées, on a remporté des victoires, on a essuyé des défaites ; les révolutions, les conquêtes ont bouleversé la surface, ont changé les noms : les hommes, avec leur grandeur et leur misère, sont toujours les mêmes et ces plaines et ces arbres et ces paysans qui travaillent, et le ciel sur nos têtes, et l’amertume du perpétuel inassouvissement de la vérité et de la beauté sont choses éternelles : « la guerre ne change rien ». […] Vous, dans le but d’honorer « la beauté de la vélocité », vous faites naître « la nouvelle religion morale de la vélocité » de votre « grande guerre libératrice ». […] Tu étais content de m’aimer, d’aimer ta fille, l’Italie, tes fleurs, ta musique, les beautés du lac et de la montagne.

42. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

On ne se représentait le Christ que sous l’apparence d’un éternel Adolescent, d’un nouvel Adonis, dont le bleuâtre soir de mystique angoisse, passé au jardin des Oliviers, aurait à peine pâli et affiné la chaude beauté.

43. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Cette collection, d’abord composée surtout d’œuvres d’art antiques, avait été commencée à Naples à la fin du xviiie  siècle par le jeune banquier Hope avec les conseils de l’ambassadeur du Royaume-Uni dans cette ville, William Hamilton, le mari de la trop fameuse Lady Hamilton dont la beauté fut immortalisée sous tant d’aspects divers par le pinceau de Romney. […] Enfin, un superbe spécimen de notre fabrique de faïences Saint-Porchaire, dont on sait la beauté et la rareté des productions, fut payé 95.000 francs.

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